Levin en cubi Les cubis et autres Bag-in-a-box sont merveilleux pour consommer du vin régulièrement sans que le vin perde de ses caractéristiques. La poche empêche que l’oxygène entre en contact avec le
Lesc rèmes solaires possèdent quasiment toutes le logo indiquant combien de temps après l’ouverture le produit doit être jeté. Pour les crèmes solaires, quelle que soit la marque, cette
Laréponse de notre expert. L’idéal est de consommer la totalité du petit pot au même repas. Cependant la conservation d’un petit pot ouvert au réfrigérateur ne devrait pas dépasser 24 heures, et ceci ne devrait pas être habituel. Si vous vous attendez à ce que le petit pot ne soit pas consommé en entier:
Vouspouvez un cubi de vin conserver non ouverts pendant 4 6 mois pour les rouges, Jean-Franois Pige. Que boire avec des sushis. Une bouche expressive fruite et fraiche. Parking park fly charleroi garde le vin temprature avec sa double paroi et sa pochette rfrigrante. Aujourd'hui, vritable succs commercial de l't. Le vin en cubi : une conservation possible pendant 4 mois.
Toutcomme le cubi de vin rouge, le cubi de rosé peut se conserver jusqu’à 8 mois lorsqu'il n’a pas été ouvert. Ensuite, après l’ouverture, le rosé pourra être dégusté pendant 4 à 6 semaines (contrairement au rosé en bouteille qui lui, doit être bu dans les 3 à 4 jours maximum pour conserver tous ses arômes).
LaBibliothèque de Genève déploie sur 4 sites un patrimoine écrit, imprimé, musical et iconographique unique qu’elle sélectionne, protège, valorise et transmet au grand public comme au public scientifique. Site internet de la Bibliothèque de Genève ; Les Bibliothèques municipales sont des lieux de rencontre, de découverte et de partage qui vous proposent de nombreux
k6qbGI. Comment conserver une bouteille de vin une fois ouverte ? Vous pouvez conserver une bouteille de vin rouge ouverte au réfrigérateur et la sortir quelques heures avant de la servir. S’il est possible de conserver une bouteille de vin rouge au réfrigérateur, certaines personnes préfèrent éviter cette solution. Nous vous recommandons de le stocker dans une pièce fraîche à l’abri de la lumière. Comment conserver une bouteille de vin entamée ? Un bon moyen de ralentir le processus pourrait être des bouchons spéciaux pour le stockage du vin mousseux, vendus dans les supermarchés, et spécialement conçus pour ne pas être distribués même sous pression. Couvercle spécial ou non, pas plus d’une journée de conservation pour les bulles, même au réfrigérateur. Est-ce que le vin ouvert Perime ? Une bouteille de vin rouge se conserve 3 à 5 jours après ouverture. … Selon Madeline, une fois ouvertes, les bouteilles peuvent être conservées au maximum trois à cinq jours. Au-delà , vous ne devriez pas le prendre – vous pouvez, ce n’est pas fatal, c’est juste pire et c’est embarrassant. Comment conserver du Macvin ? Conservation du vin Si vous possédez une cave à vin, gardez à l’esprit que l’humidité doit être comprise entre 70% et 75% et la température entre 10°C et 13° Macvin du Jura blanc peut se conserver en moyenne 5 à 10 ans . Quand boire un Macvin-du-jura ? Connu depuis le 14ème siècle, le Macvin est un vin à déguster à l’apéritif ou au dessert. Comment est fait le Macvin ? Connu depuis le XIVe siècle, le Macvin du Jura est obtenu à partir de jus de raisin non fermenté, le moût, auquel est ajouté un tiers de marc. Il est élevé au moins 10 mois en fûts de chêne et doit être présent entre 16° et 22° d’alcool pour obtenir l’AOC. Comment conserver le vin de paille ? A l’apéritif, le vin de paille peut être servi entre 8°C et 12° cave de service peut être conservée à une température comprise entre 14° et 16°C. Vous pouvez placer vos bouteilles dans le placard ou dans la pièce de rangement de la cuisine ou dans le placard. Un coin sombre est un endroit idéal pour une conservation optimale du vin. Les bouteilles doivent être protégées de la lumière. Les rayons UV peuvent dégrader le goût du vin. Comment préserver le vin ? Préfère une conservation dans l’obscurité totale, sans vibration, avec un taux d’humidité d’environ 75 % et une température de 13° C. Votre vin le plus prisé vous remerciera. Quelle température pour stocker du vin rouge ? Contrairement à la température de dégustation, tous les vins peuvent être conservés à la même température rouge, blanc, rosé, Champagne…. Cette température de vieillissement est de 12°C et doit être homogène dans toute la cave pour permettre à votre vin de vieillir à son apogée. Quel vin peut se garder 20 ans ? Si vous avez reçu une bonne bouteille de Bordeaux, comme Pauillac, Saint Estèphe, Margaux, vous pouvez la conserver 10 à 20 ans. Si Bordeaux excelle plus modestement, 5 ans maximum. En Bourgogne ou en Beaujolais, tout ce qui est générique durera 3 ou 4 ans. Un bon vin de Bourgogne peut se conserver 10 à 20 ans. Comment conserver une bouteille de vin blanc ouverte ? Pour assurer une bonne conservation du vin blanc après ouverture, il doit être conservé dans un endroit frais à l’abri de la lumière. Deux options s’offrent à vous cave à vin ou réfrigérateur. Conserver le vin blanc ouvert dans le réfrigérateur permet de réduire l’exposition à la lumière et aux basses températures. Comment savoir si un vin blanc ouvert est encore bon ? Pour les vins blancs, une couleur jaune aux reflets bruns indique une oxydation assez avancée et néfaste pour le vin. Concernant le vin rouge, si le liquide est acajou ou brun, cela indique que le vin est dans un état d’oxydation avancé et n’est pas forcément agréable à déguster. Comment utiliser vin trop vieux ? Tout d’abord, si le vin est périmé depuis peu de temps, vous pouvez l’utiliser comme sauce. A titre personnel, nous utilisons souvent un vin blanc un peu vieillot pour faire le risotto. Pour le vin rouge périmé, vous pouvez passer aux tagliatelles. Comment savoir si le vin a tourné ? Les raisins modifiés peuvent être identifiés visuellement par la couleur de leur pelure d’oignon ». et pour son goût madérien » qui produit une forte amertume.
MbG W p$m ĂŻ&- i s L'Ă / -U. ihg $%' ĂmĂfi WWW mm ȂS3P LA FRANCE AVANT ET DEPUIS LA RÉVOLUTION, Moyens d'y rĂ©tablir Vordre ; intĂ©rĂŞt des puiffances Ă ce rĂ©tablijsement. Par M. le Marquis de B*****. AoĂ»t J 7 9 3- n a w?, •/ĂŚ'aLTKN LA FRANCE AVANT ET DEPUIS LA RÉVOLUTION. Moyens d'y rĂ©tablir V ordre ; intĂ©rĂŞt des puis* fances Ă ce rĂ©tablissement. Les brillantes Ă©poques de la monar* chie Française , l’ensemble , la beautĂ© , la grandeur de ce royaume l’ont rendu l’objet de l’envie ; & le François , par la lĂ©gèretĂ© de son caraĂ©tere, tantĂ´t ivre de sa prospĂ©ritĂ© , tantĂ´t dĂ©clamant sans mesure contre un gouvernement dont il ne connoissoit pas les superbes ressorts, r i BudĂ©, l’homme le plus savant de son Ăìecle, faisoit dèsdors aux Français le reproche qu’ils n’ont cessĂ© de mĂ©riter depuis. Lisez , page 89, in PatidccĂas. In Patriâ suâ Galliperegrinari vidcntur , soli propè hominum rerum suarum ignari. A ij 4 a donnĂ© plus que tout autre peuple, dan* une erreur assez gĂ©nĂ©ralement rĂ©pandue. L’homme sent difficilement le bien-ĂŞtre que la patrie lui conserve ; c’est un bien. fait trop gĂ©nĂ©ral , pour ne pas trouver beaucoup d’indiffĂ©reras & encore plus d’in- grats. La frivolitĂ© est le principe de nos torts envers l’Etat*, par {'ignorance oĂą elle nous laisse, tant fur ce qu’Ăl fait pour nous, que fur fes droits & fur nos devoirs. NĂ©s dans le plus beau des royaumes , jouissant d’avantages vainement souhaitĂ©s par nos voisins ; nous-mĂŞmes avions autorisĂ© les autres nations Ă croire que la France languissait fous le joug d’un intolĂ©rable despotisme. En effet , que devoit penser {'habitant de l’Europe , lorsque sans ĂŞtre sorti de ses foyers, il lui tomboit dans les mains le livre d’un de nos habiles Ă©crivains qui, en parlant du royaume s’écrioit Quel spectacle affligeant que celui de phifeonomies esclaves de vingt - quatre millions d'ĂŞtres penfans ! quelle vie enfin , que celle qui rfofflt autre chose qu’un songe pĂ©nible y le rĂŞve dĂ©goĂ»tant dlune mort ? perpĂ©tuelle. Les gens sensĂ©s se disoient bien, que ces dĂ©clamations croient exagĂ©rĂ©es . mais ils ne pouvoient croire qu'u n pays dont on parloir ainsi , pĂ»t ĂŞtre celui oĂą, tout pesĂ© dans une juste balance , l’homme Ă©toit le plus heureux. L’opinion des calamitĂ©s auxquelles nous Ă©tions en proie, s’est soutenue long temps, parce qu’elle s’étayoit fur tous les spĂ©cieux sophismes rĂ©pandus dans les Ă©crits rĂ©volutionnaires; & parce que bien des gouvernemens , croyant avoir Ă punir la France de prĂ©tentions parfois excessives, on se prĂŞtoit volontiers Ă la satisfaction de paroĂ®tre juste, en saisissant les plus sĂ»rs moyens d’abaisser un trĂ´ne dont l’éclat blessa si fort la vue. L’état oĂąl’a rĂ©duit une horrible rĂ©volution , ne semble mĂŞme pas assez dĂ©sespĂ©rĂ© au grĂ© de ses envieux. Au milieu de si tristes dĂ©combres , on croit voir encore le germe de grandeur qui faifoit dire Ă S. GrĂ©goire Alitant la dignitĂ© royale ejl supĂ©rieure Ă la condition, des autres hommes , autant la dignitĂ© & les droits de la couronne de Aiij 6 France P Ă©lèvent au-dessus dt toutes les autres. Ah! qu’on cesse de nous jalouser, qu’on ne nous envie plus une prospĂ©ritĂ© dont les sources font taries pour des siĂ©cles, & peut-ĂŞtre dessĂ©chĂ©es Ă jamais ; mais que l’équitĂ© triomphe des prĂ©ventions qu’on eut contre notre ancien gouvernement ; que les hommes, qui savent remonter des effets aux causes, conviennent qu’il Ă©toit absurde de croire sans rĂ©serve aux vices reprochĂ©s Ă l’administra- tion de nos rois, lorsqu’on voit leur royaume s’être agrandi de toute part, & semblable Ă un puissant aima n , avoir attachĂ© Ă lui des provinces que d’autres potentats ne purent conserver. Qu’on suspende au moins sa critique sur les principes d’un gouvernement, fous lequel la France eut une population immense ; population qui , dans plusieurs provinces Ă©toit dispropor- tionnĂ©e avec l’étendue du territoire, & l'on dira comme l'Auteur du contrat social Toute chose d''ailleurs Ă©gale, le gouvernement fous lequel les citoyens peuplent & se multiplient davantage , ejl infailliblement le meilleur. Or, { ? 1 nos plus terribles dĂ©tracteurs ont mille fois rĂ©pĂ©tĂ© , que la France avoit vĂ®ngt-fix millions d’hommes. Ou’on se rappelle & qu’on apprenne Ă quel point l’agriculture & les arts florissoient, lorsque dans les annĂ©es de paix, l’affluence & la dĂ©pense des Ă©trangers, dĂ©dommagement en grande partie des frais de la guerre ; enfin , lorsqu’au moment de la rĂ©volution tous les ports offroient des signes non Ă©quivoques du commerce le plus Ă©tendu & le plus lucratif. Nous savons bien qu’en parlant de la prospĂ©ritĂ© du commerce , nous trouverons des personnes qui s’eflbrcent depuis long-temps de prouver, que notre industrie trop excitĂ©e , est un malheur pour la nation il est de mode, de reprocher au grand Colbert la multiplicitĂ© de ces manufactures , autour desquelles se dĂ©velopperont des richesses d’agriculture, dans des contrĂ©es bien nĂ©gligĂ©es auparavant. Nous savons qu’un apĂ´tre des Ă©conomistes a dit La France pojsede Us denrĂ©es de nĂ©cessitĂ© , & avec La plus heureuse stuatlon pour les dĂŻsrĂŻhiier. Toutes les nations pou- A iy t ! t Volent ĂŞtre dans fa dĂ©pendance ; M. de Col- berr La mit dans celle de toutes. IL prodigua les riches es & les rĂ©compenses , pour Ă©lever & maintenir des manufactures fafueufes ;il n a- yoit pas les matières premieres ; il en provoqua r importation de toutes fes forces , & prohiba l'exportation de celles du pays , c’étoit faire un traitĂ© tout Ă t avantage des Ă©trangers . Quand des vainqueurs auroient dictĂ© ces conditions , elles ri auroient pas Ă©tĂ© plus dures Ă celui qui les auroìt reçues. Voici encore une de ces dĂ©cisions tranchantes, Ă Jaquelle il faut croire fans examen , & fur la parole du grand homme qui la profĂ©ra. On pourroit demander cependant , si depuis M. Colbert, notre population a diminuĂ© , si notre agriculture ne s'elì pas de beaucoup amĂ©liorĂ©e, fi nos vins ont cessĂ© d’être bus dans toutes les parties du monde, si leur culture & leur exportation ne fe font pas accrues , fi ce que nous avons tirĂ© de foie du dehors , peut entrer en, balance avec les profits des Ă©toffes vendues Ă l’étranger, I 9 i fi la laine achetĂ©e Ă l’Espagre nous a fait sortir autant de numĂ©raire que celui qu’a fait entrer en France la vente denos draps ; si ce ne font pas prĂ©cisĂ©ment nos manufactures de luxe qui nous ont permis de lever des tributs considĂ©rables & annuels,fur tous les peuples qui nous avoi- Ăinent, ainsi que fur ceux qui font , quant Ă nous , aux extrĂ©mitĂ©s de l’Europe. 2 r A la mort du rĂ©gent, après le système il ne restoit que 668 millions d’or ou d’argent mon- noyĂ© ; Ă la mort de Louis XV, il circuloit su moins 1800 millions d’argent monnoyĂ©. Ainsi le commerce seul gagna sous savant dernier rĂ©gnĂ© un milliard 1J2 millions. 2 M. Colbert fit en grand, & suivant les circonstances, ce que Louis XI avoit Ă©tĂ© louĂ© d’avoir entrepris. Après avoir dit de ce roi tout ce que malheureusement il y eĂ»t Ă en dire, nous lisons le passage qui fuit CĂ II faut nĂ©anmoins ,, lui rendre la justice, de convenir qu’il avoit „ d’excellentes vues politiques. II est en effet le „ premier denos rois, après Charlemagne , qui „ ait jugĂ© le commerce & l’industrie dignes de 3, son attention. Voyant que les manufactures On pourroit pousser plus loin cet examen , mais notre objet n’est pas de donner un ouvrage fur les produits de l’in- dustrie. Nous n’examinerons pas davantage jusqu’à quel point ont Ă©tĂ© fondĂ©es les rĂ©clamations contre le traitĂ© de commerce entre la France & T Angleterre i ; il fut conclu dans un temps, oĂą dĂ©jĂ l’un des moyens le plus fĂąr de fe crĂ©er une rĂ©putation , & mĂŞme d’arriver aux grandes places, Ă©toit de blâmer tout, abfolu- „ Ă©trangères atdroient l’argent du royaume fans 5, retour, il appella des ouvriers de Grece & „ d’Italie en France , pour y fabriquer des Ă©toffes „ prĂ©cieuses ; & pour les y fixer & les encourager ,, au travail, il les exempta de tous droits & -, impĂ´ts, ainsi que les Français qui fe forme- ,, rent fous eux. „ Art de vĂ©rifier les dates, tome premier, page 624. 1 Le traitĂ© avec l’Angleterre, tour-Ă -tourfi vantĂ© & fi critiquĂ© , fit Ă©changer les productions de notre fol, que personne ne pouvoit nous enlever, avec Ă®es productions des arts que notre industrie pouvoit conquĂ©rir. La vie de Louis XVI, par M. de Limon, page ĂŻĂŻ ment tout ce que faisait le gouvernement i . Ce qu’il y a de certain , c’est qu’à l’instant oĂą l’on assembla les Etats- GĂ©nĂ©rauy., Marseille jouifĂoit des Ă©normes produits, tirĂ©s principalement du Levant; tandis que les Anglais, engagĂ©s dans leur guerre avec l’AmĂ©rique , s’étoient vus forcĂ©s d’interrompre leur navigation dans la MĂ©diterranĂ©e. Huit cents vaisseaux alors couvroient la riviere de .Bordeaux; une nouvelle-ville, plus considĂ©rable que l’an- cienne s’éievoit Ă Nantes ; celle-ci prou- voit, par fa magnificence , la prodigieuse somme d’argent que le commerce de cette citĂ© avoit Ă dĂ©penser. La Rochelle, dĂ©jĂ fort relevĂ©e du tort qu’avoit fait Ă sou trafic de pelleteries la perte du Canada , ne prĂ©sentoit pas un aspect moins satisfaisant. En suivant toute la cĂ´te, jusqu’à Dun- i Bien des gens fans vertus & fans talens , croient en criant contre leur siecle & contre leur gouvernement, s’excul'er du moins Ă leurs yeux de leurs vices & de leur incapacitĂ©. T2 kerque, on voyoit par-tout des vaisseaux aborder, vivisierles places de J’Orient & de 8. Malo, Grand-ville Ă©toitplus que jamais une abondante pĂ©pinière de matelots. Cherbourg devenoitune place importante. Les nĂ©gocians du Havre bâtissoient une nouvelle ville, parce que l’ancienne ne fiiffisoit plus pour les loger , & pour emmagasiner les riches produits de leurs spĂ©culations. D’imqnenscs travaux bien combinĂ©s , rendoient Dieppe le portĂ -plus accessible , -te-plus commode &fe-plus vaste. Rouen , Paris & Lyon saisissent de grandes affaires avec toute l’Europe. Lisbonne payoit annuellement Ă la ville de Rheims plus de quinze cents mille livres'tournois pour une simple Ă©toffe de laine , nommĂ©e Bayitte. OrlĂ©ans , en vingt ans, avoit doublĂ© d’industrie , & fa population s’é- toit fort accrue. Amboife commençoit Ă travailler l’acier presqu’aussì bien qu’il se fabrique Ă Birmingham, & les ouvriers des Quinze - Vingt Ă Paris, surpassaient en ce genre tout ce qui s’étoit fait de plus 13 beau Ă Londres i . La verrerie de S, Louis en Lorraine , & du Montcenis en Bourgogne , opĂ©roient avec une adresse Ă©gale Ă celle de Stourbridge 2. Enfin , de tous cĂ´tĂ©s l’industrie Ă©toit en activitĂ© , Ă la mĂŞme Ă©poque oĂą l’on se dĂ©chaĂ®noit contre un traitĂ© qui devoit avoir portĂ© un coup mortel Ă notre commerce. MM, Holkers employoient, tant Ă Rouen que dans les environs , quinze mille personnes Ă la fabrique des cotonnades 3 . Les 1 Ce faitĂĂĂrĂ©voquĂ© en doute, parce que rĂ©tablissement des Quinze-Vingt n’étoit que dans fa naissance. Le maĂ®tre ouvrier fut long - temps abligĂ© de donner ses ouvrages comme fabriquĂ©s en Angleterre , fans quoi on ne les eĂ»t pas achetĂ©s ; mais on reconnut que la plus belle Ă©pĂ©e qui eut jamais paru, Ă©pĂ©e crue anglaise par les Anglais les plus connoisseurs, avoit Ă©tĂ© faite & achevĂ©e de tout point aux Quinze-Vingt. 2 Ville du comtĂ© de Worcester en Angleterre. 3 Ces manufactures de coton rachetèrent Ă bas prix des Anglais, les cotons que ceux-ci furent forcĂ©s de vendre , & qu’iis avoient acca- C 14 cazimirs les plus fins, les meilleurs, se travailloient anx Andelis 1 . Le moulin Ă coton de Louviers , Ă©galoit en beautĂ© Sc en utilitĂ© de mĂ©chanisme, tout ce qui se voit de mieux dans ce genre Ă Manchester , Ă Broomsgrove & dans d'atitres parties de l’Angleterre. En 1788 , la foire de Guibray avoit Ă©tĂ© plus florissante que jamais, & la balance de ses ventes portĂ©e Ă un million au-delĂ du dĂ©bit ordinaire. 2 Il s’en falloit de beaucoup , cju’à la mĂŞme Ă©poque , Je commerce de la parĂ©s Ă un taux fort haut Ă Lisbonne, croyant par lĂ faire tomber ce genre d’industrie en France ; cette spĂ©culation , qui tourna Ă notre profit, causa alors d’énormes banqueroutes en Angleterre. 1 Chez Messieurs FlavĂ®gni. 2 MalgrĂ© tout ce qu’on Ă©crivit contre le rĂ©tablissement de la compagnie des Indes, fous le rĂ©gnĂ© de Louis XVI, il partit nombre de couriers de Paris , pour annoncer Ă Londres , comme une victoire pour l’Angleterre , le dĂ©cret de PAssern- blĂ©e Nationale qui supprima cette compagnie. ĂŻ-f Grande-Bretagne vit sa prospĂ©ritĂ© rĂ©pandue aussi Ă©galement sur la surface des trois royaumes. Bristol diminuoit Ă mesure que LĂ®- verpool s'agrandissent. Newkastel & Glaskow se plaignoient hautement & aVec grande raison de leur dĂ©cadence. Deux villes se bâtissoient en Irlande, l’une auprès de Waterfort , l’autre Ă quelques lieues de Dublin. On espĂ©roit tant de ce second Ă©tablissement, que son fondateur le nomma prospĂ©rĂ© ; mais les habitans ne tarderent pas Ă l’abandon- ner , faute de pouvoir s’y soutenir; & jamais ce qui a Ă©tĂ© construit auprès de Waterfort, n’a Ă©tĂ© occupĂ© parles Genevois qu’on devoit y placer. Ges faits, observĂ©s fur les lieux mĂŞmes, font rapportĂ©s ici fans nulle prĂ©vention. Ils n’affoiblissent en rien la juste admiration que mĂ©rite, dans l’en. semble de son administration , le ministère anglois. Alors on fouffroit encore de la sĂ©paration des colonies, alors l’An- gleterre Ă©toit rĂ©duite au point qu’il avoit 16 Ă©tĂ© dit peu de temps avant dans la chambre des Pairs 11 ne nous refle pas mĂŞme l'efpoir de voir la dette nationale se borner au point qui touche immĂ©diatement la banqueroute forcĂ©e i . Mais la nation , au lieu d’aggraver par des folies , le mal qui venoit d’arriver Ă la mere- patrie, re- jetta tout ce qu’il y avoit d’âcrefĂ© dans les reproches de l’OppoĂition. Qn ne fit pas aux ministres un crime des fautes que les plus grands hommes commirent fonvent. On sentit que le plus sĂ»r moyen de hâter le retour de la prospĂ©ritĂ© , Ă©toit dans une union intime entre le souverain & son peuple. A partir de cette Ă©poque } l’Angleterre s’éleva rapidement Ă la splendeur qui assure Ă la fois le bonheur de cette gĂ©nĂ©reuse nation, & la gloire du cabinet de St. James. La France, dans le traitĂ© de paix de 1783 , s’étoit mĂ©nagĂ©e des conditions i Voyez la rĂ©ponse de lord Schelbufn aiĂ discours du roi d’Angleterre, en 1781. clic Ă n Conditions utiles & honorifiques i ; au dehors eìleĂ©toit considĂ©rĂ©e ,elle avoit au- dedans d’imtnenses ressources pour rĂ©tablir l’ordre dans ses finances 2. MalgrĂ© 1 Elles eussent pu ĂŞtre meilleures encore j k en juger par ce qu’un ministre Britannique dit en 1785, pour se justifier d’avoir fait la paix Ă la suite du triste exposĂ© de la situation oĂą se trouvoit l’Angleterre, il termina son discours par ces mots bien remarquables. “ Je jure fur mon honneur, qu’à la vue de toutes cesconsi- j, dĂ©rations, j’ai Ă©tĂ© plus de huit jours fans dor- jj mir, & je poursuis dire, fans presque prendre 3, de nourriture, tant j’attendois avec impatience Ă, Y ultimatum que j’avois envoyĂ© en France, j, tant je craignois qu’il ne fut pas adoptĂ©, Sc j, que le conseil de Versailles , instruit comme 33 nous de notre situation critique dans l’Inde, 33 ne rompit toute nĂ©gociation, ou du moins j, n’étabiit des prĂ©tentions exhorbitantes. Qui 33 me reprochera donc Ă prĂ©sent què le secret de 5, TĂ©tât est divulguĂ© , de rn’être trop pressĂ© Ă Ă, faire la paix „ ? 2 Si Ton nĂłus accuse d’exagĂ©ration dans ce qui vient d’être tracĂ© fur TĂ©tât oĂą Ă©toit la France B 18 cela, c’étoit Ă qui rĂ©pĂ©teroit que le royaume Ă©toit perdu , si l’on ne se pres- avant la rĂ©volution ,nous pouvons rĂ©pondre, que notre maniĂ©rĂ© de voir est celle de bien des gens ĂĂ ges. Voici comme s’exprimoit en 1789 un Ă©crivain estimable. K L’état de la France n* j, pouvoit se comparer Ă celui oĂą elle se trouvera a, Ă l’époque du rĂ©tablissement de l’autoritĂ© 33 royale. ,, Toutes les parties del’administration Ă©toient j, rĂ©glĂ©es par des loix sages, ou par „ copstans. Celles-lĂ mĂŞme oĂą l’opinion pu- 33 blique indiquoic des rĂ©formes, pouvoĂent ĂŞtre „ regardĂ©es comme des Ă©tablissemens provisoires, 3, qui permettoient d’attendre, fans de grands ,, inconvĂ©niens , les amĂ©liorations dĂ©sirĂ©es. Les „ impĂ´ts Ă©toient forts, Ă la vĂ©ritĂ©, mais rĂ©gu- „ liĂ©rementperqus. Ils ont Ă©tĂ© accrus d’une ma- 3, niere effrayante, & le contribuable est Ă©crasĂ©. 3, Le peuple Ă©toit tranquille & sans armes ; il 3, honorait la religion & ses ministres ; il chĂ©rissoit „ .& respectoit son roi, une excellente police j, veilloit pour sa sĂ»retĂ©, la justice lui,Ă©toit dis- , 3> tribuĂ©e avec plus d’impartiaĂitĂ© & de promp- „ titude, Ă moins de frais que dans aucun autre „ Ă©tat de l’Europe. Les crimes y Ă©toient rares, i9 soit pas fie le rĂ©gĂ©nĂ©rer, en lui donnant une constitution. On s’obstina Ă n’attrl- buer qu’au bazard la belle organisation d’une machine qui marchoit fi majestueusement depuis tant de siĂ©cles. Dire qiĂun ,, en comparaison des pays dont on exalte le „ gouvernement. Four s’en assurer, il suffit de „ comparer le nombre des jugemens Ă mort des j, assises d’Angleterre, avec ceux rendus par les „ cours supĂ©rieures de France. L’agriculture, le 3, commerce , les manufactures y florissoient par- 33 tout , signe certain de l’aisance universelle. 3, On bâdssoit, on dĂ©frichoit ; le peuple Ă©toit „ mieux vĂŞtu , mieux nourri que jamais ; les arts „ d’agrĂ©ment, une certaine Ă©lĂ©gance de mĹ“urs , ,3 l’amĂ©nitĂ© & la gaietĂ© deshabitans, indice fur ,3 de leur contentement, appelloienc de toutes ,3 parts dans le royaume les Ă©trangers, qui ne le 3, quittoient qu’à regret. Une armĂ©e nombreuse 33 brave & disciplinĂ©e, une marine plus formi- 33 dable qu’elle n’avoit jamais Ă©tĂ©, dĂ©fendoient „ l’Etat. Des alliances puissantes ajoutoient en- 33 core Ă fa force & Ă fa considĂ©ration. Essai fur 3, les deux dĂ©clarations du roi faites le 23 juin » i?8y, page 34 & JĂ®- ib empire qui subsfĂŻe depuis plus de treize cetĂ®ts ans , & qui a toujours Ă©tĂ© croijfant en ri. chejses & en gloire , n'a pas de confĂ®itution ; des cruellement faire la critique de ceux qui en ont & la condamnation des personnes qui veulent lui en donner une i . Mais tout raisonnement Ă©toit Ă©touffĂ© par les cris de la moderne philosophie. II Ă©toit gravĂ© dans les arrĂŞts d’un funeste destin que les rĂŞves de cette philosophie parviendraient Ă dĂ©truire de fond en comble les monumens de la sagesse de nos ancĂŞtres. Des ministres pervers engagefent les gens de lettres Ă se livrer aux brĂ»lans transports de leur imagination. Sans doute que plusieurs d’entre’ux furent abusĂ©s par le dĂ©sir d’être utiles* Ă leur patrie;mais les autres, orgueilleux, atrabilaires , furieux depuis si long-temps i Lettre Ă M. le comte de Lally, par un gentilhomme français, publiĂ©e en fĂ©vrier dernier. Lettre qui ne iauroit ĂŞtre trop lue, trop connue t '.rop mĂ©ditĂ©e. { - r } que les productions de leurs plumes ne leur eussent valu, ni les rĂ©compenses dĂ©cernĂ©es aux dĂ©fenseurs de l’Etat, ni les dĂ©corations rĂ©servĂ©es aux grands services, ne virent plus d’autre bonheur pour eux que dans ^anĂ©antissement de tout ce qui blessoit. leur vanitĂ©. L’un fous le titre d’orateur aux Etats-GĂ©nĂ©raux , publia, avant leur rassemblement, un ouvrage dans lequel il dit en parlant du roi Sommes votre dĂ©lègue de vous rendre compte de fa conduite ...... La cour croĂ®t - elle que le crime atroce de leçe - majefle nationale , au premier chef , fe punifle par le repos & les douceurs d'une vie molle & voluptueuse ? La fin de cet ouvrage n’est pas moins remarquable dans l’endroit oĂą son auteur enjoint Ă la nation cc de changer „ toute la constitution civile & politique, ajoutant „ Que fi elle conserve le monarque, elle doit le mettre dans l'impossibilitĂ© absolue de faire le mal , ou de le laisser faire. Dans le mĂŞme moment on autorisa le dĂ©bit du livre , i oĂą l’abbĂ© de Mably i Lebel, libraire, exposoit ce livre au pied B iij 2 ± dit Ne laissons fubjìfĂ®er aucune magifra- ture hĂ©rĂ©ditaire. Quand une nation fera parvenue au but que l'Angeterre doit aujourd'hui se proposer, qui empĂŞchera qu a l'exemple des anciens Romains , elle ne supprime mĂŞme jusqu au nom de roi? Voye{ ce qui Je passe sous nos yeux. Un toi de Suede gĂ©mit de fa condition , & Je croĂ®t le plus malheureux des hommes, parce qu'il nef pas aufp puissant qu un roi d'Angleterre. Celui - ci pense qu'on lui a fait une injuf ice criante , de ne pas le laifer defpotiser comme un roi de France, qui imagine Ă Jbn tour qu'il n'y a de vraiment grand , de vraimant puissant, qu!un roi de Maroc , qui n'a qu'Ă vouloir pour ĂŞtre obĂ©i ; & qui , sans craindre une rĂ©volte, du grand escalier de Versailles. M. de Villedeuil secretaire d’Etat , lui en fit dĂ©fendre la vente; deux jours après il le reproduisit avec l’autori- sation d un ministre, dont malheureusement la volontĂ© n’étoit que trop prĂ©pondĂ©rante, au moment oĂą les Etats - GĂ©nĂ©raux s’assemblerent. primò prudentes , dein vulgum , diutijjimè pro- vindasfefdlit. Taxite. { SZ coupe en s 1 amusant des tĂŞtes, pour montrer son adresse. SĂ»rement aucuns de nos rois n'ont enviĂ© le fort d u roi de Maroc, pas mĂŞme celui du sultan de Constantinople. Mais c’étoit avec ces exagĂ©rations, toujours insultantes & criminelles, que nos Ă©crivains abusèrent de la crĂ©dulitĂ© de leurs lecteurs. Ils peignirent des couleurs les plus rembrunies, des abus qu’il Ăalloit fans doute corriger. Ils se gardèrent bien de prĂ©senter ces abus comme les chenilles qui attaquent un bel arbre. II souffre pendant une saison; mieux soignĂ© TannĂ©e d’ensuite , il reprend toute la fraĂ®cheur de sa verdure. L’esprit de vertige qui s’étoit emparĂ© de la nation atteignit nĂ©cessairement ses reprĂ©sentans aux Etats-GĂ©nĂ©raux. j, Et pour comble de maux apporta dans la France j. Des harangueurs du temps l’exĂ©crable Ă©loquence. Le ton de la sociĂ©tĂ© devint celui des dĂ©putĂ©s ; en vain quelques hommes Ă©clairĂ©s s’efforcerent - ils de conserver les droits F iv l 24 de la raison; en vain tentèrent-ils d’en- gager Ă rĂ©parer l’édifice sans le dĂ©truire , bientĂ´t on put appliquer Ă l’AssemblĂ©e Nationale ce qu’Anacharsis disoit des AthĂ©niens Qu'il ne pouvoit ajjse^ s'Ă©tonner de voir que dans leurs dĂ©libĂ©rations , cĂ©toient les sages qui parloìent , & les fous qui dĂ©ci~ doient. BientĂ´t auffi ces fous mirent au jour une constitution qui dĂ©sorganisa en-Ă® tiĂ©rement la France, & qui substitua l'a- narchie Ă sordre. On vit tout auffi promptement le souffle empoisonnĂ© du jacobinisme culbuter d’absurdes conceptions. Gette seconde rĂ©volution renversa toutes les idĂ©es des personnes qui s’obs- tinoient Ă croire que la nation Ă©toit fort attachĂ©e Ă cette constitution. Sans doute fut-on obligĂ© de reconnoĂ®tre son inconsis- tence, lorsqu’on vit avec quelle facilitĂ© ses ennemis Ă©toient parvenus Ă l’anĂ©antir. Cependant bien des gens n’en persistèrent pas moins dans la pensĂ©e qu’il salloit tirer de cet informe ouvrage, les matĂ©riaux propres Ă fabriquer une constitution plus passable ; constitution qui s’a- Ă 25 da’ptant, autant qu’il seroit possible, Ă la situation des esprits , ne choquât pas trop les idĂ©es d’un peuple qu’on supposoit ra- foĂĂant de la libertĂ© ; constitution qui rendit au roi de France assez d’autoritĂ©, ou assez d’apparence d’autoritĂ© pour qu’il put ĂŞtre replacĂ© dĂ©cemment furie trĂ´ne 1 . Ici encore l’ancienne jalousie faisoit- 1 On lit dans une lettre d’une grande cour, adressĂ©e aux principaux souverains en juillet 1791. “ Qu’il falloit toutefois laisser les voies „ ouvertes Ă rĂ©tablissement pacifique d’un Ă©tat 3 , de choses en France , qui sauvât du moins la 3, dignitĂ© de la couronne , & les considĂ©rations 33 essentielles de la tranquillitĂ© gĂ©nĂ©rale. „ Ce fut la connoissance des termes moyens vers lesquels on voyoit pencher quelques cabinets, qui enhardit les factieux, qui leur fit concevoir le projet de renverser tous les trĂ´nes del’Eurppe, qui leur fit commettre le plus affreux des crimes. Lorsque les souverains s’enlevent l’un Ă l’autrp des provinces , ils font quelquefois un faux calcul , mais lorsqu’ils font indisscrens sur la dignitĂ© d’une autre couronne, ils ne se disent pas assez combien ils exposent la sĂ»retĂ© de la leur. 26 desirer de voir ce royaume aux prises avec une charte qui y perpĂ©tuât fagita- tion, & qui laissât aux autres puissances la libertĂ© de se consolider Ă mesure que la France s’affoibliroit & se ruineroit. Le petit nombre de personnes qui, pour le bien de l’humanitĂ© , souhaitoit un juste Ă©quilibre entre le pouvoir des souverains & le degrĂ© de libertĂ© qu’il convient qu’aient les sujets , Ă©toient plus d’accord fur le vĹ“u d une constitution pour la France , que fur les moyens de la rendre bonne, & de la faire agrĂ©er. Lorsque les habitans des âpres montagnes de la Suisse se divisoient au point de vouloir se combattre , lorsque la discorde fatale croyoit avoir atteint son but, un vieillard respectable descendit d’un rocher ; Nicolas de FluĂ© se prĂ©sente au milieu de ses concitoyens ; il parle, & puissant comme l’Éterne] qui l’inspiroit, il calme les ressentimens, il fait couler des larmes ; la tendre fraternitĂ© reprend tout son empire , & la paix est l’ouvrage d’un homme vertueux. Mais il avoit Ă 27 } parler Ă des hommes simples, Ă des hommes pauvres , Ă des hommes qui n’avoient pas Ă©tĂ© pervertis. Aujourd’hui Nicolas de FluĂ« crieroit dans le dĂ©sert. Nous ne voyons que trop Ă quel point il est aisĂ© de porter nos contemporains au mal , combien il est difficile dc leur rendre les vertus qui feroient leur bonheur, & combien, ainsi que l’a dit Bossuet, " ils vont s’enfoncant dans l'iniquitĂ© Quel est l’orateur qui, se prĂ©sentant Ă une assemblĂ©e souillĂ©e de tous les genres de cette iniquitĂ©, oseroit se flatter de la faire revenir sur sbs pas ? Quel seroit le ThaĂŻes dont les apologues ingĂ©nieux parviendroient Ă suspendre les cris fĂ©roces de ces tribunes, oĂą des monstres soldĂ©s n’appuyent que les opinions les plus barbares ? Quel seroit le souverain qui se respeĂ©teroit assez peu pour traiter avec les meurtriers d’un roi'? Enfin, quel seroit le code assez sublime pour servir de loi Ă quarante-quatre mille municipalitĂ©s, qui s’emparent impunĂ©ment des droits de 28 la plus arbitraire souverainetĂ© , Ă 8c qui ne sont contrariĂ©es qu’autant que quel- i Au mois de nrars 1790, M. Desmeunier traita d’inĂìnuations injurieuses les observations faites par M. de Cazalès fur ce qu’ìì falloit donner dc la force au pouvoir exĂ©cutif , & fur le danger de charger les municipalitĂ©s de l’excrácc de ce pouvoir. On cria bien davantage encore lorsque , dans la mĂŞme sĂ©ance , M. de Montlaufier dit, que les plans proposĂ©s invejìiroicnt des corporations de toute la force publique ; qu’on verrait fe 1 enouveller l’exemple de ces anciens maires du palais , qui f ais oient, tout en tenant les rois renfermĂ©s dans leurs palais ,• que le monarque ne feroit plus qu'un membre paras te placĂ© en- dehors de la constitution , une vraie superfĂ©tar tion politique. M. Neker a depuis suivi la mĂŞme idĂ©e, lorf- qu'il demande fie fgnifie le titre d'un reprĂ©sentant hĂ©rĂ©ditaire de la nation , s’il ne doit plus la reprĂ©senter au moment oĂą l’on traitera des sacrifices qu’on exigera d'elle? A-t-on pris garde , ajoute-t-il , que dans un royaume appelle Ă payer cinq ou fìx cents millions , une si vaste contribution couvre tout , environne tout,, U saisit les hommes & les choses par une infi - 29 ì ques-unes d’entr’elles semblent vouloir rentrer par moment dans les sentiers de la justice? Quel seroit le pouvoir exĂ©cutif qui, par la seule persuasion , rĂ©prime- roit la licence de ces horribles clubs, oĂą les motions les plus inhumaines font les plus applaudies? Une cruelle expĂ©rience a suffisamment dĂ©montrĂ© que , pour le bonheur du monde, les souverains doivent plus que jamais se resaisir de la prĂ©tendue majestĂ© du peuple. i Dans tous nitc de rapports connus U inconnus , & fous l’ancien rĂ©gime , ne payoient que 18000 L., fe virent obligĂ©es de payer 40000 L., & au-delĂ , fans compter les dons prĂ©tendus patriotiques. 39 1 mort, sans qu’elle serve en rien au bien de leur patrie; qui leur donnent tous les peuples de l'Europe pour ennemis; qui, lorsqu’il a Ă©tĂ© question de priver Louis XVI du trĂ´ne & de la vie, ont dĂ©clarĂ© que c’étoit vm crime de leze-nation que de la consulter sur le sort de son souverain , que de laisser Ă cette nation la libertĂ© de repousser avec horreur une dĂ©cision qui la couvre d’un Ă©ternel opprobre ? On apperçoit au milieu des forfaits dont ces scĂ©lĂ©rats ont rendu le peuple complice , que s'ils ne le retendent pas dans une continuelle crainte, il se seroit plus d’une fois affranchi de leur joug» DĂ©jĂ lorsqu’il peut Ă©chapper Ă la surveillance , il Ă©coute attentivement ceux qui disent , comme Solon aux AthĂ©niens „ C’est vous-mĂŞmes qui avez Ă©levĂ© vos „ tyrans, en leur donnant des gardes , „ en vous armant peur Ă©tablir leur ty- „ rannie , & c’est ce qui vous a fait tom- „ ber dans cet esclavage si honteux. „ II ne suffit pas d’ordonner Ă un peu- „ pie d’être libre, pour qu’il le soit; il C iv l 4 ° » saut changer dans les citoyens la ma» » niere de voir , de sentir, de penser , cm n leurs anciens prĂ©jugĂ©s triompheront de s, tout ce qu’on fera pour les combattre. 33 Si quelques lĂ©gislateurs ont rĂ©ussi Ă 33 affermir un gouvernement libre en 33 wème - temps qu'rls l’ont Ă©tabli , ils ne „ donnoient fans doute des loix qu’à une 33 poignĂ©e d’hommes renfermĂ©e dans une 33 mĂŞme ville. „ i Avant de prĂ©tendre Ă la confiance des peuples , ils eurent ou affectèrent les sen- timens d’une faine morale ; ils ne tentèrent pas d’établir leurs systèmes , en annihilant tous principes religieux. La raison seule & futilitĂ© n’auroient pu faire adopter les rĂ©glemens de Minos, de Zoroas- tre , de Seleucus., de TriptolĂŞme & de Numa , s’ils ne se fussent pas prĂ©sentĂ©s aux nations comme les organes de la DivinitĂ© 2. Au contraire , des insensĂ©s 1 Mably Observations fur shisioire de France, tome II, page 122. Çz Mai non f u alcuno ordinatore di leggi 4 * fe sont eleves parmi no'us, clans une de ces Ă©poques fatales , oĂą las de notre repos, nous voulions des nouveautĂ©s. On defiroit de voir changer la face du gouvernement, non dans la vue d’établir une Ă©galitĂ© chimĂ©rique , mais dans l'ef- pĂ©rance que des changemens mettroient chacun au - dessus de son adversaire. Ă‚insique cela s’étoit vu souvent, !e Français confondant la licence la plus extrĂŞme avec la libertĂ© , crut qu’il feroittoujours libre , parce qu’on-ne vouloir pas le rĂ©primer. Mais s’il existe peu de nations qui fe soient plus distinguĂ©es par fa bravoure , par fa bouillante ardeur, par son Ă©tonnante intrĂ©piditĂ© , on n'en connoĂ®t pas qui passe plus aisĂ©ment de la confiance Jìraordinarie iti un popolo , che non ricorrcjsc a Dio , perche , altrimcnti, non sarrebero uccet- tate ; perche sono molti bĂ©ni conojciuti da uno prudente , iquali non hanno in Jc raggioni evi- denti da poter-glì persuadere ad alu ni, Dis- corjì di machiavcl fopra Lib, i , cap. XI, s 42 ; LU dĂ©couragement , de la fureur Ă la consternation. C’est en vain que les factieux ont cru fur la pĂ©rilleuse parole d une ambition déçue que Lorsqu on emploie la monnoie des illusions , on a des trĂ©sors inĂ©puisables 1 . C’est en vain qu’ils entassent ruses fur ruses, pour prolonger fivresse de ce malheureux peuple. Ses pertes se multiplient trop pour qu’il ne finisse pas par les sentir. Le prĂ©sident HĂ©nault en parlant des calamitĂ©s qu’éprouva la France , après l’introduction des grands fiefs , dit Le caractère des Français demandoit , pour leur bonheur , qu ils fujfent gouvernĂ©s par un seul, 11 Ă©toit donc nĂ©cessite de les ramener Ă ces temps heureux oĂą ils n'avoiene qu' un maĂ®tre , au lieu de les laisser sc dĂ©truire par un amour dlindĂ©pendance dont ils n apperce- voient pas les fuites. Ils ont plus besoin que jamais qu’on les retire du prĂ©cipice dans lequel leur aveuglement les a jetĂ©s ; & st 1 Du pouvoir exĂ©cutif dans les grands Etats, page j41, 43 1 l’on s’y prend bien , ils bĂ©niront bientĂ´t ceux qui les obligeront Ă rentrer fous un pouvoir qu’ils aimoient. Qu’allons-nous devenir ? C’est ce que chaque Français tant soit peu sensĂ© demande Ă demi-voix Ă son voisin. Peu de personnes osent rĂ©pondre ce qu’elles pensent; mais les insurrections royalistes prouvent cependant qu’il en est qui disent r “ Sauvons le „ vaisseau du naufrage ; chassons du ti- „ mon des pilotes coupables de tant de » mauvaises manĹ“uvres ; que chacun „ travaille Ă regagner le port dont nous „ sommes sortis avec tant d’impruden- 33 ce au lieu d’aller chercher la chimĂ©- „ rique perfection d’une isle inconnue , ,, reprenons le chemin de nos maisons 3, paternelles ; le temps les avoit enfu- 33 mĂ©es , on peut les reblanchir, les re- 33 crĂ©pir fans les abattre. Instruits par les 33 malheurs qui viennent de fondre fur 33 nous , l’administration fera plus atten- 33 tive , le peuple moins exigeant, moins 33 inquiet; & s’il rĂ©flĂ©chit bien Ă ce qu’il ,3 vient d’avoir fous les yeux , fa frayeur 53 44 de tontes les nouveautĂ©s fera telle qu’on .u ne pourra plus lui en faire adopter le 33 trompeur appas. „ Dès que la sage conduite du gĂ©nĂ©ral JVlonk lui eut fait atteindre son but, dès que Charles II fut proclamĂ© , la noblesse ne fut pas moins satisfaite que le peuple. Celui- ci libre de toute contrainte fit Ă©clater une joie immodĂ©rĂ©e ; on le voyoit courrir ça & lĂ avec des transports incroyables ; & tel ctoit le nombre des royalistes , qu'on ne pouvait concevoir oh Ă©toient ces personnes qui avoient occasionne tant de troubles i . Nous verrons les mĂŞmes signes de satisfaction , accompagner en France le rĂ©tablissement de la royautĂ© & de toutes ses prĂ©rogatives. Les rĂ©voluteurs, pour mieux subjuguer le peuple , ont changĂ© tout ce qui existoit, en prĂŞchant un civisme dont la signification est inconnue aux trois quarts de la nation. Ils dĂ©fendirent de pronom i Histoire universelle par des Anglais pages 6y & 79. 45 *er ce qui dĂ©fignoit une fraternitĂ© particulière. L’habitant de Reames n’oĂa plus s’appeller Breton, ni celui de Dijon, Bourguignon. On a dĂ©figurĂ© Ja France en gĂ©ographie , comme en gouvernement. Lorsqu’on pourra travailler Ă rĂ©tablir l'ordre , on sera aidĂ© par ce sentiment qui attache & qui ramene l’homme aux habitudes de fa jeunesse. Malheur Ă celui qui prononce fans Ă©motion le nom de fa contrĂ©e ; malheur Ă celui qui revenu dans son hameau , ne s’empresse pas d’aller fe mettre Ă sombre de l’arbre q u'il planta dans son enfance. Le Lapon ne fouffri- roit pas qu’on changeât le nom de fa stĂ©rile patrie. Le Français impatientĂ© d une nomenclature inintelligible , la relĂ©guera avec ses auteurs fur les rochers du Calvados. On maudira la brillante dĂ©nomination d’une cĂ´te d’or , oĂą ne circulèrent que des assignats dĂ©criĂ©s dès le jour de leur Ă©mission. i i YoicĂ ce qu’écrivoit en janvier 1790 un dĂ©putĂ© Ă l’assemblĂ©e nationale “Nos confrères s 46 Ees rebelles actuels n’ont pas mĂŞme eu le mĂ©rite de l’invention dans aucune de leurs dĂ©marches ; ils ont supprimĂ© la noblesse , comme le long parlement d’Angleterre, crut avoir mis les pairs au niveau des autres hnbitans du royaume ; ils ont Ă©tabli une Ere, comme alors fur le grand sceau d’Angleterre se placerent ces mots De la première annĂ©e de libertĂ© rĂ©tablie par w savent bien que ces 1200 millions d’assignats „ font 1200 millions de prises de poison distri- ,, buĂ©es au public. Les dignes satellites de la ,, majoritĂ© ont, comme d’ordinaire, assiĂ©gĂ© les „ portes ; les docteurs qui ont fait accoucher, „ par violence, decedecret, en vouloient deux „ milliards. Ils savent bien que ce poison, dont ,, ils auront leur part, fera dans le premier mo» 3, ment leur fortune , & celle des agioteurs qui les ,3 soudoyent, & que c’est un coup mortel portĂ© ,3 Ă la noblesse, Ă la magillrature , & sur-tout „ au clergĂ© qu’ils ont jurĂ© d’enterret avec la „ religion ; car ces gens - lĂ ne veulent plus de ,3 religion. Ils n’oscnt le tout haut, parcs qu’il leur est nĂ©cessaire de garder le ,5 masque, mais ils en conviennent tout bas. „ 47 la grâce de Dieu , en 1648. Leurs commissaires , leurs Ă©missaires dans toutes les parties de la France nous rappellent Ces prĂ©dicateurs ambulants qui alloient de ville en ville , de village en village , apporter les nouvelles joyeuses de 8Evangile ; c’est ainsi qu'ils s’exprimoient i . Tous ces prĂ©dicateurs nĂ©s dans la lit du peuple Ă©toient. fans Ă©ducation , & pour suivre cette profession ils avoient tous quittĂ© leurs mĂ©tiers. Tels font Jourdan , le Gendre , Cochon , le Coin- tre , Santerre & mille autres. Les rebelles ont aussi remis au jour le plan tracĂ© 2 Ă la Rochelle, Je 10 mai 162 i parles religionnaires, division du royaume en dĂ©partemens, en districts & en municipalitĂ©s ; tout s’y trouve. 3} 1 Docteur John Walkers, attempt 147 & suivantes. c Plan perfectionnĂ©, mais essentiellement calquĂ© fur les synodes tenus depuis $72 jus- qu’en 16 R ç. ; Depuis, ces scĂ©lĂ©rats se sont livrĂ©s Ă des imitations plus atroces. Celui qui osa proposer 43 La seule diffĂ©rence , c’esl que de; chefâ imposans par leurs possessions, par leurs talents , dirigeoienâ des hommes qui croyoient combattre pour la cause de Dieu. Ces hommes obĂ©Ăssoient Ă des guerriers cĂ©lĂ©brĂ©s par des victoires, & dont les noms Ă©toient rĂ©vĂ©rĂ©s depuis bien des sieoies. Cependant l’autoritĂ© de diviser le corps de son roi pour en envoyer les parties Ă chaque dĂ©partement, changea en une horrible motion le beau vĹ“u de Montrofe qui pĂ©rissant fidete Ă Charles II, dit aux Ecossois “ Je desirerois que ma chair fut distribuĂ©e dans „ toutes les villes de la ertirĂ©tientĂ©, comme „ un tĂ©moignage de mon attachement Ă la cause „ pour laquelle je vais pĂ©rir L’ordre donnĂ© par Santerre d’étousser par des bruits de guerre la voix de Louis XVI, parlant pour la derniere fois Ă son barbare peuple , fut une imitation de ce qui se pratiqua en 1662 á InexĂ©cution de Vane. Sans doute que les instigateurs de cette recherche de cruautĂ© envers notre infortunĂ© monarque, pensèrent qu’il falloir en agir avec un roi, comme on s’étoit conduit avec fimpla- cable ennemi de Ă®a royautĂ©. lĂ©gitime r 49 r lĂ©gitime prĂ©valut. L’idĂ©e d’une rĂ©publique Françoise, s'Ă©vapora ainsi que la chaleur de l’esprit de parti ; on la regarda bientĂ´t comme cent autres erreurs que prĂ©sentent les ambitieux pour s’élever aux dĂ©pens d’un peuple toujours abusĂ©, parcs qu’il est toujours crĂ©dule; Ă plus forte raison la rĂ©publique jacobine aura le mĂŞme sort. En proposant de renvoyer chaque individu Ă la position oĂą il se trouvoit, par exemple, au i janvier 1786 , & de rĂ©tablir Tordre ancien , il ne seroit pas question de remettre en vigueur certains impĂ´ts, tels que la gabelle & les aides, impĂ´ts que depuis bien des annĂ©es, les administrateurs les moins populaires de- siroient de dĂ©truire. 11 ne s'agiroit pas davantage du retour de plusieurs abus, de la restitution des grâces accumulĂ©es & trop onĂ©reuses Ă TEtat; enfin de tout ce qui grĂ©voit le pauvre , fans que le service public gagnât en proportion da poids dont Ă©toient certaines charges. Il est aisĂ© de se persuader qu’auj’our» D So d’huĂŻ que l’illusion a Ă©tĂ© dissipĂ©e par de tristes rĂ©alitĂ©s , tout possesseur, qui depuis quatre ans tremble fans cesse pour fa propriĂ©tĂ©, verroit avec plaisir renaĂ®tre le jour oĂą le pillage, oĂą l’incendie ne feroient plus regardĂ©s comme des transports de civisme , oĂą le gouvernement monarchique pourroĂt faire veiller comme autrefois Ă la .furetĂ© de tout particulier , oĂą la justice administrĂ©e par des magistrats expĂ©rimentĂ©s & non Ă©lus nu hasard , seroit de nouveau fous l’inspection des parlemens, dont la nation dans un temps d ivresse mĂ©connut les services. Rendue Ă elle-mĂŞme, revenue de fes prestiges, elle verroit rĂ©tablir ces parlemens avec autant de satisfaction qu’elie mit de lĂ©gèretĂ© Ă les sacrifier. BientĂ´t on se rappel- leroit que a i’inĂiitution des cours fouve- „ raines nous sauva d’être cantonnĂ©s & 3 , dĂ©membrĂ©s comme en Italie & en 33 Allemagne , & qu’elle maintint ce. 3, royaume en son entier. Les rois , „ nous dit MĂ©zeray, considĂ©raient l’au- „ guste tribunal du parlement, comme { S T i5 le cĹ“ur de leur royaume. Ils avoietlt „ un grand foin d’en Ă©loigner tout ,5 venin Sans doute , objectera-t on, que les pat* lemens se sont trop souvent Ă©cartĂ©s des principes qui dictèrent, en 1484, la rĂ©ponse du premier prĂ©sident de Lavaquerie a u duc d’OrlĂ©ans , que le parlement rĂitoìt ìnfìituĂ© que pour rendre la jujlice. MaĂâ souvent la maladresse des ministres fit passer la justice & la raifort du cĂ´tĂ© des tribunaux. Un Ă©crivain impartial n’entre* prendra pas de justifier la versalitĂ© de la conduite des parlemens. En 1454, nous le voyons s’élever avec force contre les lettres patentes qui tendoient Ă Ă©tablir une Ă©galitĂ© de droits entre cette cour souveraine & celle de Toulouse. En 1754, d’autres vues lui font tenir un langage diffĂ©rent ; ce n’est plus fur les autres parlemens qu’il veut avoir la supĂ©rioritĂ©, c’cst au-dessus de l’autoritĂ© royale qu’il songe Ă s’élever, & pour y parvenir, il fait revivre fous le nom de !'unitĂ© , entre tous les parlemens du royaume, le système D ij s §2 de TunĂ®on proscrit du temps de la fronde". De lĂ sortirent mille assertions pins que hasardĂ©es. O u'en conclure ? c’est que les corps les plus respectables, les plus utiles, les plus nĂ©cessaires , font quelquefois des fautes graves , tristes rĂ©sultats d’une majoritĂ© surprise. Encore en dernier lieu l’effervescence gĂ©nĂ©rale nuisit Ă la sagesse des dĂ©libĂ©rations du parlement de Paris. Nous conviendrons, qu'entraĂ®nĂ© par les clameurs de ses plus jeunes membres, il publia des arrĂŞts irrĂ©flĂ©chis. Mais qui pourroit oublier ces notnbreuses dĂ©cisions qui furent des objets d’admiration pour toute l’Eu- rope? ij Combien le peuple ne dĂ»t - il i Quand la Pologne envoya l’élite deS grands hommes qu’elle avoit en 1373 , annoncer au duc d’Anjou , depuis Henri III, son Ă©lection comme roi de Pologne, les ambassadeurs polonois qui avoient trouvĂ© bien des choses Ă blâmer dans le luxe ridicule, & la lĂ©gèretĂ© française, furent saisis de vĂ©nĂ©ration en voyant le parlement assemblĂ© , L en y entendant plaider. Cela fit dire Ă l’un de ces ambassadeurs ; qu’il ne s’étonnojt plus s 53 pas Ă des remontrances qui, en Ă©clairant ie souverain , lui prĂ©sentoient la vĂ©ritĂ© sous les formes les plus faites pour la rendre respectable ? Combien ne rĂ©sista- t-il pas aux prĂ©tentions ultramontaines , lorfqu’elles furent abusives ? Combien ces parlemens n’en impoferent-ils pas Ă tous ceux qui vouloient arbitrairement opprimer la nation ; tandis que d’une autre part ils mĂ©ritoient f Ă©loge renfermĂ© dans ledit de juillet 1644, oĂą il est dit de tout tans la cour de Paris rendit de grands & signalĂ©s services aux rois dont elle fait rĂ©gner les loix. Un auteur anglais a observĂ© , qu’il Ă©toit bien glorieux pour nous, que le roi de France n’eĂ»t jamais pu corrompre un seul membre de son parlement, tandis que le roi d'Angleterre corrompoit avec tant de facilitĂ© tous les membres du sien. „ si divers princes de la chrĂ©tientĂ© avoient sou- ,, vent commis le jugement de leurs diffĂ©rens , 5 Ă cet auguste sĂ©nat , puisque ces graves pec- ,, Tonnages qu’il voyoit en robe rouge , Ă©toient f , comme autant de rois. 54 L’AssemblĂ©e Nationale n’a supprimĂ© les parlemcns que parce qu’elle voyoit en eux les vrais ministres , les vrais dĂ©fenseurs des loix fondamentales du royaume. Une assemblĂ©e qui vouloit s’emparer du pouvoir de son souverain, ne pouvoit pardonner au parlement de Paris d’avoir , en 1593 , conservĂ© la couronne Ă la maison de Bourbon , malgrĂ© les menĂ©es d’une grande puissance , Sc ^asservissement des Etats-GĂ©nĂ©raux convoquĂ©s par le duc de Mayenne. Le beau rĂ©quisitoire de M. SĂ©guier l rappellent trop Ă de sages principes, pour qu’on ne s’empressât pas d’étouffer la voix de ceux qui avoient le courage de les cĂ©lĂ©brer. L’AssemblĂ©e Nationale s’Ăndigna des dĂ©libĂ©rations de divers par- lemens ; fou courroux se dĂ©veloppa surtout contre sari Ă©tĂ© de la chambre des vacations de Rouen , oĂą il est dit que lorsque le premier monarque de t univers , acca^ blĂ© de chagrins aussi cuisans qu immĂ©ritĂ©s , 1 En dĂ©cembre 1 7 SS 55 daigne faire taire en lui tout autre sentiment que celui de son inĂ©puisable tendresse pour ses peuples ; enfin , quand on a vu ce prince digne Ă jamais du respect des nations , bravant tous les dangers , venir au milieu de fa capitale essayer encore par texemple de ses vertus & des tĂ©moignages louchans de fa popularitĂ© , de ramener fis sujets Ă©garĂ©s , de vrais & fidèles magistrats ne peuvent que bĂ©nir tant de bontĂ©s , & gĂ©mir en filence fur terreur de leurs concitoyens. II Ă©toit Ă©vident que tant qu'on laisserait subsister des cours souveraines qui s’exprimoient , qui se conduisoient ainsi , elles conserveraient des moyens d’éclairer le peuple, de confondre les factieux , & d’opposer un ordre salutaire Ă une horrible anarchie. Le plus intrĂ©pide scĂ©lĂ©rat n’est jamais entièrement exempt de la frayeur qu’uu jour ses crimes ne soient punis ; les auteurs de tous nos maux savoient trop que, dans tous les temps les parlemens ont poursuivi avec un courage respectable , les perturbateurs d u repos public. 11 falloit anĂ©antir ces cours pour anĂ©antir D iv c 56 ensuite la royautĂ© ; elles doivent revivre avec le monarque, & tandis que celui ci s’abandonnera aux mouvements d’une sage clĂ©mence , le glaive d’une sĂ©vere mais parfaite justice , doit ĂŞtre remis entre Jes mains des magistrats dignes de la constance de tous les bons Français. Nos malheureux compatriotes n’ont eu que trop de sujet de les regretter, en se voyant vexĂ©s par des juges vendus au crime; ils n’ont que trop souffert des indĂ©centes contestations, des dĂ©cisions monstrueuses de cette foule de tribunaux, de dĂ©partements , de districts & de municipalitĂ©s, formĂ©s en grande partie de ce qu’il y a dc plus abject; il faut que le retour du bon ordre disperse ce ramas d’hoin- mes mĂ©prisĂ©s. Parmi les membres de l’ancienne administration , il en est beaucoup qui se sont rendus tellement coupables pendant ]a rĂ©volution, que bien certainement ils se feroient justice , & ne profiteroient pas du pardon que la prudence & l’hu- nianitĂ© pourroient dicter. Les retraites 57 volontaires Ăourniroient doive des places Ă donner, ou des rĂ©formes Ă opĂ©rer fans chagriner quiconque mĂ©rite des Ă©gards. Il a Ă©tĂ© dit plus haut, que les propric- taires des moindres possesiions applau- diroient au retour des antiques tribunaux, & de proche en proche Ă celui de l’ancien ordre des choses. Cette assertion ne paroĂ®tra pas Ăì hasardĂ©e Ă toute personne qui, ayant bien connu la France avant la rĂ©volution , peut s’appercevoir aujourd’hui de Terreur du tiers-Etat, lorsqu’il s’obstina Ă dĂ©naturer le gouvernement monarchique , dans l’espoir d’a- mĂ©liorer sa condition. II n’est pas un seul homme sensĂ© dans cet ordre , qui ne sente prĂ©sentement tout ce qu il a perdu. L’aristocratie de la noblesse Ă©toit une dĂ©signation vuide de sens, puisque la noblesse de France ne formoit aucun corps, &puisqu’elle n’avoit aucune part eflentielle & privilĂ©giĂ©e Ă Tadministration du royaume. Le mĂ©rite plus que la nais. sauce, portoit au superbe poste d’inten» l 58 fiant les subdĂ©lĂ©guĂ©s, les sĂ©crĂ©tasses, & tout ce qui tenoit au dĂ©partement de ces intendans. Toutes les jurisdictions de première instance, se composoient des membres du tiers - Etat. Ceux-ci Ă©toient aisĂ©ment admis dans les sept huitièmes des tribunaux du royaume. Les places de greffier, de procureur, de notaire, de tabellion , places lucratives n’étoient point exercĂ©es par la noblesse. Les commissaires des guerres, les fermiers, les receveurs, les trĂ©soriers gĂ©nĂ©raux, enĂin, tous les nombreux employĂ©s de la finance Ă©toient du haut tiers-Etat. Toutes les cures, la plupart des canoni- cats, les richesses du clergĂ© rĂ©gulier ali- mentoient des citoyens dont on n’exi- geoit aucunes preuves de noblesse. Il u'en salloit pas pour arriver aux dignitĂ©s de la plupart des chapitres des cathĂ©drales. Rien ne fermoit Ă la vertu & aux talens l'accès Ă l’épiscopat. Le commerce du royaume appartcnoit exclusivement au tiers-Etat, parce que le dĂ©faut de capitaux & les prĂ©jugĂ©s avoient empĂŞchĂ© que 59 5 la noblesse ne profitât des ordonnances de Louis XIV & de Louis XV, qui permettent Ă cet ordre le commerce en gros , & les spĂ©culations maritimes. Toutes les compagnies chargĂ©es des approvisionnemens , tant des armĂ©es de terre que de mer , Ă©toieut formĂ©es par des membres du tiers-Etat. II en Ă©toit de mĂŞme de tous les bureaux de la grande, de la petite chancellerie , & des bureaux des sĂ©crĂ©ta ires d’Etat. ExceptĂ© les premiers emplois de la cour , des milliers de commensaux du souverain n’étoient pas gentilshommes. Les rois de France ont de tout temps tirĂ© plus de ministres du tiers-Etat que de la noblesse, & les ministres nĂ©s gentilshommes, que le mĂ©rite ou la faveur Ă©levoient en dignitĂ© , Ă©toient d’après l’ordre des choses plus ou moins dominĂ©s par des membres du tiers-Etat. L’homme de mĂ©rite, apprĂ©ciant les talens de ses premiers commis, se livroit nĂ©cessairement Ă leur expĂ©rien. çe , & donnoit sa confiance Ă des hommes qui lui en paroissoient dignes. L’homme l 6° } au-dessous de fa place , malgrĂ© toute la prĂ©somption de la mĂ©diocritĂ©, tie pou- voit se paĂler d’anciens travailleurs qui tcnoicnt dans leurs mains le fil de Tad- ministration. Amsi, de tous cĂ´tĂ©s, le tiers- ittat joignoit aux moyens de s’enrichir toute TautoritĂ© du gouvernement ; ainsi, cet ordre par son influence & son pouvoir , Ă©toit devenu principalement responsable des abus de l’administration ; & lorfqu’un peuple aveuglĂ© crioit toile contre la noblesse, & vive h tiers-Etat, il lan- ^oit un injuste anathème sur les dĂ©fenseurs de la patrie, & bĂ©nidoit une classe de citoyens dans laquelle se trou- voient des hommes qui s’étoient le plus Ă©cartĂ©s des bienfaisantes intentions d u roi. Un ouvrage qui parut dans le mois de mars 1789, 1 } ouvrage qu’on ne voulut pas lire , parce qu’il ne caressent pas la folie O Voyez lettre d’Armand de Chapt de Kastignac Ă messieurs du tiers-Etat. Paris 2; mars iyg E 66 vocat qui par son Ă©loquence avoir fait triompher le bon droit, Ă©toit mille sois plus considĂ©rĂ© dans la sociĂ©tĂ©, que ne le sont aujourd’hui tous les municipaux , tous les employĂ©s de la rĂ©volution, Ă©levĂ©s Ă ces emplois par une fantaisie populaire qui souvent tourne contre eux le lendemain de leur Ă©lection. Les Target, les Bailli, les Camus , les Lafayette , les Treillard, les Montesquiou , lesDumou- rier , mal-adroits ambitieux, si dĂ©concertĂ©s en ce moment, avoient chacun dans leur sphere une existence heureuse. Lorsque l’autoritĂ© royale assuroit la tranquillitĂ© de leur Ă©tat, elle leur permettoit de se livrer Ă tous les calculs d’une louable ambition; chaque membre de la noblesse mouvoir quelqu’appui , chaque membre du haut tiers voyoit plus ou moins de quelle manière avanceroit la fortune de fa famille. Si l’injustice d’un ministre nuisoit Ă quelques sujets du roi, que de moyens n’avoit - on pas de se tirer de peine ! Le successeur de ce ministre Ă©toit ordinaire'* §7 tnent favorable Ă sopprimĂ©, quarid ce rseut mĂŞme Ă©tĂ© que par esprit de contradiction , & par le dĂ©sir de faire la satyre de 'administration de son prĂ©dĂ©cesseur. Enfin les abus d’autoritĂ© exercĂ©s par un individu , ne font pas fans appel, comme ceux qui dĂ©rivent d’un dĂ©cret rendu Ă la majoritĂ© d’hommes ou achetĂ©s ou sĂ©duits par fart d’un insidieux orateur s I . i M. Necker en parlant de l’accumulation des pouvoirs dans l’AssemblĂ©e Nationale s'exprime ainsi “Ah ! si l’on appelle libre un pays j, fous le joug absolu d’une telle puissance , Ăì 3, l’on appelle libre un pays oĂą la sĂ»retĂ© des pĂ©r- 3, sonnes, le respect pour les propriĂ©tĂ©s , le main- 33 tien de la tranquillitĂ© publique dĂ©pendent du talent d’un orateur, & du moment qu’il a i’arc 33 de choisir pour entraĂ®ner les suffrages ; si l’on „ appctle libre un pays oĂą il n’existe aucune 3, balance d’autoricĂ©, oĂą le pouvoir exĂ©cutif n’eĂt 3, qu’un vain nom, oĂą ses droits ne font plus „ qu’une supposition , oĂą l’opinion des sages n’a „ plus de crĂ©dit, oĂą la religion n’a plus d’em- j, pire, oĂą les mĹ“urs mĂŞme rĂ©imposent aucune „ loi 3 si l’on appelle libre un gouvernement Ă‹ ij 68 } Quel est le ministre , tel despotique qu’on veuille le supposer, qui eĂąt prononcĂ© les dĂ©cisions Ă©manĂ©es de l'Assern- blĂ©e Nationale ? Quel Ă©toit fintendant assez osĂ© pour ordonner de par le Roi, ce que commandent journellement les districts & les dĂ©partemens ? Avant la rĂ©volution on avoit Ă se plaindre de ce que les hommes n’étoient pas des dieux , de ce que quelques-uns abu- soient de leur autoritĂ©; mais que de prĂ©cautions n’avoient - ils pas Ă prendre pour s’assurer l’impunitĂ© de ces abus? Combien les abus vĂ©ritablement criants Ă©toient- ils rares? Combien n’étoit-il pas au contraire certain que l’enfemble ries citoyens Ă©toit tranquille dans ses foyers, dans ses fonctions , & que lorsque l’un d eux s’étoit Ă©levĂ© en grade ou en fortune , il jouissoit solidement des avantages dus Ă fa bonne „ ains composĂ©; il faut n’avoir aucune idĂ©e des ,, premiers principes de l’organiĂ’ation sociale }Ă . Du pouvoir exĂ©cutifs page f 6g 1 conduite , ou mĂŞme Ă son adresse? I! Ă©ĂoĂfc aisĂ© de recueillir les faits qui eussent dĂ©vouĂ© h la haine publique les ministres qui, depuis l’avĂ©nement de Louis XVI, avoient disposĂ© des ordres arbitraires. Personne ne croira qu'en renversant la Bastille, on ait eu Ja modĂ©ration d'Ă©pargner leur rĂ©putation. Cependant il n’a paru rien de circonstanciĂ© ni de prouvĂ©, Ă l’appui des cris lancĂ©s vaguement contre le despotisme. On s’est bornĂ© Ă dire de ces ministres qu’ils Ă©toient des monstres , parcs qu’ils Ă©toient les serviteurs de la royautĂ© , comme on a fait depuis Ă leur maĂ®tre un crime d’être roi. Louis XI, durant touc son rĂ©gnĂ© , sacrifia moins de malheureux Ă fa sombre politique, que le tribunal rĂ©volutionnaire n’envoya d’hommes Ă la mort dans un seul jour. t Ses atroces dĂ©cisions sem- 1 La barbarie de ce tribunal tious rappelle ce grand & terrible tableau que nous faic Tacite de la situation de Rome. Jacuit immensa Jì rages omnis sex us, omnis eetas ; ìnluflre r, ignobi- E iij s 72 blables auxLoix deDracon , ne font pas Ă©crites avec de l’encre , mais avec du sang. On observera peut-ĂŞtre que nos ancĂŞtres n’ont pas mieux valu que nous , & que les massacres du 2 septembre, n’ont encore Ă©tĂ© qu’une odieuse imitation des horreurs du quinzième siecle. Sans doute que les ordres sanguinaires du monstre PĂ©thion , les difperfĂ®, aut Ă ggerati ncque propiaquis , aut amicis adfiflere , inlacrymare , ne vijere qui- dem diutiĂąs , dabatur ;sed circumjeĂłĂi euftodes , U in mĹ“rorem cujufquc inlenti , caxpora putre- facĂa adfcSĂabantur , dĂąm in Tiberim trahercn . tur ubi fiuitantia , aut ripis adpuìja , non cre- mare quifquam , non contingcrc. Intcrddcrat sortis humana c^mmercìum vi metĂ®isquantum- quesdvitia glijeeret, miseratio arccbatur . Rome fut jonchĂ©e de morts , hommes, enfans, grands Sc petits , entassĂ©s ou dispersĂ©s ; les parens, les. amis n’osoient les consoler, les pleurer & presque les voir; par - tout des gardes Ă©pioient la douleur publique , & ne quittoient les cadavres qu’aux bords du Tibre oĂą ils les jettoient ; fì le flot les ramenoit, on craignoit de les brĂ»ler, de les toucher. L’humanitĂ© sĂ©do’t Ă la terreur, & la pitiĂ© Ă la barbarie. ?ĂŻ nous. retracent la lâche condescendance de ce prĂ©vĂ´t de Paris qui, en 141&, d i foi t de mĂŞme Ă la populace Mes amis , faiees ce qu il vous plaira 1 . Mais ces. 1 “Ce dpc de Bourgogne fit publier parla „ ville , qu'il vouloit la paix ÂŁ? le bien du „ royaume, N contendoìt Ă chajser hon , les j, ennemis . N ejìrangers qui mal avoient gou- verne U Roi U k Dauphin, fĂ«fc. Assez tĂ´t „ après le commun de Paris fit esniotion, & ,z s'amassa grande assemblĂ©e de menues gens qui „ allerent aux prisons, oĂą ils tuerent tous les „ prisonniers. LĂ , fut tue le comte d’Armagnac , j, Raymonet de la Guerre, le chancelier &plu- 3, sieurs autres grands seigneurs. MĂ©moires de 3, Pierre de Fenin, 33 Quand le prĂ©vost vitqu’ils Ă©toient {ces mĂŞ- 3, mes gens, ainsi Ă©chauffĂ©s de la fanlce ire qui „ les menoit, il n’osa plus parler de raison , de M .pitiĂ©, ni de justice, & il leur dit mes amis, 3, faites ce qu’il vous plaira , & tant tuerent de ,3 gens Ă Paris, que hommes, que femmes, de- „ puis cette heure de minuit jusqu'au lende- ,3 main douze heures , qu’Ăls furent nombrĂ©s. „ mille cinq cents dix-huit. 33 Journal de Paris.. j page 41 3 annĂ©e 1418-. E 72 abominations ne se commirent que paree qu alors la rĂ©bellion dĂ©soloit de toutes parts un royaume , dont le roi tombĂ© eu dĂ©mence, ne pouvoit faire exĂ©cuter les loix. { i . Nous savons aussi , que pour Ă©garer plus L’histoire chronologique de Charles VI, porte les tuĂ©s & noyĂ©s a trois mille, ajoutant ces mots “ Car si un homme Ă©toit haĂŻ, son ennemi ,, le Faisoic tuer en ce temps, fous ombre d’étre ,3 de la partie du Loi & du comte d’Arma- » gnac. „ i II est remarquable que malgrĂ© les troubles de ce temps, malgrĂ© la corruption qui s’in- troduilìt en f rance fous le rĂ©gnĂ© de Charles VI, ce qui fit appeller ce rĂ©gnĂ© le tombeau des mĹ“urs i enfin, malgrĂ© tous Jes flĂ©aux qui accableront ce royaume , depuis f Ă©poque de sa dĂ©mence; ce prince ;,e ! ailla pas d'ĂŞtre chĂ©ri du peuple, qui lui confirma Ă ses funĂ©railles le titre de fĂien - aime, qu'il lui avoit donnĂ©, lorsju’il monta fur !e trĂ´ne; tant la bontĂ© & Ă®a gĂ©nĂ©rositĂ© de son crour Ă©toient connues , & tant on Ă©toit perluade qn il n’étoit que Ă’occafion , & non la cause des malheurs publics ! Ait devc'ri- jter les dates , tome premier , page 612. f 73 ì sĂ»rement la nation , on a vu depuis Ă®a rĂ©volution circuler parmi tant d’autres Ă©crits atroces , l’ouvrage intitulĂ© les cri. mes des Rois. A chaque feuille , la calomnie change en forfaits nombre d’actions dont les historiens les plus vĂ©ridiques ont consacrĂ© l’équitĂ©. Nos rois ont Ă©tĂ© des mortels soumis Ă l’empire des passions. Nous ne lustifie- rons pas Charles IX d’avoir ordonnĂ© le massacre de la S. Barthelemi ; mais une vĂ©ritĂ© bien humiliante peur l'humanitĂ©, c’cst que les crimes que l’on peut imputer aux rois de France , disparussent fous la masse effrayante des crimes du peuple français ; particulièrement des crimes lĂ©gitimĂ©s par 1 AssemblĂ©e Nationale, crimes commis Ă Paris , Ă Avignon , dans toutes les parties du royaume, su nom de la constitution. Et l’on nous parle encore en faveur de cette constitution , de ce faux germe Ă©touffĂ© dès fa naissance , que chaque factieux interprĂ©tois Ă fa guise, & qui loin de pouvoir assurer le bonheur de vingt-quatre w il- 74 ì lions dffiommes , ne conviendroit pas ĂŻRc-me Ă une foible peuplade , comme la rĂ©publique de S. Marin. Supposons cependant que cette; constitution provoquĂ©e par l'orgueil, la dĂ©raison & la cupiditĂ© pĂ»t .renaĂ®tre & s'Ă©tablir ; voyous li les rĂ©sultats ne devroieni» pas ĂŞtre absolument opposĂ©s Ă ceux que Les partisans s’en promettoient. La dĂ©mo- eratie dĂ©clara une guerre Ă mort Ă l'aristocratie qui n’existoit pas. On voit plus que jamais nue ce n’étoit qu’un sobriquet donnĂ© , comme autrefois on voulut distinguer les Guelpbes & les Gibelins, puisque n ce moment tout qui u'est pas jans - culotte, est aristocrate. .Mais admettons qu’on put faire aller tni instant le gouvernement constitutionnel des armĂ©es 17891,90 & pi ; que mĂ©mo en en corrigeant les plus insoutenables dĂ©fauts , en donnant au pouvoir exĂ©cutif ì’autoritĂ© suffisante pour f exercice des loix, on retrouvât le squelette , l’appa- rencc d’une administration ; qu’arrive-, tait- il alors ? Auffi-tĂ´t que ,, jans nulla 75 difìnBion tous les citoyens feraient admissibles aux places & emplois civils & militaires i , ne serok-ii pas naturel que la noblesse renonçât pour toujours Ă servir dans les armĂ©es? Nous entendrons dĂ©formais par noblesse , tout homme vivant noblement, & jouissant d’une soi tune aisĂ©e; or, bien certainement cette classe de citoyens ne verroit rien qui Tappcllât Ă une profession dont les dangers, dont les fatigues , dont les gĂŞnes, dont la m o, notonie en temps de paix , ne seroieut plus compensĂ©s par Thonnenr attachĂ© ciel e va n t Ă TĂ©tât d'officicr. Dès-lors , toutes les places lucratives qu’occupoient fous Taucien rĂ©gime les membres du Tiers- Etat ,• places qui furent multipliĂ©es Ă l’in- Ătni fous le rĂ©gime constitutionnel, fe- roient bientĂ´t briguĂ©es & obtenues par des membres de l’ancienne noblesse restĂ©s propriĂ©taires des grandes terres. Ces i Titre premier, article premiet de la Constitution. 76 anciens nobles , quoique privĂ©s de leurs titres honorifiques , donneroìent par-tout i’exclusion Ă cette nombreuse partie du Tiers-Etat qui, fans ĂŞtre riche cle patrimoine , parvenoit cì-devant aux emplois indiquĂ©s plus haut. A la fuite des noms illustres , arriveroient les nobles qui, depuis un Ăiecle ou deux , ont acquis des possessions. Tous ces propriĂ©taires qui , malgrĂ© leurs richesses, n’étoicnt gueres employĂ©s dans l’administtation intĂ©rieure du royaume, prendroientaujourd'hui un autre essor , s’ouvriroient infailliblement une autre carrière , parce que l’épuife- ment des finances, le discrĂ©dit des papiers publics , feroieot que de nĂ©cessitĂ© ler possesseurs des terres deviendroient presque les seuls capitalistes du royaume ; alors , combien ne leur feroit-il pas aisĂ© de fe rendre maĂ®tres des Ă©lections , comme le font en Angleterre les seigneurs qui , par les sommes q u'ils donnent, & par l’influence qu'ils fe procurent, placent qui ils veulent dans la chambre des communes ? 77 Quand mĂŞme il seroit poĂïìble qu’une rĂ©vision de la constitution confirmât le ridicule dĂ©cret qui enleve les dignitĂ©s hĂ©rĂ©ditaires , pourroit-on empĂŞcher que malgrĂ© les sophismes des rhĂ©teurs, la nation revenue Ă elle - mĂŞme , & dĂ©trompĂ©e de toutes les illusions qui l’égarent, ne rendit Ă des Montmorency , des Rieux , i des Mortcmart, des Latrimouille , des Sire-de-Pont, des Tonnerre , ces respects dictĂ©s par l’habitude & par des souvenirs qui rappellent les plus belles Ă©poques des annales de la France ? Des torrens formĂ©s par des orages passagers , renversent par fois les monumens les plus solides ; mais ils ne peuvent empĂŞcher que les fleuves antiques ne reçoivent les tributs des eaux du ciel & de la terre. Les Thouret, les Barnave , les Cha- i En plaçant id M M. de Rieux immĂ©diatement après le nom de Montmorency, on s’elt conformĂ© Ă la dĂ©cision qui eut lieu en 1547, au sacre d 11 roi Henri II. Voyez les MĂ©moires du marĂ©chal de VillevieĂlle. ?8 r Relier sont dĂ©jĂ rentrĂ©s dant le nĂ©ant j ainsi tomberont leurs scĂ©lĂ©rats successeurs; après avoir bouillonnĂ© avec fracas, ils sq dessĂ©cheront comme le limon qui ne laisie après lui que sa fĂ©tiditĂ©. Au plus fort de la dĂ©mocratie, n’avons- nous pas vu les AssemblĂ©es Nationales employer, tant qu’il a Ă©tĂ© possible, Ă la tĂŞte des troupes , tous ceux des nobles qui ont eu la lâchetĂ© de servir les rebelles ? Le paysan est fatiguĂ© de l’activitĂ© qu’on lui a donnĂ©e; le laboureur ne Test pas moins de se voir dans la dĂ©pendance de ceux qu’il est forcĂ© d’ctnployer. Le bourgeois Ă qui ii reste du bon sens, est intĂ©rieurement rĂ©voltĂ© de Tineptie , des vices & de la bassesse des gens qui le commandent. Le retour des seigneurs dans leurs terres fera un jour de fĂŞte pour les habitans des villages, parce qu’il leur rendra l’espoird’une existence moins malheureuse. Le journalier aimera mieux gagner un foible salaire sans sortir de sa paroisse, que de quitter malgrĂ© lui sir maison pour s’aller battre. Le fermier, ’ 79 s il s’est bien conduit envers fou Ă ncicA propriĂ©taire , fera Ăìer de le revoir. Celui 'qui aura abusĂ© des circonstances , pourra compter fur une indulgence q'ue l’intĂ©rĂ´ĂŻ rendra nĂ©cessaire. Enfin , la lĂ©gèretĂ© da caractère français d’accord avec les prĂ©jugĂ©s de tant de fiecles, offrirait aux nobles possession nĂ©s cf amples moyens d c fe faire bien recevoir, s’ils rentraient en France pour y vivre fous le rĂ©gime modifiĂ© de la constitution de 17ĂŚJ2. II leur servit aisĂ© dc mettre Ă profit le retOilr d une juste bienveillance de la part dtĂŻ peuple , pour se procurer alors dans leurs provinces tout le crĂ©dit que leur enlevoiì celui d’un subdĂ©lĂ©gúé , d’un receveur des impositions. Ainli renaĂ®trait facilement un nouvel ordre de choses. La haute noblesse briguerait en vertu de la constitution les places de maires dans les villes les plus importantes , en fe faisant ces crĂ©atures, en achetant des suffrages; elle fe soutiendrait dans ces emplois , tout aussi bien que l’on voit dans les cantons populaires de la Suisse , des Ă©lectìoss l 82 feulement pour la forme , confirmer d’é* poque en Ă©poque les fils ,petit-fils , arriere- petits-fils des familles qui gouvernent, ainsi que cela fe voit auffi dans la plupart des villes impĂ©riales , oĂą le peuple elì opprimĂ© par une lĂ©gion d’administra- teurs. Alors ou placeroit ses parons , fes amis , dans les postes qui dĂ©pendroient des premieres magistratures ; & s’il falloit, pour y parvenir, un scrutin , encore avec de l'argent on arriveroit Ă fes fins. Dans }a fuite les possesseurs de terres pourroient avoir pour concurrens les riches nĂ©go- cians ; ceux-ci ne tarderoient pas Ă sentir qu i! seroic difficile de veiller Ă la fois , ail commerce & Ă ['administration. Mais de toutes maniĂ©rĂ©s nous devrions Ă rĂ©tablissement de la constitution de 1791 la plus redoutable des aristocraties , celle des gens riches. 1 1 „ La classe aisĂ©e qui ne travaille pas , „ Ăa classe opulente deviendroit la maĂ®tresse ,, suprĂŞme Jes assemblĂ©es ; & par un excès de „ dĂ©mocratie, vous verriez nĂ©cesláirement s’éle- C’est 8t C’est aĂ®ors que nombre Je citoyens sentiroient encore mieux combien on s’est abusĂ© , lorsque la jalousie des stĂ©riles titres de noblesse a provoquĂ© Ăşn système d’éga- Ă®itĂ© , qui Fait qĂşe, dans le tienĂ©tat , des milliers d’hommes distinguĂ©s font redescendus au niveau de la lie du peuple. Les anciennes familles n’tìnt point cette dĂ©gradation Ă craindre ; tout bon gentilhomme pourra toujours dire Ă ses enta n s comme Montgommery aux siens » qu'il consentoit de bon cĹ“ur Ă ĂartĂŞt qui les privait de la noblesse , s'ils ne faijbient pas des aidions qui les en pussent relever ; mais que lĂ oĂą ils succĂ©deraient Ă la venu de leurs ancĂŞtres , il n y avoit pas de puijsĂ nce au monde qui les empĂŞchai de succĂ©der Ă leur noblesse. Si terreur dans laquelle font tombĂ©s j, ver un genre d’ariĂlocratie bien terrible, Tarif- 3, tocratie presque absolue des riches. Opinion. j, de Robert , membre de la Convention natiò- 3, nale. Voyez !e Moniteur, No. 117, du 27 » avril 1793. F l 82 des ambitieux, n'eĂ»t conduit qu'Ă la punition d’une vanitĂ© mal entendue, si des mouvemens excitĂ©s par elle il rĂ©ful- toit une constitution propre Ă faire le bonheur de la plus grande partie des ha- bitans de la France , tout bon citoyen JionnĂŞte devroit prĂ©fĂ©rer le bien public Ă des considĂ©rations particulières, & les propriĂ©taires nobles , ou rĂ©putĂ©s tels , seroient fondĂ©s Ă voir avec satisfaction statuer un gouvernement qui ramĂ©neroit les notables français aux dignitĂ©s & Ă i’au- toritĂ© qu’ils avĂ´ient dans les premiers temps de la monarchie. Nous avons indiquĂ© comment ils fe retrouveroient fous les noms de maire , de procureur de la commune, de prĂ©sident , de membres de district & de dĂ©partement, saisis de fait des fonctions qu’exercoient autrefois, les miss, les grafions^ les centeniers, les dixainiers , les rachimbourgs , les feabins. Comme autrefois aussi ces notables se rendroient bientĂ´t si permanens dans les places Ă©lectives , que nous verrions , a u dĂ©triment de l’aiuoritĂ© du souverain & l 8Z Ă® Ze la fĂ©licitĂ© da peuple, renaĂ®tre iticef* sammentles usurpations d’autoritĂ© , dont naquit le rĂ©gime fĂ©odah II n’existe nulle part de vĂ©ritable dĂ©mocratie. i L’égalitĂ© ne peut subsister entre les hommes ; elle est dĂ©truite par la diffĂ©rence des forces physiques; elle est bien plus dĂ©truite par la diffĂ©rence des facultĂ©s mmales. Les Etats-Unis de l'Ainerique, oĂą nos Français ont Ă©tĂ© prendre les idĂ©es d une libertĂ© dĂ©gĂ©nĂ©rĂ©e dans la plus horrible licence, ces Etats, dont la constitution Ă©prouvera plus d un changement, la ces Etats peuplĂ©s des i II n’a jamais existĂ© de vĂ©ritable dĂ©mo- ^ cratie , & il n’en existera jamais. II est contre j, l’ordre naturel que le grand nombre gouverne j, & que lĂ© petit soit gouvernĂ©. On ne peutima* j, giner que le peuple reste incessamment assem- „ blĂ© pour vaquer aux affaires publiques ; & ,, l’on voit aisĂ©ment qu’il ne sautoir Ă©tablir pour „ cela des commissions fans que la forme de l’administration change. Contrat social de Rousseau, page iiç. 2 Le ministre d’une grande puissance Ă©crl. F 4 i 84 } Ă©migrations de l’Europe, & dans lesquels le temps n’a pas permis qu’il se formât encore de ces familles prĂ©pondĂ©rantes par l’anciennetĂ© des services rendus Ă la patrie , enfin ces Etats , dont les gouver- nemens font plus dĂ©mocrates en apparence qu’en rĂ©alitĂ© , ne voient-ils pas dĂ©jĂ parmi eux des distinctions bien prononcĂ©es, & qui de jour en jour Ă©tabliront une ligne plus marquĂ©e de citoyen Ă voit deNewyork en juin 5789 „ Je fuis bien loin „ de l’enthousiasme , en jugeant les objets qui ,, m’environnent, & je ne trouve aucune raison „ de cĂ©der Ă la prĂ©tention qu’ont la plupart des „ AmĂ©ricains & leurs admirateurs, quand ils ,, affirment que ces Etats surpassent en politique „ & en philosophie tous les peuples anciens & „ modernes. Quoi qu’il en soit de ces prĂ©ten- „ tions, le vrai est que ces AmĂ©ricains ont Ă©tĂ© „ jusqu’à prĂ©sent sans gouvernement, quoiqu’ils „ en soient dĂ©jĂ Ă la seconde forme. Je regarde , comme un spectacle curieux les obstacles qu’ils „ Ă©prouvent Ă l’organisaĂion du nouveau gou- „ vernement. II y a loin des projets Ă l’exĂ©su- „ Ă . „ §5 Ă®toyen ? {i C’est donc en vain que noĂ novateurs ont portĂ© jufqu’à Ja puĂ©rilitĂ© leur fureur contre la qualification de noble. II existera dans tous les pays des gens qui, Ă©tant riches, se rendront puissans, des gens qui, Ă©tant vertueux, se rendront illustres , enfin tel homme qui Ă©tant digne d’être connu , ce que les anciens nom- merent nosdbilis,&. par abrĂ©viation nobilis, aura dans fa patrie cette prĂ©pondĂ©rance qui conduit, dans toutes les associations, Ă des prééminences. 11 existe de ces prééminences fur toute la surface de l’Europe. Elles font excessivement prononcĂ©es en Asie on les trouve en Afrique , en AmĂ©rique ; & les voyageurs autour du monde i Une division de la marine royale de France Ă©tant Ă Boston en 17L8 ou 17x9, les officiers donnerent un bal Ă bord des vaisseaux, & furent très-surpris d’apprendre que les femmes d’hono- rables n’iroient point Ă une fĂŞte oĂą elles scroient exposĂ©es Ă rencontrer d’autres dames dont le* maris n'avoient pas le mĂŞme titre que les leurs, eu au moins celui d’écuyer. F z c Z6 > ont observĂ© des castes privilĂ©giĂ©es parmi les insulaires de la mer du sud. A OthaĂşi les rang* font marquĂ©s par des distinctions frappante* ; les infĂ©rieurs y ont de grands Ă©gards pour leurs supĂ©rieurs. II y a fies seigneurs cĂ®e cantons. II seroit aisĂ© d’appuyer par des rap- prochemens pris dans l'histoire, ce qui Autorise Ă penser que, st le rĂ©gime cons* titntiounel se rĂ©tablissait, ce .seroit l’an* cienne & mĂŞme la nouvelle noblesse dit royaume qui, sous une autre dĂ©nomination , s’empareroit de toutes les dignitĂ©s, du maniement de tontes les affaires, & qui feule profìteroit d’une rĂ©volution dont le Tiers-Etat se promettoit tant d’avantages. M us, encore une fois, il est plus essentiel d’examiner si le bonheur du royaume, si fa tranquillitĂ© , si fa grandeur dans h paix, si fa furetĂ© dans la guerre , serment les rĂ©sultats de ce nouvel oidre de choses. Il faudroit voir si qua- rante-qtiatre mille maires , si les nombreux membres de tous les dĂ©pnrtemens, si les de districts, choisis infaillible* 87 ment parmi des personnages riches ou des familles considĂ©rables, ne seroient pas gĂ©mir la nation fous cette cohorte de vrais aristocrates intĂ©ressĂ©s Ă fe soutenir, Ă consolider, Ă perpĂ©tuer leur autoritĂ©. Les Danois, après avoir long-temps souffert les outrages, les vexations, les exigeances insoutenables des seigneurs qui les opprimoient, & qui rĂ©duisoient Ă rien f autoritĂ© royale , ne virent d’autre moyen d’amĂ©liorer leur condition , qu’en offrant a leur souverain une autoritĂ© sans bornes. Le premier article de la loi de 1665, promulguĂ©e Ă la fuite de cette Ă©tonnante rĂ©volution, dit, que tous Us rois hĂ©rĂ©ditaires de Danneniarck & de Nord- wege doivent ĂŞtre regardĂ©s par leurs sujets comme un chef au - dejfus de toutes les lois humaines , & qui , en matière religieuse ou civile , ne connoĂt point d’autre juge que Dieu. On a peine Ă comprendre comment une nation a pu de son propre mouvement jurer de se soumettre Ă un pouvoir aussi illimitĂ© , Ă une volontĂ© dont rien ne balancĂ© les dĂ©cisions arbitraires. U n’ea F 4 88 est pas moins vrai que ce n’est qu’à dater de cette Ă©poque que le Danois a vĂ©cu fous* un gouvernement plus doux , que le commerce a commencĂ© Ă y fleurir % que les arts vinrent embellir la capitale & les autres villes du royaume, que de tous cĂ´tĂ©s la culture s’étendit & se boni-, fia, & que le Dannemarck prĂ©senta Ă l’Europe une marine vraiment respeĂ©table & dont les Ă©tabliffemens font superbes. Plus de cent annĂ©es font rĂ©volues depuis que les Da nuis se trouvent bien d’un. gouvernement qui les met Ă la merci des caprices d’un maĂ®tre. Cela est, & cela se peut, parce que le despotisme d’un souverain ne lui donne pas, Ă beaucoup près, une autoritĂ© si effective, qu’elle paroĂ®t absolue. II y a mille mĂ©nagemens Ă garder qui lui font dictĂ©s , soit par le besoin d’être aimĂ©, soit par un esprit de justice , soit enfin par la crainte d’être viĂ©time dune rĂ©volution. Le despotisme exercĂ© par une rĂ©union d’siommes investis de f autoritĂ© , est bien plus terrible & plus absurde, joint Ă ce que les assemblĂ©e.^ { 89 d’une nation qui posscde plusieurs gran. clĂ©s provinces ne font nullement propres Ă l’éclairer fur ses vrais intĂ©rĂŞts. Tout fe voit dans ces assemblĂ©es d’une maniĂ©rĂ© trop confuse , trop sommaire , trop indĂ©terminĂ©e. " La volontĂ© gĂ©nĂ©rale y est y, rĂ©ellement muette. La plupart des dĂ©. „ putĂ©s, guidĂ©s par des motifs secrets, „ n’opinent pas plus comme citoyens , „ que fi l’Etat n'eĂ»t jamais existĂ© ; & l’on „ fait passer faussement fous le nom de „ loi des dĂ©crets iniques , qui n’ont pour „ but que fintĂ©rĂŞt particulier. „ Ăi. C’est, comme l’a fort bien dit le factieux Ifnard en parlant de la Convention , une machine Ă dĂ©cret dans les mains dĂ© une faBlon. Ai n st de la fermentation des passons accumulĂ©es sortent des dĂ©marches & des dĂ©cisions qu’un souverain n’oferoit fe permettre , parce qu’il cramdroit une censure , une critique publique , que les assemblĂ©es bravent fans la moindre pudeur. 3 1 Contrat social, page ĂŻ8i. 2 Un Espagnol, M. le comte d’Ayalg, qui 9 ° Si nous faisons pour un moment l’é- loge d’un gouvernement oĂą le prince se voit. au-dessus des loix , ce n’est pas que nous le souhaitions' pour la France, ce n’est pas qu’il puisse ĂŞtre dĂ©sirable , ni pour un souverain , ni pour une nation. Notre unique objet est de prouver que FautoritĂ© d’un seul, telle arbitraire qu'elle soit, devient prĂ©fĂ©rable Ă celle d’assem- blĂ©es tumultueuses oĂą d’insolens parvenus , ne professent cet amour violent & fastueux de la libertĂ© , que pour mieux vient de publier un excellent ouvrage intitule De la libertĂ© U de l’égalitĂ© des hommes U des citoyens, dit en parlant des deux lĂ©gislateurs qui ont prĂ©cĂ©dĂ© la convention nationale Une as- „ semblĂ©e qui ne se respecte pas, qui ne respecte 3, pas l' publique, est le plus cruel, le „ plus dĂ©testable de tous les tyrans. Ceux - ci font jj le mal en tremblant, tandis qu’elle le fait dans „ une forte de calme , qui doit causer un frisson- 33 nement de peur & d’horreur aux peuples qui ,3 vivent fous fa domination, & Ă ceux qui n’en „ font pas sĂ©parĂ©s par des rochers inaccessibles. 33 Çhaji. 6 . page 160, 9t caclier leur goĂ»t pour l’indĂ©pendance de toute autoritĂ© lĂ©gitime, oĂą ils ne se courbent devant le peuple quejusqu’au moment oĂą ces ambitieux peuvent donner l’eĂĂŻor Ă leur fureur de dominer i . x Lorsqu’en septembre 1790 , on voulut restreindre la prĂ©rogative royale de S. M. Polonaise, un des membres de la diete, le sieur Kie- 7ĂŚnski, protesta en ces termes “ Si le roi a lu con- M descendance de laisser mettre en dĂ©libĂ©ration ce qui est suffisamment Ă©tabli par les Pacla „ Connenta , c’estĂ nous Ă ne point le souffrir, à „ nous fur-tout qui mĂ©prisons les factieux, & 3 , qui sommes convaincus par l’expcrience que „ que les prĂ©rogatives royales, que le trĂ´ne, en , 3 un mot, sont le seul & vĂ©ritable rempart de la „ prospĂ©ritĂ© publique. Plus les pouvoirs feront 3, divisĂ©s, moins le gouvernement aura de nerf, „ L’Etat languira & finira par tomber dans le 33 nĂ©ant. Craignons les faux amis du peuple qui „ ne veulent avilir la majestĂ© royale que pour pouvoir exercer plus sĂ»rement leur despotisme „ infiniment plus fatal au peuple que celui dq 53 roi le plus absolu. „ j\l. Nççker a Ă©crit il que la puissance immo- l 92 Dans ees derniers temps on a beaucoup citĂ© CharJemague . comme Celui de nos princes qui a le pins associĂ© Tente de fa nation au gouvernement de l’empire. On a Ă©tĂ© jusqu’a le reprĂ©senter comme soumettant dans les Champs de Mars Ă la dĂ©cision du peuple , tout ce qu’il souhai- toit d'innover dans l’admĂniltration. Cependant l’abbĂ© de Mably, auteur claffi- que des rĂ©volutionnaires, convient que dans les capitulaires, CharĂ®emagne pre- noit le titre de lĂ©gislateur suprĂŞme. Ce mĂŞme auteur a puisĂ© dans Hincmar un tableau des assemblĂ©es de ce temps, qui „ dĂ©rĂ©e d’une assemblĂ©e composĂ©e des repiĂ©seru ,, tans de la nation , n’eft pas auffi redoutable que „ le despotisme d’un seul homme, „ Cinq pages plus loin, ils’oublie & nous dit C4 Comment ne ,, seroit-on pas effrayĂ© de l’autoritĂ© d’une as- „ semblĂ©e qm dĂ©cide en un moment & sans appel „ de l’honneur, de la fortune & de la libertĂ© des „ citoyens, d’une assemblĂ©e qui, en proscrivant „ avec une petite majoritĂ© de sufFrases le dĂ©ve- n loppement des avis prĂ©jugĂ©s contraires as. 93 } contraste un peu avec la forme tumultueuse & indĂ©cente de nos prĂ©tendues lĂ©gislatures. L'assemblĂ©e , dit Hincmar, qui se tenoit Ă La fin de Vautomne , après que la campagne Ătoìt finie , rìétoìt composte que des seigneurs les plus expĂ©rimentĂ©s dans les affaires. . On recherchoit la cause des abus prifens , & on travailloit Ă prĂ©venir les maux qu'on avoit Ă craindre. Jamais le public nĂ©. toit infiruit des vues, des dĂ©bats, des projets , ni des rĂ©solutions de cette assemblĂ©e. Un secret inviolable ernpĂŞchoit que les Ă©trangers ne pus- » sentiment de cet f e majoritĂ©, assure par sa ty- » rannie sur les opinions, spn despotisme envers w les personnes ? Comment ne feroit - on pas M effrayĂ© del’antoritĂ© d’une assemblĂ©e qui, fur le s , rapport d’un de ses membres, & fans daigner ,, Ă©couter ni les aeensĂ©s, ni leurs dĂ©fenseurs, remplit les prisons de ses victimes? „ Du pouvoir exĂ©cutif ,pag. 347. M. Neckeren nous peignant si au vrai le despotisme de PAflemblĂ©e Nationale, auroit bien dĂ» nous expliquer ensuite, en quoi il est moins redoutable que le despotisme d’un seul. 94 fint se prĂ©cautionner contre les entreprises dont ils Ă©talent menacĂ©s, & que dans r intĂ©rieur mĂŞme du royaume , des rnĂ©contens ou des esprits jaloux & inquiets s'opposajsent par leur intrigue au bien public. Eginard , en pariant d’une de ces assemblĂ©es, fait dire ces paroles Ă Charlema- gne J’ai figĂ© au milieu de vous , & f ai pris part Ă vos dĂ©libĂ©rations , non - seulement comme tĂ©moin , mais encore comme votre roi & votre juge. Le vrai est que Charlemagne comme nous l’a dit Montesquieu tint le pouvoir de la noblesse dans ses limites, empĂŞcha l’oppreffion du clergĂ© & de l’homme libre , mettant un tel tempĂ©rament dans les ordres de l’Etat, q u'ils furent contrebalancĂ©s, & qu’il resta le maĂ®tre. Tout fut uni par la force de fĂłn gĂ©nie ; mais ses successeurs moins habiles & moins fermes ne tardèrent pas Ă voir que des administrateurs en trop grand nombre, & recevant trop de puissance de leurs emplois , font Ă©galement nuisibles Ă la prospĂ©ritĂ© de l’Etat, & Ă la nĂ©cessaire dignitĂ© de son chef. l 95 'Hugues Capet ayant observĂ© que le droit de rendre la justice uni Ă la profession militaire, avoit Ă©tĂ© une des causes principales de la chĂ»te des premieres races, ce prince & ses descendans firent en sorte que la noblesse n’eĂ»t plus, pour unique occupation que la guerre. Ils la tinrent en activitĂ© durant la paix, en favorisant le goĂ»t de la chevalerie i , en i “ Les chevaliers qu’on appelloit en latin „ Milites , Ă©toient l’élite non - feulement de la noblesse , niais encore de ceux des sujets qui ,, possĂ©doient les vertus les plus Ă©minentes. Ils „ etoient les plus fermesjoutiens des trĂ´nes , les ,, protecteurs desfoibles U desopprime's , la ter- ,, ra/r des brigands , les amis de P ordre U de la ,, police , le flĂ©au de tous les novateurs , U des „ perturbateurs du repos public. Aussi les rois & „ les princes les plus sages se sont-ils toujours ,3 appliquĂ©s Ă les maintenir, en les rappellant ,3 aux anciennes loix. „ Hist. de la noblesse hĂ©rĂ©ditaire , page 282. chap. 17. De cet esprit de chevalerie, il ressortit des traits qui seroient incroyables, fi les historiens les plus dignes de fol ne nous les transinettoient. Tels font les. l 96 JtìuĂ®tĂ®pliaut les JoĂ»tes & les Tournois, 8Ă© en ne nĂ©gligeant rien de ce qui pouvoit lui faire abandonner les pĂ©nibles fonctions de la judicature. faits de Duguesclin, dont le marĂ©chal d’EnclrĂ©- ghen disoit “ Si ce Bertrand ctoĂ®t roi de JĂ©ru» j, lalem , tous les Payens ne Ăeroìent pas capa- j, blĂ©s de lui rĂ©sister. Tels font les faits d’uri Boucicaud, d’un Captai du Buek, qui avec foi» Xante chevaliers, suivis de igo hommes Ă euX § attaquèrent, mirent en dĂ©route & tuefent fepĂ‹ mille hommes d’une nombreuse armĂ©e de ces Jacquets, qui en ĂŻ^g vouloient exterminer la noblesse. L’hrstoire de la maison militaire des rois de France, prĂ©sente un nombreux catalogue des brillans exploits de nos nobles Français; mais nous observerons qu’ils durent leurs plus Ă©cla-j tans succès Ă leur attachement auX ioix de la chevalerie , Ă la vĂ©nĂ©ration des jeunes gens pour' leurs anciens, & au respect des gentilshommes pour ces noms illustres qui dĂ©signèrent tant d s' hĂ©ros. Tout noble doit se piquer de se conduire auĂîì noblement que qui que ce soit, mais pour le maintien de Tordre, il faut qu’rly ait des grada» lions parmi la noblesse , ainftque dans tout autre' Etat. Les { 97 Les nobles & les prĂŞtres furent rem* placĂ©s dans le maniement des affaires publiques, par des hommes de loix, aux- quels la sagesse du gouvernement & l’es- time de leurs contemporains ouvraient Ă©galement une brillante, une utile carrière. Alors une subordination plus rĂ©elle s’établit; les dĂ©sordres devenus plus rares eurent des suites moins funestes. Les français , fous le regue de Louis VIII, commencèrent Ă soupçonner qu’il Ă©toit nĂ©cessaire Lavoir dans l’Etat Une puissance qui en unit , resserrât & gouvernât par un mĂŞme esprit toutes les parties divisĂ©es. Un sentiment encore confus Ăaisoit entrevoir le besoin d’un lĂ©gislateur unique. La confiance qu’inspira St. Louis, contribua beaucoup Ă replacer dans la main du prince, cette puissance lĂ©gislative, dont Charlemágne ávoit st bien usĂ© , & sans laquelle un roi ne peut assurer la tranquillitĂ© du royaume. Ce retour de soumission vers le trĂ´ne n’éprouva aucune opposition , parce qu’on Ă©toit excĂ©dĂ© de tontes parts des abus des autoritĂ©s locales. G 9 * Ă Ainsi qu’en cc moment, le peuple Français souffre Ă©galement du silence forcĂ© de ses anciennes loĂx, & des ordres arbitraires d’une tourbe innombrable de tyrans. Cependant les seigneurs avoient encore assez de pouvoir pour qu’il nuisĂ®t i Voici ce qu’on lit dans une lettre Ă©crite en 178s, oĂą fauteur s’explique avec beaucoup de , vĂ©hĂ©mence contre les ordres arbitraires “ Lorsque nos rois dĂ©livrèrent les provinces du 5, joug des tyrans fĂ©odaux, on vit les peuples w accourir avec confiance Ă l’abri du sceptre pa- „ terne!, en conservant quelques coutumes aux^ „ quelles ils Ă©toĂ®ent attachĂ©s, & qui ne contra - ,, rioicnt point l’intĂ©rĂ©t collectif. Par - tout le j, respect pour Jes mĹ“urs appella la raison, l’é- 5, quite, la loi naturelle pour rĂ©gler l’autorĂtĂ© & „ l’obĂ©issance. Le souverain eut un pouvoir ab- 5, solu pour protĂ©ger & pour conserver... & les „ ujets recouvrèrent une libertĂ© qui n'eut d’au- ,, tre borne que les loix qui defenc’ei ce nuire. 3 , Pendant ce grand ouvrage, en tort lieu, en ,, route cu confiance , nos rois flipulerent pour ĂŻ, l’humanire. Quels droits Ă fa reconnoissance 1 „ Lettre de AL de LcdtnĂŻoild M. de BergaJTe. C 99 Ă l’unitĂ© d’autoritĂ©, sans laquelle j dans M grand pays, rien ne Va au bien. Ce ne fut que fous les derniers regnes oĂą l'on vit les ministres qui concilièrent Je mieux leur attachement Ă la gloire du souverain, & la connoissancè des vrais intĂ©rĂŞts du royaume, travailler avec succès Ă affoiblir l’autoritĂ© des grands vassaux. Us prĂ©fenterent Ă ceux-ci de stĂ©riles distinctions j & des dĂ©corations en Ă©change de droits utilĂ«s. Dans le mĂŞme temps on accordoit Ă 1 Ă©lite des plĂ©bĂ©iens , des emplois dont l’impoitance rendit bientĂ´t leur condition plus solidement avantageuse que celle de la majeure partie des seigneurs; Successivement toutes les places depuis le syndic d*une communautĂ©,Ă remonter iusqu’aux dĂ©positaires immĂ©diats de la confiance de nos rois, devinrent la rĂ©compense de quiconque montra des talçns. Comme nou- savons dĂ©jĂ fait observer, l’éloquence jointe Ă la probitĂ© fit arriver aux premiers emplois de robe & de l’administration. Ainsi le gouvernement se yit aidĂ© de tous cĂ´tĂ©s par Gij 100 la louable ambition de tous les Rrançals recotnmandab'es, & la noblesse satisfaite d’êtte en quelque forte exclusivement employĂ©e Ă la garde de l’Etat, ne pensit plus Ă fe mĂŞler de l’administration. Elle envisagea presque comme un crime de fĂ©lonie , de ne pas fe consacrera la profession des armes; elle n’eut garde de priver sĂ´'n pays de ses plus sĂ»rs dĂ©fenseurs , elle remplit les armĂ©es de cet esprit qui les rendit triomphantes ; elle remplit l’univers dĂ© f Ă©clat de fa valeur. Rien ne se croisoit, rĂĂŞn ne se confondoit pins; la royautĂ© Ă©t’oĂŻt le point central auquel tout abou* tĂssoit. L’agrandissement du royaume, la prospĂ©ritĂ© dont nous le vĂ®mes jouir fut de plus en plus l’heureux rĂ©sultat d’une balancĂ© sagement tenue. On ne s’avisoit plus de croire qu’après avoir vieilli dans l ? Ă©tat militaire , on fut prOpre Ă manier tous les autres ressorts du gouvernement; ressorts nĂ©cessairement compliquĂ©s dans une vaste machine. On penfoit encore moins qne toute espece d’éducation , que tour genre d'habitude fussent propres Ă l ĂŤOI forstier des officiers capables de bien obĂ©ir, & de bien commander. Christine de Pi fan rappelle dans ses MĂ©moires, ce que d st VĂ©gece dans son livre de chevalerie Soìi- vent font profitables en bataille, y celle gens ie Commune , quant efl conduit & gouvernĂ© joub%_ ordre de bons & nobles chevetains. L’état militaire est celui de tous , oĂą le subalterne ne peut ĂŞtre employĂ© utilement que lorsqu’il est rompu Ă sacrifier Ă la discipline , jusqu’à son raisonnement. Mais eu mĂŞme temps il est de la sagesse de tout bon gouvernement de favoriser des prĂ©jugĂ©s qui rendent cette obĂ©issance moins pĂ©nible Ă ceux dont il faut l’exiger. Le jeune paysan qui s’engage & qui fuit Ă la guerre le fils de son seigneur., reçut dès son enfance les impressions d’un respect qu’il tĂ©moigne par instinct & par habitude. II ne peut ĂŞtre aussi aisĂ© de lui persuader que le fils d’un plus riche laboureur que son pere doive Ă force d’argent ou de protection , devenir rapidement son chef. II existe des classĂ©s plus relevĂ©es dans la sociĂ©tĂ©, qui en fob O jij 102 gnant d’avantnge l’éducatiĂ´n de leurs familles , ne letir donnent pas encore celle qni prĂ©pare anx qualitĂ©s militaires. Tous les nĂ©gocians n’ont pas cette opulence qui permette de rendre lems en fans Ă©trangers Ă des habitudes entièrement opposĂ©es au dĂ©sintĂ©ressement que doit avoir un officier ce ne fera point dans un comptoir qu’il prendra le ton noble mais ferme qu’il doit avoir avec fes soldats; le fils du financier, quelque bonne, quelqu’estimable que soit la conversation de son pere , y entendra rarement ce qui fait l’entretien habituel du fils d’un militaire , si & si l’on a vu des i Quoique depuis uue cinquantaine donnĂ©es, la maniĂ©rĂ© d'ènc de la haute finance ne quadre plus avec les satyres de Coileau , il existe encore quelques gens pour qui çes vert furent faits Veux-tu voir tous les grands Ă ta porte courir, M Dit un pere Ă son fils, Pont le poil ya fieurir ? M Prends-moi le bon parti, laisse lĂ tous les livres, 35 Cent francs au denier cinq, combien font-ils ? vingt livres, 0 C’est bien dit, vas, tu fais tout ce qu’il fast lavoir 33 » s 1SZ Ă® en fans de magistrats se distinguer par leur bravoure & leur bonne conduite Ă l’armĂ©e , on conviendra cependant qu’il leur falloit une vocation particulière pour rĂ©ussir dans un Ă©tat anqueĂ® rien dans leurs entours ne les appelloit. Nous n’adopterons pas l’exagĂ©ration de ces tactitiens qui veulent nous per. suader qu’il faut mĂŞme po“ur les grades infĂ©rieurs dans le militaire des talens prodigieux; nous croyons plus certainement qu’il faut fe vouera une grande patience & qu’on ne verra, embrasser avec zele cet Ă©tat, qu’autant que des prĂ©rogatives honorifiques feront passer fur les peines journalières qu’il prĂ©sente. Mais lorsque l’état militaire sera ouvert sans exception Ă tout le monde , lorsque d’être officier ne donnera plus une place distinguĂ©e dans la sociĂ©tĂ© , tout emploi dont les fondions ne seront pas viles, & qui vaudra un millier d’écus , fera sĂ»rement prĂ©fĂ©rĂ© Ă une sous - lieutenance dont la plus forte paye n’approchoit pas Ă beaucoup près de cent pistoles. Alors les rĂ©gimens G iv f 104 } ne seront remplis , comme ils le font maintenant, que de gens auxquels les bassesses feront familières, & qui comme Ă prĂ©sent seront l’objet de la risĂ©e & du mĂ©pris de leurs soldats x. Scrvius Tullius connu par son attachement au gouvernement rĂ©publicain , ne pouvant souffrir que son pays dĂ©pendĂ®t des caprices de la populace , non content d’avoir fait passer toute l’autoiitĂ© dans le corps de la noblesse & des patriciens , ne permit pas Ă la derniere classe de porter les armes peur la patrie , il falloit avoir des foyers pour obtenir le droit de les dĂ©fendre 2. Toute la cavalerie fiit r Nos gĂ©nĂ©raux avant le rĂ©gnĂ© de l'Ă©galitĂ© n’étoient pas dans le cas d’adresser au gouvernement des plaintes semblables Ă celles de Dam. pierre, dans fa dĂ©pĂŞche du ; niai 179; ,Ă la convention , oĂą il dit “ que les officiers d'un j, bataillon font devenus invisibles , au moment „ qu’il falloit aller au combat Toutes ces lettres des gĂ©nĂ©raux rĂ©voluteurs font fans cesse mention de quelques lâchetĂ©s des officiers Ă leurs prdres. ? Rousseau , contract social, page 203, I2K rangĂ©e sous la premiers cla[ft composĂ©e des plus riches & des principaux de la ville t . Chez les Egyptiens , les gens de guerre appelles Calasyriens & Hermotibiens , Ă©toient un corps sĂ©parĂ© dans l’Etat ; il leur Ă©toit dĂ©fendu d’exercer d autre mĂ©tier que celui de la guerre , que les peres enĂ'ei- gnoient Ă leurs enfans. Lycurgue ayant extrĂŞmement goĂ»tĂ© cet Ă©tablissement , sĂ©para de mĂŞme Ă Sparte les gens de guerre , des autres corps de l'Ă©tat. Plutar- que nous dit qii’il Ă©tablit ainsi une rĂ©publique vĂ©ritablement noble & pure. 2 Nous observerons encore que Lycurgue Ă©toit fi pĂ©nĂ©trĂ© de la nĂ©cessitĂ© d’accorder de grandes prĂ©rogatives Ă l’hommede guerre, 1 RĂ©volutions romaines de l’abbĂ© De Vertot, tome i, page 26 . 2 On peut se rappeller aussi la rĂ©ponse que lit ce sage lĂ©gislateur Ă quelqu’un qui lui con- seilloit d’établir Ă Sparte le gouvernement populaire ,afìn que le plus petit eĂ»t autant d’autoritĂ© que le plus grand. Lycurgue lui tourna le dos après lui avoir dit “ Vas rĂ©tablir premièrement chez toi, & nous donne l’exemple io6 } qu’Ă] statua que le nom d’un mort ne seroit gravĂ© sur son tombeau , que lorsque ce seroit, ou un homme qui auroit pĂ©ri sous les armes pour le service de son pays , ou une femme consacrĂ©e Ă la religion. Si dans un gouvernement auĂsi resserrĂ© dans ses limites que celui des LacĂ©dĂ©- rooniens, il y eut par la force des choses des diffĂ©rences si marquĂ©es entre le spartiate , entre l'habitant de la capitale , entre celui du pays, entre celui-ci & les Llotes & les esclaves, ces diffĂ©rences ne sont- elles pas d’une nĂ©cessitĂ© bien plus absolue pour le maintien de la tranquillitĂ© dans une grande nation? Rien ne va, rien ne conduit au bien , si la puissance politique est Ă©galement partagĂ©e entre les diffĂ©rens citoyens. Quand les bras devront faire ce qui est rĂ©servĂ© aux'jambes , la tĂŞte se brisera contre terre , & toute la machine pĂ©rira. Sparte , en distribuant Ă©galement des terres Ă des citoyens, les fit cultiver par des esclaves. Rome en usa de mĂŞme; ie ^07 citoyen romain Ă©toit libre , mais ton t cc joyaux dont elle avoit Ă©tĂ© dĂ©pouillĂ©e. Si les bornes qu’on s’est marquĂ© dans cet ouvrage, permettoient d’exposer ici tout ce qui dĂ©montre incontestablement qu’il n’est point de propriĂ©tĂ©s plus respectables que celles du clergĂ© , les personnes les plus persuadĂ©es qu’il Ă©toit raisonnable des’emparer des biens de l’église , revien- droient Ă sentir que la justice, la politique & l’avantage de l’Etat exigent Ă©galement qu’on restitue aux Ă©vĂŞques & aux curĂ©s tout ce qui jfournissoit Ă leur subsistance & ce qui formoit le patrimoine des pauvres ; mais alors on fe retranche- roit fur la nĂ©ceffitĂ© de dĂ©truire les ordres religieux , pour puiser dans leur fortune les ressources dont f Etat a. si indifpensa- biement besoin. 11 est certain qu’au premier aspect , les monastères ne paroissent pas offrir ni Ă la religion , ni Ă la sociĂ©tĂ© , les mĂŞmes avantages que ceux qu elle retire du clergĂ© sĂ©culier. Les moines , en apparence , ne font bons qu’à eux seuls ; un petit nombre desservent les cures ; la majeure partie d’entr’eii'X , reste dans HmĂ©rieur det C *49 5 cloĂ®tres; mais e’est peut-ĂŞtre moins la faute des ordres religieux que celle du gouvernement, si depuis long-temps on n’apas tirĂ© de ces cĂ©nobites tout l’avan- tage qu’ils pou voient offrir. Cependant la situation de la plupart de leurs maisons presentoit dĂ©jĂ un de ces avantages qu’ou n’a su apprĂ©cier qu’après la destruction des ordres monastiques. Les villes au- roient encore plus englouti les richesses des campagnes , si des abbayes , dans des vallĂ©es Ă l’écart des grandes routes, n’eus- sent Ă©tabli des points de consommation qui se trou voient en dĂ©faut par-tout ailleurs, oĂą les riches propriĂ©taires tiroient les revenus de leurs terres, pour allerles dĂ©penser dans les capitales. Quand fut - il plus nĂ©cessaire de s’oecu- per sĂ©rieusement de l’éducation , qu’à une Ă©poque oĂą les mĹ“urs font arrivĂ©es au dernier degrĂ© de perversitĂ© ? Nous avons souvent entendu dire dans la sociĂ©tĂ©, avant que la rĂ©volution n’eĂ»t fait professer l’athĂ©isme, que s’il n’y avoit pas de religion, il en faudroit faire une pour K iij le peuple. Aujourd’hui fq raison jk l’ex-* pĂ©rience commandent bien plus dĂ©cisi- vement de rappeller les hommes Ă une croyance Ă la fois consolante , & le plus grand frein du vice i. On sentira com-. bien en ce moment il sera difficile de trouver parmi les savans , assez de per> sonnes qui joignent Ă l’art d’enseigner les belles-lettres, ces vrais & purs principes de la religion. D’ailleurs, si comme il faut l’espĂ©rer, il se rencontre des laĂŻcs sages & instruits qui n’aient point donnĂ© , i Rousseau , si souvent citĂ© par nos rĂ©volu- teurs , dit en parlant de l’Evangile “ Sa sain- „ tetĂ© parle Ă non cĹ“ur ; voyez les livres des ,, philosophes avec toute leur pompe, qu’ils sont ,, petits près de celui-lĂ ! Se peut-il qu'un livre „ Ă la fois si sublime & si simple , soit l’ouvrage „ des hommes?. .. OĂą JĂ©sus ayoit-il pris cette „ morale Ă©levĂ©e & pure, dont lui seul a donnĂ© „ les leçons & l’exemple? .. . Ce n’est pas ainsi „ qu on invente ; & les faits de Socrate dont „ personne ne doute, sont moins attestĂ©s que „ ceux de JĂ©sus-Christ. „ Emile, tome III, page 147 & suiy. Ă©dit. de Geneve ,en 1780, 151 ! Ă tĂŞte baissĂ©e , dans les erreurs & les horreurs de la rĂ©volution , le gouvernement aura un tel besoin de ces sujets fi prĂ©cieux Ă retrouver , qu’on ne pourra guçres se priver de leurs talens pour l’ tion , & qu’on ne les renfermera pas dans l’enceinte des colleges. Asm que ces collèges rĂ©pondent Ă ce qu’on doit s’en promettre , il faut donc que les instituteurs y soient eux - mĂŞmes contenus par une subordination, & des rĂ©glĂ©s qui ne font bien connues que dans les conventualitĂ©s- Si l’on veut ĂŞtre de bon ne-soi, on ne niera pas que la suppreĂĂŻion des jĂ©suites avoit fait un tort prodigieux Ă renseignement public, parce que les instituteurs qui les ont remplacĂ©s , ne dĂ©pendantpoint d’un ordre, n'ayant point l’amour-propre , ni les mĂ©nagemens que donne l’es- prit de corps, se respecloient beaucoup moins que des religieux. Lorsque ceux-ci se conduisoient mal dans un college , ils n'Ă©toient pas quittes pour l’abandonner ; des punitions les suivoient par - tout oĂą les renvoyoient des supĂ©rieurs quiconser» K iv 15 * VOĂŹent sur eux une autoritĂ© perpĂ©tuelle. Les colleges qui, après la destruction des jĂ©suites , ont obtenu le plus de considĂ©ration , sont prĂ©cisĂ©ment ceux oĂą les professeurs & les rĂ©gens Ă©toient des religieux. Une fois que Tordre se rĂ©tablira , on ne dira plus, comme un Lequinio Qu il ne saut pas jouiller Venseignement public par des opinions religieuses. On ne souffrira plus qu’on ose annoncer que le peuple sera le seul Dieu , qu’il ne doit pas y en Avoir d’autre i . PensĂ©e barbare autant i Au milieu de toutes les horreurs qui se dĂ©bitent & sc font journellement Ă la commune de Paris, ce rĂ©ceptacle des plus monstrueuses conceptions, un de nos scĂ©lĂ©rats , nommĂ© Chau- mette , a osĂ© dire hautement, & sans contradiction de personne “II faut un jour de repos aux ,, citoyens. II faut un Dimanche ; mais il ne faut ,, pas que le dimanche soit souillĂ© par des su- ,, perstitions. Nous aurons des fĂŞtes fans doute, „ mais des fĂŞtes morales. Nous cĂ©lĂ©brerons les „ Ă©pouses & les meres ; sur-tout les meres qui „ nourrissent leurs enfans. Nous aurons des fĂŞtes ,, civiques; le 10 aoĂ»t, nous aurons un rassenu 153 que folle; pensĂ©e que l’histoire de toutes les nations ne prĂ©senta jamais. Avant d’être Ă©clairĂ©es par les lumières de l’évan- gile , elles eurent un tel besoin d’adorer un ĂŞtre supĂ©rieur , qu’on les vit rendre un culte Ă des dieux qui prĂ©sidèrent Ă toutes leurs ĂonĂ©tions. Un homme d’es- prit a dit, en parlant de l'homme Pour avoir des amis, il se crĂ©a des dieux. Sur la cime des monts habita POrĂ©ade ; Tout bois eut ses Sylvains , tout ruisseau fa Nayade. IVT. Bossuet, en parlant de ce penchant Ă rĂ©vĂ©rer des ĂŞtres inconnus, dit, au sujet des peuples idolâtres , che ÂŁ eux tout Ă©toit Dieu , exceptĂ© Dieu lui-mĂŞme. Mais jamais l’idolâtrie n’inspira la grotesque fantaisie de transformer en DivinitĂ© des forts de la halle, des poissardes & tous les rassemblemens de bandits. Une fois que la persuasive voix de la raison aura Ă©touffĂ© tous les cris insensĂ©s , profanes „ blement, & le peuple fera notre Dieu ; il ns „ doit pas yen avoir d’autre. „ Moniteur n“. 1S2, du 11 juin 1793. & coupables , on voudra qu’une religion bien entendue rĂ©unisse dans le cĹ“ur des enfans , Ă la piĂ©tĂ© filiale , un respect profond & salutaire pour toutes les autoritĂ©s lĂ©gitimes. A qui pourra-t-on mieux confier ce foin si important, qn’à des religieux qui ont rĂ©sistĂ© aux offres trompeuses mais sĂ©duisantes des chefs de la rĂ©volution ? La situation d une grande partie des monastères, & la salubritĂ© de l’air qu’on y respire, rendent ces maisons plus propres qu’aucune autre habitation Ă y Ă©lever j a jeunesse elle n’y retrouvera pas les Ă©cueils qu’on a Ă redouter dans les villes. La dĂ©pense des parents y fera toujours moins forte. Les grandes maisons offriront des emplacemens suffisans, pour avoir des Ă©quitations, & tous les Ă©tablĂsse- mens nĂ©cessaires aux exercices des jeunes gens. C’est de cette maniĂ©rĂ© & de toute autre qu’on tirera le plus grand parti des monastères , en tournant an profit de l’çtat le dĂ©vouement des ministres de la s 155 1 religion. On peut compter plus que jamais de trouver ce dĂ©vouement dans ceux qui ont si bien prouvĂ© ce que peut fur l'homme la croyance cfiun Dieu. Quels citoyens eurent une marche plus ferme, plus noble & plus consĂ©quente, que la très-grande majoritĂ© de nos ecclĂ©siastiques Français? Tant qu’abusant du nom du roi, l’assem- blĂ©e s’en tint Ă l'injuste envahissement du temporel, le clergĂ© ne s’affligea que d’ê- tre privĂ© de$ moyens d soulager les pauvres. Ce 11e fut que lorsqu on attenta Ă la puretĂ© du dogme , cc 11e fut que lorsqu’011 exigea un serinent criminel,que nos prĂŞtres dirigĂ©s & fortifiĂ©s parla conduite de cent vingt Ă©vĂŞques , prĂ©fĂ©rèrent la persĂ©cution & le martyre , Ă tout ce qu’on leur promenois , s’ils eussent cessĂ© de penser en ministres du vrai Dieu. 1 1 Lorsque le maire Bailli, s’étant approchĂ© du curĂ© de Sainte Marguerite , pour exiger la prestation du ferment, eut usĂ© de tout l’art acadĂ©mique, le respectable ecclĂ©siastique lui rĂ©pondit “ Vous pouvez rougir ce pavĂ© du sang que „ je suis prĂŞt Ă verser, plutĂ´t que de manquey i§6 Un corps qui se conduit ainsi , peut rĂ©pondre victorieusement aux reproches dirigĂ©s contre son esprit de corps ; & ce qu’un gouvernement a de mieux Ă faire , est de le laisser concourir volontairement Ă tout ce qui sauvera l'Etat, de la ruine oĂą l’a plongĂ© la fureur des factions. Cependant comme cette fureur a malheureusement atteint un certain nombre de membres de l’ancien clergĂ© tant sĂ©culier que rĂ©gulier , il se trouvera plusieurs maisons religieuses qu’oti fera dans l’im- poĂïìbilitĂ© ou de completter suffisamment, ou mĂŞme de faire habiter. 11 faudra que ]e clergĂ© sĂ©culier recrute parmi les rĂ©guliers , pour remplir toutes les cures que fera vaquer le renvoi des schĂ©matiques. JParlĂ , le nombre des moines se trouvera ,, Ă mon devoir ; mais vous ne ferez jamais rou. „ gir ce front sillonnĂ© par les annĂ©es. „ C’est ce mĂŞme Bailli qui, dĂ©concertĂ© par la rĂ©sistance du curĂ© de S. Rocli, lui dit “ Si j’étois „ le seul lĂ©gislateur, votre religion n’existeroit », plus. „ *57 considĂ©rablement diminuĂ©, & le clergĂ©, soutenu par le gouvernement , trouvera dans la vente de ces biens , les moyens de seconder les bienfaisantes intentions du souverain. i i Ce sera dans le mĂŞme accord, qu’on s’oc- eupera du fore des couvens de filies. Des religieuses dont la conduite n’a pas Ă©tĂ© moins belle, moins courageuse que celle du clergĂ©, veilleront plus attentivement que jamais Ă l’édu'cation de jeunes personnes qu’elles Ă©lèveront de nraniere Ă en faire des femmes respectables, &de bonnes meres de famille. Si la frayeur de fe lier par des vĹ“ux, empĂŞche Ă l’avenir que ces monastères fe soutiennent ou fe relevent tous, plusieurs peuvent offrir le moyen de multiplier des chapitres , oĂą des chanoinesses Cesseront d'ĂŞtre Ă la charge de parens estimables & pauvres. II y auroit de ces chapitres pour diffĂ©rentes classes 5 mais les filles des nobles dans les uns, celles du tiers-Ă©tat dans les autres, s’y verroient soumises Ă une rĂ©glĂ© qui seroit tellement conque & surveillĂ©e, que jamais ces asyles de la religion ne pourroient prĂ©senter un autre degrĂ© de -libertĂ© que celle dont jouit une fille de bien, Ă©levĂ©e sous les yeux d’une mere attentive & pieuse. t 158 Nous ne dissimulerons pas combien lá restitution des biens enlevĂ©s Ă l’églife, contrariera l’intĂ©rĂŞt de nombre de particuliers. On fait qu’en vertu du dĂ©cret de l’AssemblĂ©e Nationale qui abolit les dixmes, elle fit Un prĂ©sent de soixante & dix millions aux propriĂ©taires laies, & qti’ii y en eut lin d’assez bonne foi pour remercier cette assemblĂ©e de lui avoir donnĂ© trente mille livres de rente dfe plus.; rentes auxquelles il n’avoit aucun droit , puifqu’il n’avoit acquis ses possessions , ©u qu’il n’en avoit hĂ©ritĂ© qu’en raison de ce qu’elles Ă©toient grevĂ©es de dixmes mais ces dixmes en mĂŞme temps qu’elles fournissoient i’ahment du clergĂ© tournoient au soulagement de la nation qu’il faudroit imposer au prorata de la somme qu’exigeroit le maintien de 1 â religion >- 1 II est difficile de prĂ©voir ce qui remplace- roit la dixme avec moins de gĂŞne pour le contribuable ; cette redevance est certainement la pius proportionnĂ©e aux bienfaits de la nature , k i 59 On porte le nombre des paroisses eii b'rance Ă 44 mille. L’entretieu des prĂŞtres, fans celui des Ă©vĂŞques , & fans compter les autres frais d u culte, a prĂ©sentĂ© Ă nos prĂ©tendus lĂ©gislateurs une somme de 120,000,000 L. qui les a effrayĂ©s après coup. Dans cette circonstance , comme dans bien d’autres , ils ont dĂ©truit fans penser Ă ce qu’il y avoit Ă mettre Ă la place de leurs dĂ©molitions. Us fe font crus quittes envers une immense quantitĂ© de citoyens qu’ils ruinoient, & envers ceux qu’ils alloient grĂ©ver de charges indispensables , en disant qu’ils ordonnoient ces abolitions , sauf Ă aviser aux moyens de subvenir ctune autre manien Ă la dĂ©pense du culte divin , Ă l'entretien des minijìres des autels , a u soulagement des pauvres , aux rĂ©parations & reconstructions des Ă©glises, presbytères & d tous les Ă©tablijsemens , sĂ©minaire se paye dans un moment oĂą i’homme qui recueille cent gerbes, est le plus en Ăicuatiçn d en abandonner dix. Ă Ă res , Ă©coles , collèges , hĂ´pitaux , communautĂ©s , dĂ©putĂ©, ce fera nous qui rĂ©pondrons pout „ vous. Soyez fans InquiĂ©tude; nous avons der riere nĂ´us des gens qui nous soutiennent, & 5, qui notis soutiendront puissamment. ,, Alors, quelques souverains cruellement abusĂ©s! par des imposteurs, croyoient qu’en allant au* devant des fantaisies du peuple, & en com p tank la noblesse & le clergĂ© peur peu de chose , ils fs lĂ®vroient Ă une sage mesure , mais fur - tout Ă une spĂ©culation de finance certaine ; il faut espĂ©rer qu’ils auront ouvert les yeux sor ce faux calcul, fi Suadere principi, quod oporteat, multĂ laboris assentatio ergĂ principem quemeumque , sineaffectuperagitur. 'lacis, hist. lib. i. i8cs mettre qu’il retournât Ă son gouverne^ ment d’Irlande , ou de consentir Ă ce qu’il allât reprendre le commandement de l’armĂ©e dans le comtĂ© d’Yorck. Charles I, loin de prĂ©voir que son autoritĂ© touihoit de JĂ® prĂ©s au terme fatal , lui promit fa pro- tecĂion & C assura que le parlement n oserait pas toucher Ă un seul de fes cheveux. Ă Louis XVI fut de mĂŞme induit en erreur, mais elle Ă©toit bien pardonnable. Quel roi fut plus aimĂ© ? quel roi mĂ©rita mieux de Tètre! C’est de ce prince qu’on peut dire comme Horace le difoit de Quintilius ĂŻhonneur , la bonne foi, soeur incorruptible de lajujlìce , retrouver ont-elles jamais un mortel qui lui ressemble z ? Mais fi son Ă©loge paroiffoit suspect dans un sujet fidele , fit l’on osoit encore penser que ce prince Ăşe mĂ©ritât d’être louĂ© que du courage qu’il montra dans les plus horribles crises, i Hume , tome V, page 25 2 ..Cui pudor& justìtiĂe soror, „ Incorrupta iides, nudaque Veritas, ,, Quaudò uiiuni inventent parem ? { Ă8i Ă® {r & qu’Ji conserva dans ses derniers momens ; alors , pour le mieux juger , qu’on se rappelle ce qu’un orateur fameux disoit au parlement d’Angleterre Le roi de France s eji dĂ©pouillĂ© d,u fajle & de la pompe de la royautĂ© ; mais il a montĂ© une marine. 11 a rĂ©duit le nombre des personnes de son service ; mais il a augmentĂ© celui de ss vaisseaux. II a retranchĂ© de son Ă©clat personnel ; mais il a donnĂ© Ă la France des forces navales qui immortaliseront son rĂ©gnĂ©. Son peuple devenu grand & formidable sous fa domination , ne gĂ©mit pas fous le fardeau des impĂ´ts auxquels il faut ordinairement qu une nation fe soumette pour acquĂ©rir de la grandeur & inspirer de la crainte. VoilĂ de la vraie gloire , voilĂ de la rĂ©putation bien mĂ©ritĂ©e , voilĂ un rĂ©gnĂ© qui peut Ă©lever le nom de i Qui pourroìt oublier, que le 20 juin 1792, lorsqu’au moment d’être massacrĂ© , il se trouva un grenadier qui, bien intentionnĂ© pour le roi, lui dit " N’ayez pas peur „ Louis XVIlui prit la main, la mit fur son cĹ“ur & lui rĂ©pondit “ il ne bat pas, il ne craint rien, il est pur M iij 55 182 'Louis XF1 amdejjus mĂŞme du rĂ©gnĂ© fi vante de Henri IF. La France Ă©toit en guerre avec l’An- gleterre, lorsque M. Burck tenoitce langage. Deux après , l’AmĂ©rique con- sacroit un monument Ă la gloire de Louis XVI , & la reconnoiffance gravoit fur l’airain ces mots fi vrais “ Optimq RĂ©gi „ Ludovico XVI. Dans le mĂŞme temps , une ville de France, oĂą la rĂ©volimon eut depuis ,-le plus sinistre caractère, plaçoit au pied d’une image chĂ©rie , cette inscription ; " A Louis XVI, âgĂ© de 26 ans,,. DĂ©jĂ notre roi avoit Ă©tĂ© en Europe f arbitre des plus importantes querelles; dĂ©jĂ il avoit supprimĂ© dans ses domaines toute espece de servitude ; dĂ©jĂ il avoit fait effacer du code criminel tout ce qui se sentoit de la barbarie des siĂ©cles passĂ©s. On a brisĂ© le marbre oĂą se lisoit Louis de son domaine a banni l’esclavage , A IAmĂ©rique , aux mers il rend la libertĂ© , ' i83 Ses loixfont des bienfaits ,fesprojetsfont d’un sages Et la gloire le montre Ă VimmortalitĂ©'. On ne se rappelle plus , que des pauvres secourus dans un cruel hiver par la vigilante bontĂ© du roi, s’unirent pour donner un essor Ă leur gratitude. Ils se porterent en foule au Louvre, ils formerent en un instant un obĂ©lisque immense; bientĂ´t on y vit attacher cet hommage si lâchement oubliĂ© Louis , les indigens que ta bontĂ©'protĂ©gĂ© , Ne peuvent t’élever qu un monument de neige ; Mais il plaĂ®t davantage Ă ton cĹ“ur gĂ©nĂ©reux , J fie le marbre payĂ© du pain des malheureux. Cette scene touchante se passoit le 2 r janvier 1784. Qui eĂ»t pensĂ© alors qu’à pareil jour , neuf ans après , tout un peuple verroit en silence , ou encourageroit par des cris fĂ©roces , les meurtriers d’un si bon maĂ®tre ? Lorsque l’on considĂ©rĂ©, que LouisXVI n’eut jamais d’autre occupation que celle de rendre ses sujets heureux ; qu’il en fut respectĂ© & chĂ©ri, jusqu’au moment oĂą M iv 184 des factieux communiquèrent leur frĂ©nĂ©sie Ă la nation ; i quel est le souverain qui peut se flatter dĂ©sormais de regner paisiblement, si l’esprit de vertige n’est pas terrassĂ© par la plus grande fermetĂ© ? BientĂ´t on verroit'les peuples & leurs instigateurs remettre en vigueur cette terrible , cette monstrueuse maxime de J. J, Rousseau , lorsqu’il dit En tout Ă©tat de catife , un peuple cfl toujours le maĂ®tre de changer ses loìx , mĂŞme les meilleures car s il lui plait de Je faire mal Ă lui-mĂŞme , qui ef~ ce qui a le. droit de l'en empĂŞcher ? i “ Au milieu du plus beau royaume de „ l’univers , existant avec gloire depuis quatorze „ siĂ©cles, se rĂ©unirent cout-Ă -coup cinq ou six „ cents pervers, couverts de crimes & de dettes, ,, dĂ©vorĂ©s d’arabition , fans conscience, sans reli- „ giort, fans aucune forte de courage, gens in, „ connus ou dĂ©shonorĂ©s ; & c’est fous leurs pok „ gnards qu’à expirĂ© la monarchie c’est par leur „ volontĂ© que fe brisent nos autels & s’anĂ©antit , 3 la religion de nos pores. „ C’est un dĂ©pute siĂ©geant Ă l'AssemblĂ©e Nationale qui, en 1791, esquissoit les objets qu’il avoir fous les yeux, i§5 Le temps n’est pas Ă©loignĂ© , oĂą montant fur le trĂ´ne des CĂ©sars , un grand prince trouva dans bien des parties de ses Etats hĂ©rĂ©ditaires, le germe de la rĂ©volution. La constitution avoit de zĂ©lĂ©s partisans dans le Milanois, dans le Tyro! ; elle Ă©chauffa les tĂŞtes des paysans de la Carniole & de la Carinthie. Un orateur de ces paysans osa rappellera son souverain ce qui ctoit dĂ» Ă LĂ©galitĂ© , aux droits de l’homme & Ă la majestĂ© du peuple. Sans la promptitude & l'habiletĂ© avec; lesquelles rassemblĂ©e de TĂ©mefwar fut créée, la manie constitutionnelle fai- foit des ravages en Hongrie. On la trou- voit dans la harangue d’une dĂ©putation de cinquante - deux personnes par-tout on avoit les yeux ouverts fur ce que vaudroit aux peuples des Pays-Bas leur rĂ©bellion. François II, arrivĂ© au suprĂŞme pouvoir , dans des circonstances moins critiques , eut l’art de rallier tous les cĹ“urs aux intĂ©rĂŞts de ses couronnes. Mais ce qui rĂ©ussit aujourd’hui , ce qui rĂ©ussit pendant une fuite d’annĂ©es glorieuses, i86 c fl toujours sujet Ă changer dans bien peu de temps, si les peuples ont près d’eux des exemples de rĂ©voltes impunies ; l i Qu’il foie permis d’obferver que, vraisemblablement Dumourier & ses adhĂ©rens n’eussent pas trouvĂ© tant de facilitĂ©s dans ^envahissement des Pays-Bas Autrichiens , fi le gouvernement eut repoussĂ© avec une juste indignation les principes dĂ©mocratiques que renferme!t une adresse prĂ©sentĂ©e en mars 1791. Entr’autres phrases dictĂ©es par l’efprit du moment, on lit " II nous „ reste Ă proposer Ă votre MajestĂ©, de mettre fin ,, une bonne fois & de la maniĂ©rĂ© la plus lĂ©gale, ,, Ă tous les abus qui ont pesĂ© jufqu’ici fur le „ peuple. Vous paroisse? jaloux , Sire , de fa con- „ fiance ; eh bien , il n’y a qu’un moyen de l’ob- „ tenir toute entiere, c’est d’interroger ce peu- „ pie, de lui demander Ă lui-mĂŞme quelle est fa volontĂ© , quels font ses dĂ©sirs,,. 11 faut convenir que ce ton avoit Ă©tĂ© provoquĂ© par le souvenir de la dĂ©claration' qui, un an auparavant, portoit ct que le produit des imposi- S tions feroit consommĂ© dans le pays ; que l’ar- „ niĂ©e prĂŞteroit [ferment au souverain & Ă la „ nation ; qu’elle ne feroit composĂ©e que de na- 5, tionaux, & ne pourroit ĂŞtre employĂ©e hors „ des Pays-Bas ; que l’avancement des grades i87 on ne peut pas constamment entretenir des armĂ©es formidables , on ne peut pas „ n’auroit lieu que fur la prĂ©sentation des Etats, „ & que ces Etats Ă©toient invitĂ©s Ă imaginer telle- forme qu’ils voudroient pour lier leur nou- ,, veau souverain & fa postĂ©ritĂ© L est ainsi que le sĂ©ditieux rĂ©sultat du conseil d’Etat,du 27 dĂ©cembre 1788 -> Ă©chausta, Ă©gara les tĂŞtes des François , & leur fit former des demandes qui, d'abfurditĂ©s en absurditĂ©s ont prĂ©cipitĂ© la monarchie, le monarque & couvert de deuil, de malheurs & d’opprobres un vaste & superbe pays. Vraisemblablement les communes du Hainaut n’auroient jamais prĂ©sentĂ© leur adrelfè, lì elles n’eussent pas Ă©tĂ© beaucoup trop instruites de la politique qui existoit encore alors, & qui croyoit qu’il y avoit en fin de compte, de grands avantages Ă retirer pour le souverain, de l’huniiliation des premiers ordres de l’Etat. C’est ce qui se voit clairement dans la lettre Ă©crite Ă ces premiers ordres , le lendemain de l’adresse des communes. " Quelqu’illĂ©galement & indĂ©cemment qu’ait Ă©tĂ© „ exprimĂ© hier le vĹ“u public , il ne peut plus ,, vous ĂŞtre douteux satisfaites - le donc, mef- „ sieurs, tandis qu’il en est temps encore ; & con- „ fiez-vous á l’empereur, pour que fa sagesse & i88 toujours saisir le point juste , entre une sĂ©vĂ©ritĂ© & une indulgence trop grande. La mĂ©chancetĂ© est plus vigilante que ceux qui la doivent rĂ©primer , elle saisit un moment favorable, elle atteint son but, alors qu’on ne se doutoit pas qu’elle y visât. Dans un ouvrage qui parut en 17g t , on lit avec plaisir tout ce qui est rapportĂ© fur le rĂ©gnĂ© de FrĂ©dĂ©ric II, fur ce rĂ©gnĂ© si extraordinaire , fur cet Ă©tonnant gĂ©nie qui crĂ©a une monarchie redoutable qui, comme le Santorin , 1 s’éleva brusquement au milieu des flots irritĂ©s. Le mĂŞme Ă©crivain dit que pur La valeur de ce hĂ©ros , P Etat Prussien ejl un gĂ©ant plein de nerfs , auquel il manque de la chair. II vient de „ fa bontĂ© infinie concilient les dĂ©sirs de la na- „ tion avec les loix & avec l’organifation consti- „ tutionnelle du pays,,. 1 Les anciens ont Ă©crit que ThĂ©ra, l’ancien nom de l’isle Santorin , Ă©toit sortie du sein de la mer , ainsi que Rhodes & DĂ©los. II paroĂ®t que c’eĂl une fable , mais il n’est pas question d’examiner çe point d’ivĂloire naturelle. iS9 ì s’approprier ce qui augmentera beaucoup fa substance. Mais c’est dans cette nouvelle acquisition , c’est dans les motifs allĂ©guĂ©s pour s’arrondir, que l’on trouve des motifs plus dĂ©cisifs encore pour que la cour de Berlin ne fe montre pas favorable Ă la constitution de 1791. Laissant de cĂ´tĂ© tout ce que l’excestive libertĂ© que promet cette constitution , offre de contraste avec le rĂ©gime des anciens domaines Prussiens , ne considĂ©rons que ce qu’il y a Ă redouter de l’efprit d’indĂ©pen- dance qui a fait des progrès en Pologne. Pourroit-ou-fe flatter que les babitans des pays nouvellement rĂ©unis Ă la Prusse fe rĂ©veilleront par le fait mĂŞme de ces rĂ©unions, avec une autre maniĂ©rĂ© de penser? N’est il pas au contraire Ă craindre qu’en s’unissant Ă une masse oĂą la dĂ©mocratie cherche depuis long-temps Ă s’insinuer, oĂą elle a mĂŞme fait des progrès , les nouveaux sujets ne corrompent facilement les anciens? EfpĂ©reroit - on Ă la longue que la force militaire parvint toujours Ă rĂ©duire des mouveroens de rĂ©bellion? Le 1 9 ° soldat en France s’engageoit volontaĂre- ment, se croyoit autrefois fort au-dessus du paysan ; enfin il Ă©toit beaucoup plus sĂ©pare de ses compatriotes qu’il ne Test en Prusse, oĂą le gouvernement peut obliger tout homme de servir , & de servir pendant toute sa vie. On objectera que l’armĂ©e Prussienne est; en grande partie formĂ©e d’étrangers enrĂ´lĂ©s par force ; mais c’est par cette raison que s’ils n’affectionnent pas le pays oĂą ils servent, on ne peut gueres supposer qu’ils aiment davantage leurs drapeaux. L’autre partie de l’armĂ©e Prussienne est composĂ©e de nationaux qui, en temps de paix , n’ont que deux mois de service , & dont les rĂ©gimens font dans les districts , oĂą les dix autres mois ces soldats redeviennent paysans ou ouvriers. Seroit- il bien sĂ»r , dans une rĂ©bellion , de faire marcher de tels hommes contre la ville ou le village qui fournissent les cinq sixièmes de TannĂ©e Ă ieur subsistances & oĂą ils ont tout ce qui peut les attacher Ă la vie ? *9 r LĂ donc plus qu’ailleurs, le souverain ne doit se promettre une paisible obĂ©issance de ses sujets , que Jorsqu’elle aura sa base dans l’opinion ; que lorsque ce sujet ne croira pas fa condition par trop infĂ©rieure Ă celle des autres peuples ; que lorsqu’il ne lira pas, que lorsqu’il ne se dira pas que son maĂ®tre a sanctionnĂ© la rĂ©volte d’une nation , & coopĂ©rĂ© Ă ce qu’un roi de France ne fut replacĂ© furie trĂ´ne que pour ĂŞtre roi de nom & nullement de fait. Les nouveaux domaines de la maison de Brandebourg i vont recevoir une nouvelle constitution ils ne conserveront point le rĂ©gime qu’ils avaient fous l’anarchie Bolonaise. Si la constitution Française de 1791 Ă©toit , comme on sa publiĂ©, si sage, si solide, pourquoi ne l’adopteroit-on pas pour le gouvernement de ces acquisitions ? Pourquoi, portant la guerre en France, n’imiteroit-on 1 On en Ă©value la population Ă 1,136,389 âmes. f 9* pas ceux des conquĂ©rans qui adoptaient ce qu’ils trouvoient de bon chez les peu- p!es vaincus par eux ? Mais non , les princes qui occupent en ce moment les grands trĂ´nes de l’Europe , font trop sages pour vouloir chez eux de la constitution Française de 1791. C’étoitavec les rapsodies dc cette constitution qu’011 avoit administrĂ© la Belgique & la principautĂ© de Liege. La première opĂ©ration de fautante lĂ©gitime sut de rappeiler tout Ă l’ancien ordre; cependant st les souverains croyoient devoir des Ă©gards aux prĂ©tendus vĹ“ux Ă©mis par la multitude, ils eussent donnĂ© quelqu’at- tentĂon Ă toutes ces adresses de remercie- mens, Ă toutes ces demandes de rĂ©union Ă la France , adressĂ©es par les Belges & les LiĂ©geois aux peres conscripts de la convention. On se se roi t rappelle que cette convention avoit dans son sein ces mĂŞmes hommes nagueres les plus zĂ©lĂ©s promoteurs du rĂ©gime constitutionnel. 1 On 1 Plusieurs ctoicnt de l’aĂsemblce constituante. anroit { '9Z tiuroit observĂ© qu’une grande partie de§ fĂ©glemcns donnĂ©s par Ă®es conqnĂ©ráns rĂ©- voluteurs , quoique rĂ©digĂ©s par le jacobinisme , tenoient aux principes constitit- tioiinèls de 179t. On ne s’est pas arrĂŞtĂ© Ă d'austì misĂ©rables considĂ©rations , parĂ©e qu’encore une fois , il n’est pas de prince assez ennemi de son peuple, assez indiffĂ©rent sur la dignitĂ© & la conservation de sa couronne » pour vouloir cheá lui une constitution qui ne donna pas un instant de bonheuf Ă la Franéë; enfi n , une machine dant le jeĂ»na jamais rĂ©joui C Ĺ“il de fĂ©s aftisans , parcs qu elle n'a jamdis marchĂ© un seul jour \ qui ria pu assurer la vie ni les propriĂ©tĂ©s de perm sonne, 1 qui a fait des milliers d’itl- fortunĂ©s , & qui a rendu le Français atrĂ´* ce & rĂ©gicide. La maniĂ©rĂ© dont l’Angleterre a repoussĂ© toute fraternitĂ© avec nos rĂ©voluteurs t l’accueil fait aux Ă©migrĂ©s & Ă nos vertueux ecclĂ©siastiques, tout nous promet qu'une 1. De la viede M. De la Fayette , pat JVL de Rivaie!. N f 194 Ă® nation qui vient de se montrer auffi gran» de, auffi sensible, auffi gĂ©nĂ©reuse, n’é- coutera jamais aucune proposition d’hom- mes rebelles & perfides, d’hommes in- fracteurs des loix divines & humaines. Le cabinet de S. James , aujourd’hui si distinguĂ© par ses lumières, sentira toute fimportance du rĂ©tablissement de la royautĂ© en France, & combien il estdel’intĂ©- tĂ©rĂŞt du gouvernement Britannique que rien de semblable Ă la constitution de T791 , ne s’établisse dans un Ă©tat si voisin de l’Angleterre. - Sans doute , Rousseau a poussĂ© les choses beaucoup trop loin , en disant Lepeu- pfe-Anglais pense ĂŞtre libre , il j'e trompe fort ; il ne r r fl que durant FĂ©lection des vtembres du parlement. SitĂ´t qu’ils font Ă©lus , il efl esclave. 11 rĂtfì rien dans les courts momens de fa libertĂ© ; Fus âge qu il en fait, mĂ©rite lien qu il la perde. Des hommes dont le jqgement est respectable ont avancĂ© que le gouvernement Anglais Ă©toit le chef- d'Ĺ“uvre de l’èsprit humain. D’autres , dans des Ă©crits sagement raisonnĂ©s, ont C 195 prĂ©tendu que si les pouvoirs distincts res- toient daĂşs le quadre que leur affigne la constitution , ils s’y clioqueroient perpĂ©tuellement en masse; que rarement rĂ©Ăul- teroit-il des mesures Ă©nergiques & utiles de cette lutte ; & qu’elìe n’est avantageuse qu’au moyen de ce q u'avec une adresse infinie , l'un des pouvoirs se rend maĂ®tre des autres. Moins tranchans dans nos opinions , nous ne dĂ©ciderons pas Ăi la constitution Anglaise est auffi bonne en elle - mĂŞme , qu'elle est habilement maniĂ©e par qui sont au timon des affaires , & particulièrement dans ce moment- ci; mais toujours est-il vrai que, l’Anglais en gĂ©nĂ©ral, croit plus Ă fa libertĂ© qu’il ne la raisonne, & qu’il souffriroit impatiemment qu’un peuple , avec lequel il doit avoir des rapports si journaliers & si immĂ©diats , parut plus libre que lui. Le roi d’Angleterre peut dissoudre son’ parlement, lorsqu’il juge cette mesure nĂ©cessaire. La constitution Française de 1791 , porte que Le corps lĂ©gislatif ne pourra N ij r 96 ĂŞtre dijsous i . La constitution Française annulle toute distinction ; il n’est pas de pays au monde oĂą les ordres soient plus sĂ©parĂ©s qu’en Angleterre , en Ecosse & en Irlande. Les seigneurs d’Ëcosse ont des droits qui approchent de ceux de la souverainetĂ© ; il y a une distance, Ă©norme entre les Pairs des trois royaumes & la noblesse non titrĂ©e. La constitution de 1791 a rĂ©duit le clergĂ© qui a jurĂ© ses dĂ©crets, Ă des gages très - prĂ©caires ; le clergĂ© d’Angleterre & d’Irlande possede des propriĂ©tĂ©s, des revenus propres Ă soutenir sa grande existence , & son influence dans le gouvernement. Combien ces richesses & celles des Pairs , combien la primatie hĂ©rĂ©ditaire de ceux-ci ne prĂŞtent-elle pas Ă la jalousie de tout le reste des citoyens ! Combien ne s’est-on pas dĂ©jĂ plaint des vices, vrais ou supposĂ©s dans la reprĂ©sentation parlementaire ! Bien des gens se rappellent ce ĂŞ terrible bon mot de Walpole , lorsqu’il se vanta d’avoir dans son porte - feuille , le si Art. V, chapa. i97 tarif de toutes les probitĂ©s de l’Angle* terre. de mois se sont Ă©coulĂ©s depuis qu’un membre des communes , attaquant cette reprĂ©sentation dit , en parlant du bourg d’Oldsarum Que devenu dĂ©sert , ÂŁ herbe couvrait ses rues ; & que fa feule f abri- queĂ©toit une mauujaclure de membres du parlement ! Combien l’Irlánde n’a-t-elle pas mĂ©ritĂ© l’attention du ministère Anglais , fur une isle oĂą les deux tiers des habitans professent une autre religion que celle de l’Etat, & oĂą ces habitans exclus de toutes charges, de tout emploi, doivent par lĂ mĂŞme ĂŞtre enclins pour une constitution dĂ©mocratique , qui Ă©tablissant d’abord la mĂŞme confusion qu’en France, les rendroient susceptibles de ces charges, de ces emplois. On rĂ©pondra fans doute que la conduite aussi sage que vigoureuse du roi & des chefs de l’administration en Angleterre , a contenu la malveillance dans des temps bien difficiles. Ce font de grandes victoires remportĂ©es , mais on n’est pas sĂ»r d’avoir toujours de semblables succès, N iij 198 lorsqu’on est sans cesse en prĂ©sence d’n n ennemi qui ne peut cesser d’Ăiy&y intĂ©rĂŞt Ă vous attaquer. Les troubles du rĂ©gnĂ© d’Edouard II, les sombres folies de Wtclef, les funestes diffĂ©rĂ©es des partis de la Rose Blanche & de la Rose Rouge , les haines des Tor- rys & des Whgs, des PĂ©titionner* & des Abhorrers , des Jacobrtes & des Hanovriens , cauferent des maux Ă F Angleterre , dont fa sagesse lui fera soigneusement empĂŞcher le retour. Cependant cette sagesse pourroit enfin ĂŞtre en dĂ©faut, si de nouvelles tentatives plus secrettes , mieux combinĂ©es , Ă©toient rĂ©itĂ©rĂ©es par les Propagandistes du continent. Combien ne s’apperçnt-on pas Ă la mort du docteur Price , des progrès que ces ennemis du genre humain a voient faits ! II fut prononcĂ© nombre d'Oraisons funèbres , oĂą les principes de la libertĂ© illimitĂ©e percèrent de la maniĂ©rĂ© la plus hardie. On les vit alors adoptĂ©s par des personnes qu’on n’avoit pas cru entichĂ©es] de ces pernicieuses maximes. C 199 ì Ce fut dans ]e mĂŞrae temps qu’un des chefs de l’Opposition, fit sans doute violence Ă ses vrais sentimens , en se permettant de dire Que la consitution rĂ©digĂ©e par [AssemblĂ©e Nationale, Ă©to'u le clos d'oeuvre delĂ vertu & de VintĂ©gritĂ© humaine. La dĂ©mocratie est de toutes Jes opinions, celle qui a le plus de sophismes Ă prĂ©senter pour faire des prose]ites. La dĂ©mocratie Française est & sera une peste qui forcera toutes les lignes de sĂ©paration ; qui troublant par-tout l’ordre , sera pĂ©nĂ©trer par tout sa contagion , si l’on ne guĂ©rit le mal dans le heu mĂŞme oĂą il a pris. naissance ,si l’on n’en extirpe pas la racine. L’Angleterre ne seroit pas arrivĂ©e au degrĂ© de splendeur oĂą elle se trouve , sans les efforts qu’elle eut Ă faire pour s’élever contre la rivalitĂ© de la France. Elle ne doit pas perdre de vue que la. destrnĂ©lion de Carthage fut une des premières causes de la dĂ©cadence de Rome. Cette rivalitĂ© entre les deux pays sĂ©parĂ©s par le canal de la Manche , rivalitĂ© qu’un fiecle de calme & de bon gouvernement N iv 200 Ă®le parvìendroit pas Ă faire reprendre Ă Ja France , offriroit moins de danger Ă l’Angleterre que celui qu’elle trouverait dans son intĂ©rieur, si la fureur dĂ©mocratique Ă©toit encouragĂ©e par rĂ©tablissement de la constitution de 1791. Non, elle ne le fera pas, malgrĂ© tous les efforts des factieux; ils n'induiront pas en erreur le cabinet de St. James ; son ambassadeur Ă la Haye a montrĂ© trop hautement les fentimens de l’Angletcrie fur la rĂ©volution française ll rĂy a pas encore quatre-, ans , dit milord Auckland dans un mĂ©moire aux Etats-GĂ©nĂ©raux , que quelques malheureux se qualifiant du nom de philoso- phes , ont eu la prĂ©somption de se croire capables d’établir un nouveau syfiĂŞme de sociĂ©tĂ© civile. A fin de rĂ©aliser ce rĂŞve de leur vanitĂ© , il leur a fallu bouleverser & dĂ©truire toutes les notions reçues de subordination , de moeurs & de religion , qui ont fait jujqiiicì la sĂ»retĂ© , le bonheur & la consolation du genre humain, heurs projets de defiruciion nont que trop rĂ©ussi ; mais les effets du nouveau syfiĂŞme quils ont voulu introduire ri ont servi qu Ă 2Ol Remontrer l’ineptie & la scĂ©lèratejje des auteurs. Les Ă©vĂ©nemens qui Je font fi rapidement succĂ©dĂ©s depuis lors , surpassent en atrocitĂ© tout ce qui a jamais fouillĂ© la page de thifloire. Ce tableau n’est pas fait par un de ces hommes qui parlent fans rĂ©flĂ©chir. C’est l’expreĂlion Ă©nergique & fidele d’un ministre dont le mĂ©rite est connu , d’un ministre qui, bien instruit des intentions de son souverain , les manifesta de maniĂ©rĂ© Ă ce qu’elles rĂ©veillassent l’attention de l’Europe , & qu’elles fussent une nouvelle preuve de l’intĂ©rĂŞt que George III prit au fort du feu roi & de fa famille. iNous remarquerons encore que milord Aukland ne fait pas porter fa juste indignation fur les seuls jacobins ; il ne s’at- tache pas aux rĂ©sultats, il remonte' aux causes; & c’est Ă tous les rebelles, fous quelques dĂ©nominations qu’ils fe soient montrĂ©s, qu’il dĂ©clare la guerre. La gloire du mĂŞme nom , les souvenirs des obstacles Ă surmonter pour placer Philippe V sur le trĂ´ne d’Espagne , mieux que toutes ces considĂ©rations encore , 202 FĂ©lĂ©vation des senti me us de fa majestĂ© catholique , assurent Ă notre jeune roi le vĹ“u & les efforts de la cour de Madrid. Le descendant de Louis XIV ne dira pas au fils de Louis XVI „ Mon ame , Ă ma grandeur toute entiers attachĂ©e , M Des intĂ©rĂŞts du sang est solidement touchĂ©e. Charles IV contribuera Ă rĂ©tablir non une royautĂ© constitutionnelle, mais cette noble & antique monarchie, dont tous les princes de la maison de Bourbon partagèrent les avantages. Quelquefois de cruelles raisons politiques forcerent les souverains Ă paroĂ®tre insensibles aux malheurs de leurs plus proches parens ; mais ici l’intĂ©rĂŞt de FEs- pagne , l’amour de son roi pour son peuple , secondent Ă Fenvi f horreur que doit inspirer Ă sa majestĂ© catholique la constitution de 1791. Quel ravage ne se roi t- elle pas fous un climat brĂ»lant, si elle attaquoit Ă la fois Finquisition , les richesses du clergĂ© , les Rìcos hombres , les grands dc toutes les classes, & les Hidalgos ! De- 203 puis 1713 , le gouvernement fut se dĂ©barrasser des prĂ©tentions des assemblĂ©es du royaume, nommĂ©es Las - Cor tes ; mais elles rcnaìtroient, si nos propagandiĂìes croyoient utile Ă leurs vues de les remuer, & si leurs succès en France invitoient an soulèvement, & le Catalan qui sut si difficile Ă tranquilliser , & le fier Arragonois qui regrette de -savoir plus que le stĂ©rile plaisir de dire quelquefois Ă son roi Nous qui valons autant que vous , & qui pouvons plus que vous , nous vous saisons notre roi , Ă condition que vous conserver nos privilèges Jìnon , non. Une formule auffĂ® hautaine ne signifie rien dans un temps calme 4 mais elle peut ĂŞtre l’étin- celle qui allume un grand incendie , quand le vent de la rĂ©bellion souffle sur tout l’univers. L'Efpagne n’ayant de contact avec le reste de 1 Europe que par la chaĂ®ne des PyrĂ©nĂ©es , pourroit ĂŞtre dĂ©solĂ©e par toutes les horreurs des systèmes modernes, fans qu’aucune puissance du continent fĂ»t Ă mĂŞme de soutenir ou de venger les 204 Ă® droits de la couronne de Castille. On fait qu’on ne vient pas austi facilement Ă bout d’une nation rĂ©voltĂ©e , en ne pouvant s’en approcher que par des flottes & des troupes de dĂ©barquement, que lorsqu’on peut faire marcher des armĂ©es de terre; & la France, dĂ©mocratisĂ©e par la constitution , fermeroit autant qu’elle lepour- roic, tous les passages aux armĂ©es des autres souverains. L’on ne fau roi t en mĂŞme temps fe dissimuler que les malheurs auxquels l’efprit de rĂ©bellion exposerait l’Espagne , feraient vraisemblablement aggravĂ©s par la prompte insurrection de ses sujets dans le nouveau monde. Si la monstrueuse constitution de 1791 se rele- voit du coup que lui ont portĂ© les jacobins & les anarchistes, elle forcerait certainement son pouvoir exĂ©cutif d’éviter toute union avec la branche d’un arbre que les dĂ©mocrates veulent finir par dĂ©raciner. Combien les impostures de nos factieux n’avoient-elles pas dĂ©jĂ fait de ravages , & induit en erreur des hommes 25 qui , honorĂ©s de la confiance d’un grand monarque , devroient ĂŞtre d’autant plus fur leurs gardes ! Combien n’a-t-il pas Ă©tĂ© affligeant de lire dans une lettre du chargĂ© des affaires d’Espagne au rebelle Le Brun, au prĂ©tendu ministre de la prĂ©tendue rĂ©publique Que fil des changemens dans des injlituĂąons politiques affranchiffent un pays de Cantique refipecĂ qĂąil crut devoir Ă fies rois, nulle rĂ©volution ne piut affranchir Us âmes honnĂŞtes du refipecĂ quelles doivent Ă la douleur & Ă C infortune ! C’étoĂt sans doute une intention honnĂŞte , mais bien peu rĂ©flĂ©chie , qui dicta & cette phrase , & tout l’écrit oĂą elle se trouve. Son auteur ne sentit pas Ă quel point ses expressions, tout en blâmant les excès , sembloicnt justifier le principe de la rĂ©bellion qui dĂ©trĂ´na Louis XVI; & c’est le ministre d’un roi qui tient ce foible , cet extraordinaire langage ! On voit ce qu’avoient produit des liaisons avec les philosophes de la trempe d’un Condorcet; on voit ce que pouvoient produire ces trop longs mĂ©nagemens pour des scĂ©lĂ©rats avec les- { 20Ă” quels toutes les cours eussent dĂ» rompre toute communication , du moment oĂą il fut Ă©vident que Louis XVI n’avoit plus la liberte de faire connoĂ®tre ses intentions. Liais nous retrouvons avec satisfaction la grandeur d ame Castillane & les vrais senti mens de la cour de IVIadrid , dans la dĂ©claration du gĂ©nĂ©ral Ricardos. i j Lions chercherions vainement parmi les autres puissances de l’Europe quelles scroient celles qui delireroient que la constitution de 1791 se rĂ©tablit. Seroit- ce la Ruiìie ? La conduite de Catherine II 11’a pas cessĂ© d’annoncer depuis notre rĂ©volution , combien fa grande ame Ă©toit indignĂ©e de ce qui se passoit en France. Seroit-ce la Sucde ? Le rĂ©gent qui la gouverne fait ce qu il doit aux mânes de Gustave JII ; chaque jour il voit du palais qu’il habite, le lieu oĂą un malheureux SuĂ©dois , incitĂ© par la propagande , asiaĂlìua Ion souverain. 1' ;\u quartier-g ĂnĂ©ral de Ceret en Ruiissibon, le ; niai 179 Ă®. { 207 Seroit- ce Je Dannemarck ? IJ n’efì pas aisĂ© de penser qu’un prince absolu voulĂ»t encourager ses sujets Ă saisir la première occasion de lui enlever son pouvoir. Ce ne seroit pas davantage la Porte, ni le Portugal, ni les souverains d’Italie , ni le Corps HelvĂ©tique ; toutes ces puissances avoient Ă se louer de leurs rapports avec les rois de France; quelques-unes d’en- tr’elles n’ont Ă©tĂ© inquiĂ©tĂ©es que depuis que ce royaume a cessĂ© d’être soumis Ă l’autoritĂ© de Louis XVI. Depuis la fondation de la monarchie , jusqu’à la rĂ©bellion de l’AssemblĂ©e Nationale , jamais aucuns miniĂ»res des rois de France n’auroient osĂ© mettre sous les yeux de ces princes , un plan de conduite semblable Ă celui que le dĂ©putĂ© Duport lut, le 2t mai 1790, au comitĂ© de la propagande. Après avoir applaudi avec iVlirabeau Ă 1 heureuse rĂ©volution de ĂŻ rance , qui sera pour tous les peupLs le rĂ©veil. de La LibertĂ© , & pour les rois Lc de La mort , on y examine les moyens d'occuper ces rois d’uue maniĂ©rĂ© si active 20 8 cliez eux , qu’il ne leur soit pas possible de songer Ă troubler le grand Ĺ“uvre des Français. Mais commençant par ce qui Ă©toit le plus Ă la portĂ©e de ces rĂ©gĂ©nĂ©rateurs universels , on convient d’élever la Suisse aux hauteurs de la raison , d'ou ton ries Ă©tonnĂ© par aucun spectacle , ou l’on n’est affaibli par aucun ascendant , oĂą ton nef subjuguĂ© par aucun empire; i c’est- Ă -dire, oĂą l’on n’est retenu par aucune biensĂ©ance, oĂą ne prenant pour guide qu'une excessive ambition , on est dĂ©terminĂ© Ă renverser tout ce qui lui prĂ©senterait quelqu’entrave. Mais lisons attentivement l’artiele du Corps HelvĂ©tique, La Suisse offre plus d’ob fades que d’autreS contrĂ©es , parce que tarifocratie rend le peuplĂ© heureux dans certains cantons ; cependant il importe qu ils deviennent tous dĂ©mocrates. 2 C'ef par Lucerne ou Fribourg qu il faut com - 1 Phrases ampoulĂ©es d’un autre de ces esprits inquiets qui nous ont fait tant de mal. al le bonheur du peuple ne dĂ©voie ĂŞtre comptĂ© pour rien. mencer f 309 mencer vigoureusement, 6- non par le redou* table canton de Berne. 11 ne faut pas cependant le nĂ©gliger, tant s'en faut ; mais ce ri efi pas le pays allemand qriil faut chercher Ă sĂ©duire, dĂ©fi le pays conquis , le Pays- de-Vaud l'ouvrage qu on nous a lu Ă cet Ă©gard efi un bon germe ; peut - ĂŞtre faut - il attendre avant de le semer, f II efi quelques dĂ©tails inexacts dans t entreprise du Major.... & dans fa tyrannique exĂ©cution ; ils font dĂ©crits d'une maniĂ©rĂ© plus touchante dans un ouvrage que j’ai , att sujet du Consensus requis , en 1 ^ 24 , pour l Etat de BernĂ© je prĂŞterai cet Ă©crit Ă V auteur de C Avis Ă rHelvĂ©tiĂ© . Berne a commis de grandes atrocitĂ©s en rjgc ; il faut les dĂ©voiler . Mais , je le rĂ©pete , Berne doit suivre le fort des autres cantons arifiocratiques ; Berne ne pourra rĂ©sister Ă Vimpulsion totale , mais il faut diriger ses 2 On ne seme pas un germe ; ce qui est semĂ© germe ensuite ; mais nos factieux ne se font pas piquĂ©s de plus de correction dans leur style que dans leur conduite. O i lĂ efforts fur Luceme & FriĂourg ; tout y ejĂ dispofL C’est ainsi que sous lĂ© rĂ©gime de la constitution , des perturbateurs du repos de la France, verdoient que d’un pĂ´le Ă Ă’autre leurs monstrueux systèmes bouleversassent tout i . C’est ainsi qu’ils mĂ©* diterent de longue main les crimes qu’on leur lai'Ta commettre, parce qu’on ne i C'est ainsi qu’ils prĂ©paroient la ruine d’une nation i long-temps l’alliĂ©'e de la France, & qui dejĂ travaillĂ©e par i’affreux art de nos factieux , s’est peut - ĂŞtre trop livrĂ©e Ă des sĂ©ductions & Ă un engourdissement dont les suites pourroient lui ĂŞtre funestes. En Voyant les Suisses Ă Sem'pacb, Ă Morgarten, repousser avec tant d'intrĂ©piditĂ© les attaques d’un ennemi fi puissant , mais qui leur faisoit une franche guerre , on est surpris de les trouver indĂ©cis , si circonspects envers des perfides qui, sous le prĂ©texte d’une alliance fì ouvertement violĂ©e , leur ont fait les insultes sis plus sanglantes. Ah ! ces bons Suisses nous rĂ©duiroieut-ils Ă rĂ©pĂ©ter en parlant d’eux,ce qu’en disoit'Tacite Oìim armis uirifque. , mox memoriâ nominis , clari. f Lir s ^ ^ ^ pòùvoit se persuader qu’ils arrivassent à ìeurs fins. On rioit, en 179O, de la ridicule motion tendant Ă faire quitter au roi le nom de Bourbon , pour lui donner celui de Louis Capet. Quelques mois auparavant, on mĂ©prisoit le passage d’un journal autorisĂ© par i’AssemblĂ©e Nationale , oĂą sauteur dit Tout prince Ă©tranger qui vient se mĂŞler des affaires domefìiques dĂ© une nation , ne mĂ©rite- 1 -il pas la mort? Ne viole t-il pas le droit des gens ? N’attaque- t-il pas la vie , la libertĂ© de chaque individu qui compose cette nation ? Et chacun de ces’ individus n est il pas fondĂ© Ă lui rendre guerre pour guerre, & Ă le repousser , soit Ă force ouverte avec toute la nation , ou seul par ruse & par adresse ? Qu’arriva t-il ? On ne tarda pas Ă apprendre la mort de deux tĂŞtes couronnĂ©es 1 ; depuis , se forma la lĂ©gion des x Anckarstrom, le meurtrier de Gustave III > avoit dans ses papiers trois lettres très - signifiantes, du club des jacobins. Carra dit dans une feuille publique, en mars 1792, que l’em* O ij 27 2 tyrannicìdes. L’horreur publique en fĂi tomber la dĂ©nomination ; mais la fameuse Montagne de la convention ne prit ce nom qu’en mĂ©moire de ces trop cĂ©lĂ©brĂ©s assassins qui , fous l’aiitoritĂ© d’un chef nommĂ© l’ancien ou le vieux de la montagne , nourrissaient des jeunes gens qu’ils en- voyoient de PhĂ©nicie,immolerauloin tout ce qui leur faìfoit ombrage. Aujourd’hui Ă®e combat est devenu un combat Ă mort entre les rĂ©gicides de Louis XVI & tous les rois. ObservĂ©s par leurs peuples , en butte Ă tous les artifices de leurs affreux ennemis , les souverains s’exposent Ă mille embarras, ils se creusent des abymes dont la profondeur est incalculable, s’il reste pereur Ă©toit mort pour avoir avalĂ© un jacobin qu’il n’avoitpu digĂ©rer, qu’il falloit espĂ©rer qu’il en seroit bientĂ´t de mĂŞme des autres souverains. PĂ©thion, dans le mĂŞme temps, osa dire publiquement qu’iĂ falloit se desaire d’une des premieres tĂŞtes couronnĂ©es. Mais les scĂ©lĂ©ratesses perdent de leur activitĂ© Ă mesure que ces souverains se montrent dĂ©terminĂ©s Ă extirper la race des factieux- 2t3 une seule tcte de l’hydre. Si cette tĂŞte est la constitution , elle jettera au-dehors de la France son venin. On peut mĂŞme dire qu’aujourd’hui, ce venin est plus Ă craindre pour les princes les mieux astis fur le trĂ´ne , que pour notre infortunĂ©e maison royale dont l'Ă©tat est tellement cruel qu’il ne sauroit empirer. Si Louis XVII pouvoit jamais ĂŞtre abandonnĂ© parles puissances , une contre- rĂ©volution inĂ©vitable termineroit enfin des malheurs dont il ne connoĂ®t pas encore toute l’étendue. Des vengeurs, excitĂ©s par tout ce qui Ă©leve l’homme au-dessus de lui-mĂŞme, sortiroient comme ils le font dĂ©jĂ de toutes les parties de la F rance. Ils fonderoient les armes Ă la main, un nouveau trĂ´ne fur les dĂ©bris de l’échaf- faud de Louis XVI. Pendant ce temps, l’univers Ă©tonnĂ© du peu d’intĂ©rĂŞt que ses maĂ®tres auroient pris au fort du fils de tant de rois, verroit tous les germes d’insubor- dination se dĂ©velopper contre des princes insoucians. La reine de France dont la place est Ă O iij 214 jamais marquĂ©e dans l’histoire , cette princesse dont le courage confondit la barbarie d’un peuple furieux , dont la magnanimitĂ© changea ra n t de fois cn vĂ©nĂ©ration la rage d’une multitude Ă©garĂ©e, dont on a dit avec tant de justesse Que s'il fallut Ă ses ennemis des crimes , des conjurations & de longues pratques pour la faire, affrffner , il ne fallut Ă elle qu'un moment pour fe f tire admirer ; enfin l’auguste IYIarie- Antoinette, dont tant de malheurs n’ont pu affoiblir Tanne , verroit ses vertus triompher encore de la mĂ©chancetĂ© de ses geĂ´liers. Nos princes si dignes de l’appui des puissances , par leur amour pour le feu roi, par leur tendre sollicitude pour le roi leur neveu, par leur invariable attachement aux principes de la monarchie, nos princes que nuls dangers n’ont Ă©tonnĂ©s , que nuls obstacles n’ont affoiblis , nos .princes qui n’auroient jamais eu d’ennemis , s’il n’eut pas fallu les comprendre dans ìe systcme destructeur du trĂ´ne , peuvent , quelque soja, leur destin, ĂŞtre 21A bien sĂ»rs de trouver dans les respects de tous ies bons Français , la rĂ©compense de leur courage , & le tribut de laplusjuĂle recotiuoi fiance. La sĹ“ur de Louis XVI s’est Ă©levĂ© des autels dans tous les cĹ“urs vertueux. On i’impiorera lorsque la laĂlìtude & l’eftroi du crime laissera percer la voix des gens de bien. II» s'aideront de la clĂ©mence des trois princesses que renferme le Temple , pour sauver Paris dune ruine totale. IVlais tandis que le temps & les divisions de nos persĂ©cuteurs ameneroient un ordre de choses moins insoutenable que l’anar- chie , quelle .seroit la suite des tentatives trop promptement interrompues par les princes coalisĂ©s? Osons le rĂ©pĂ©ter encore, il n'en exiĂìeroit plus qui pussent raisonnablement se promettre de transmettre leur sceptre Ă leur fils ; chaque prince couchant devroit craindre d’ètre rĂ©veillĂ© par la rĂ©bellion qui ie destitueroit. BientĂ´t on verroit, comme fous le Bas Empire , les gĂ©nĂ©raux d’armĂ©e s’emp.'iraiit du suprĂŞme pouvoir, rĂ©gner quelque temps O iv l 216 jusqu'Ă ce qu’une soldatesque mutinĂ©e par un autre ambitieux, arrachât Ă l’usur- pateur l’autoritĂ© & la vie. Galba rĂ©gnoit encore , lorsqu’un bas-officicr & un soldat proclamèrent Othon. Ainsi tous les souverains du monde pour s’être laissĂ© dĂ©tourner par de lâches conseils du plus majeur de leurs intĂ©rĂŞts, se verroient bientĂ´t persĂ©cutĂ©s de toutes les maniĂ©rĂ©s par les sectes des philosophes nivelleurs. BientĂ´t ces princes connoi- troient jusques dans l’intĂ©rieur de leur palais , jusques dans l’apparent calme de leurs nuits , toutes les inquiĂ©tudes , tous ces noirs soucis qui firent payer si cher Ă Cromwel, f affreux plaisir d'avoir dĂ©gradĂ© la royautĂ©. Ah ! cessons de craindre qu’il y ait en ce moment un seul ministre, un seul conseiller assez dĂ©pourvu de raison , pour oser proposer Ă son maĂ®tre d’abandonner une cause que , dès la fin de 1789 , George III dĂ©clara ĂŞtre celle de tous les rois. II n’en est pas un en ce moment, que 217 leurs sujets n’élevassent au trĂ´ne , si le droit de leur naissance ne les y eut placĂ©s. Ils ont tous Ă©tĂ© contemporains du prince qu’ils pleurent & qu’ils sauront venger. Les malheurs de la maison de Bourbon ne datent pas de ces Ă©poques reculĂ©es qui perdent par le temps , de leur grand intĂ©rĂŞt. Les bons Français portent encore le deuil du roi martyrisĂ©, & dont les vertus seront Ă jamais l’objetde leurs regrets & de leur culte. Le petit - fils de Marie - ThĂ©rèse qui re- leve TĂ©clat de mille qualitĂ©s brillantes , par la sensibilitĂ© de son cĹ“ur , semble avoir dirigĂ© toutes ses pensĂ©es , tous ses regards , vers cette tour du Temple oĂą son sang uni Ă celui des Bourbons , souffre toutes les horreurs de la plus barbare captivitĂ© , oĂą les mĂŞmes gens qui firent un crime Ă la reine d’avoir pleurĂ© Joseph II, conservent la triste mais courageuse vie de cette princesse i , On voir aux O Quia pejjirnus quijque diffidcntìâ pr&~ J'cntium nuitationempavens , advershspubiicuni odium, privâtarn gratiam prajiarat. Tacite. { 218 effort? prodigieux de la cour de Vienne, on voit dans l’activìtĂ© de ses gĂ©nĂ©raux , que leur souverain compte pour perdu cliaque jour qui peut retarder celui oĂą lu reine & le roi de France verront briser d’odĂ®eux verroux. L’éleve d u grand FrĂ©dĂ©ric, celui qu’il annonça comme devant recommencer son rĂ©gnĂ© , prĂ©fĂ©rĂ© Ă ses palais , aux plaisirs de fa capitale , les fatigues, les dangers d une guerre dont l’obet est fi juste, dont les rĂ©sultats feront si glorieux & si raĂĂurans pour toutes les autoritĂ©s lĂ©gitimes. Des bords de la Neva juqu a ceux du Tage , des extrĂ©mitĂ©s des HĂ©brides jusqu aux rives duPĂ´, rives pendant longtemps si paisibles , tous les souverains font marcher de nombreux bataillons. Les Bottes d’Angleterre & d’Espague voient arriver au milieu d elles ce pavillon de Catherine II, qui flotta avec tant de gloire dans toutes les mers connues. La conduite , la fermetĂ© de Pie VI rappellent le courage & la sagesse de S. LĂ©on , si justement surnommĂ© le Grand. Ce qui l 219 rfĂ©toit qu’une rĂŞverie en sortant du eer- veau de FabbĂ© de S, Pierre , ce syĂlĂŞme d’union intime de toutes les puissances de FFurope ; aujourd’hui , un profond sentiment d’honneur une indignation Ă©galement profonde vont le rĂ©aliser. La France n’en rompra pas FunitĂ© , car ce n’est pas la France qu’on attaque. La France n’est plus qu’oĂą font les sujets fidèles. Les royalistes se joignent, se joindront Ă tout ce qui se fera pour rendre Ă Louis XVII le trĂ´ne de ses peres. Le cri, { ce cri si douloureux! ce dernier accent de Louis XVI retentit dans tous les cĹ“urs ; il est le signal du plus noble ralliement, du ralliement le plus essentiel au repos, an bonheur du genre humain ; toutes les peines , tous les travaux fe supportent fans murmure , lorsqu’on se dit que leur objet est de purger la terre des monstres qui la dĂ©solent & qui la dĂ©shonorent. Si chaque Français vertueux a le devoir de consoler les mânes de quelqu’objet chĂ©ri , chaque souverain Ă©prouve sĂ»rement le mĂŞme sentiment pour Louis XVI» 220 pour cet auguste descendant d’unerace,' d’oĂą sortirent la plupart des maisons , qui font aujourd’hui fur divers trĂ´nes de l’Eu- rope ; chaque roi sentit son sang bouillonner en mĂ©ditant sur la longue sĂ©rie d’insultes, qu’au nom d’une absurde constitution des rĂ©voltĂ©s firent endurer Ă leur souverain. Chaque roi s’est honorĂ© de verser des larmes en suivant Louis XVI, depuis le io aoĂ»t jusqu’au 21 janvier. Je ne me rappelle pas d'avoir fait sciemment aucune offense Ă personne , 1 nous dit-il dans des termes si touchans ; & cependant, combien ne fut-il pas persĂ©cutĂ© par des hommes qui surpassent en cruautĂ© un Montravers , un Couru ai, ces barbares gardiens d’Edouard II! Quelle horreur de voir Louis XVI brutalement offensĂ© par des ĂŞtres qui, quatre ans avant, r Testament du roi. II nous rappelle le langage que Tacite fait tenir Ă Germanicus Referatis quibus acerbitatibus dilaceratus , qui- bus ìnstdiis árcumventus , miferrimam vitam pejstmâ morte fmierirn. 22 ĂŻ } tî’cuĂTent pas osĂ© lever les yeux jusqu’à la hauteur des siens ! Lorsqu’on considĂ©rĂ© ce monarque dans tous les refus qu’il Ă©piouva , dans toutes les injustices dont il fut l’objet, dans toutes ses privations, dans les horreurs de fa solitude, dans l’affreusc sĂ©paration de ce qui lui Ă©toit le plus cher, dans cette derniere & dĂ©chirante entrevue, oĂą il dit adieu Ă son Ă©pouse chĂ©rie, Ă madame Elisabeth, Ă cette sĹ“ur au-dessus de tout Ă©loge, Ă ses en sans en larmes ; enfin , lorsque l’ima- gination aussi attendrie qu’indignĂ©e marche avec luijusqu’à cet infâme supplice qu’il sut changer en un superbe trĂ©pas ; quel seroit le monarque qui ne se sentirent pas blessĂ© dans tout ce qui tient Ă la dignitĂ© royale, Ă l’honneur de l'humanitĂ© ? DĂ©jĂ l’accord des princes coalisĂ©s annonce , que pĂ©nĂ©trĂ©s d’horreur pour un crime qu’il est instant de punir , ils se disent unanimement RepouJJons plus que jamais la politique insidieuse qui se rĂ©jouirait de rabaissement ÂŁun trĂ´ne, oublions ces motifs de difsĂ©- rens entre nous , sourcefâcheuse oĂą no s minif- 2 22 } Ites vont trop suivent puiser leur crĂ©dit Occupons -nous T u n intĂ©rĂŞt plus lĂ©gitime. Jl p prenons une bonne fois aux nations qu'on nĂ© touche pas impunĂ©ment Ă Coint du Seigneur ; montrons - leur que leurs rĂ©voltes , que les diffentions & C anarchie qui en font les fuites inĂ©vitables , peuvent leur coĂ»ter des pertes dĂ© territoires , I leur ravir pour long - temps leur prospĂ©ritĂ© , joncher de morts des champs Ou croijfoient les plus abondantes moissons $ & porter des coups irrĂ©parables Ă leur commerce , mais que ces audacieuses & folles innovations ne fauroient ĂŞtre de durĂ©e. Apprenons enfin Ă tous Us peuples , que les jufies prĂ©rogatives de la royautĂ© font comme l’arche sainte Ă laquelle on ne touchait pas fins ĂŞtre frappĂ© de mort. En mĂŞme temps que les princes agiront d après cette dĂ©termination , on peut attendre de la sagesse de ceux qui se montrent avec le plus de force , qu’ils fenti- , Voyez Tarticle II. de la ratification du rĂ©còs ds 1 ’Empire, en date dujo avril 179}. 223 rcnt toute la diffĂ©rence Ă faire entrĂ© le vertige d’un conquĂ©rant qui ne veut qu’é- tonner, sans songer Ă ce qu’après lui deviendra fou royaume , & la politique rĂ©flĂ©chie d’un Ă©tat qui en Ă©tendant fa domination , veut l’affernvr. Jamais rĂ©union de circonstances n’a Ă©tĂ© plus favorable au noble, au juste projet de rendre Ă Louis XVII le trĂ´ne de ses peres , & de l'y replacer ainsi qu’il doit y ĂŞtre pour le bonheur de ses peuples, pour la tranquillitĂ© des autres couronnes. C’est en vain que de misĂ©rables charlatans, que ces infatigables prĂ´neurs de leur ridicule constitution voudroient en faire recoudre les lambeaux, ils ne parviendront pas Ă les rassembler. Ce qui fe passe dans tant de dĂ©partemens oĂą l’on agit dĂ©jĂ hautement contre la convention , oĂą l’on adhère au vĹ“u que manifeste l’armĂ©e royaliste; les mouvemens des provinces oĂą jamais on ne cĂ©da yo- lontiers Ă la rĂ©volution , l’extirpation dè ce funeste arbre de la libertĂ© renversĂ© dans bien des parties d u royaume, tout c 224 annonce aux puissances qu’enfin la nation rentre en elle-mĂŞme. Lorsque M. le duc de Brunswick s’a- vança si majestueusement en France, lorsque fort de sa rĂ©putation , de ses talons & des braves armĂ©es qui lui Ă©toient confiĂ©es, il eut vu tout plier devant lui, si les immuables arrĂŞts du destin n’en eussent ordonnĂ© autrement, l’Europe & tous les bons Français applaudirent Ă la dĂ©claration, dans laquelle le gĂ©nĂ©ralissime de Leurs MajestĂ©s ImpĂ©riale & Prussienne dit Ă Quelles ri > entendaient point s'immiscer dans k gouvernement intĂ©rieur de la France ; qu elles vouloient uniquement dĂ©livrer le roi , la reine , & la famille royale de kur captivitĂ© pour procurer Ă Sa MajestĂ© Tris-ChrĂ©tienne les moyens de travailler fans obfacle Ă ce qui pourroie assurer 1e bonheur de leurs sujets „ MalgrĂ© la plus cruelle des pertes, le mĂŞme objet est Ă remplir. Nous avons encore un monarque dans la captivitĂ© ; nous avons les mĂŞmes potentats pour appuis & pour garants de nos 'droits. A ces augustes protecteurs, se joint la majeure 22Z jeure partie des souverains de FEuròpCi Tous font armĂ©s aujourd'hui pour rendre Ă Louis XVII le sceptre odieusement en- levĂ© Ă son pere. Qu’il est consolant de penser, que ce qui est commandĂ© par la justice & le vĂ©ritable intĂ©rĂŞt des tĂŞtes couronnĂ©es, est aussi ce qui fera le plus facile Ă l’emploi de leurs forces. A mesure que leurs gĂ©nĂ©raux Rapprocheront de Paris , ils annulleront tout Ă©tablissement illĂ©gal, ainsi que cela s'est effectuĂ© dans la principautĂ© de Liege. Ils rappelleront tous les sujets du roi de France aux emplois qu’ils occupoient avant la rĂ©volution. Ce n’estpoint s’immiscer arbitrairement dans l’intĂ©rieur d’un gouvernement, quand oti u’use des droits de la victoire que pour rendre un pays Ă un ordre antique , salutaire, & qui ne fut interverti que par la rĂ©bellion. De noires tĂ©nèbres avoienc obscurci la France ; les hommes ne se con- noissoient plus ; dans une dĂ©route nocturne, on saisit la petite pointe du jour pour rassembler les bataillons Ă©pars. Lors- qu’il reste uu moyen çl’échapper Ă figno. P { 226 minie , le fuyard se rallie au drapeau qu’Ăt suivi l’homme d’honneur. De mĂŞme les malheureuses dupes de tous les partis , saisiront avec empressement la possibilitĂ© de se confondre dans la feule classification de royalistes. A coup fur, & jacobins & constitutionnels Ă©galement trompĂ©s dans leur attente , trouveront une forte de satisfaction Ă ĂŞtre plutĂ´t subjuguĂ©s par un ordre de choses, qu’ils respectèrent long-temps,
Quand faut-il boire le vin ? Ce vin me fait du pied, puis-je céder à ses avances tout de suite ? Ca y’est, vous venez de faire une folie. L’achat a été fait sur un coup de tête, une contrariété qu’il fallait oubliée, vous voilà chez votre caviste préféré et paf, vous rentrez chez vous accompagné d’un Château Lafite Rothschild 2009. Il est maintenant trop tard pour rationaliser. Arrive par contre la question fatidique Faut-il le boire rapidement ou au contraire, le garder bien au chaud pardonnez l’expression dans la Cave pour le ressortir quelques années plus tard ? Se poser la question de la durée de garde revient à se demander à quel moment un vin va-t-il atteindre son apogée. Le Club Français du Vin va tacher de vous éclairer sur ce point épineux. La majorité des vins abordables sont des vins plaisirs. On dit également qu’ils se consomment sur le fruit », c’est-à -dire que les vins présentent des arômes primaires et secondaires où le fruité joue un rôle prépondérant. Ce sont alors des vins très appréciables et les laisser vieillir leur ferait perdre cet aspect gourmand. Cela peut aussi bien concerner des blancs, des rosés ainsi que des rouges assez légers et peu tanniques. Citons pêle-mêle des vins élaborés à partir de viognier, de sauvignon, de gamay, etc. Les vins plus prestigieux, qui sont également plus onéreux, sont souvent ceux qui vieillissent le mieux. Les boire jeune pourrait s’avérer une mauvaise expérience tant ils sont puissants. Ce serait un peu comme réveiller un ours au tout début de sa période d’hivernation. Ainsi, le meilleur moyen de leur rendre honneur est de les laisser en cave quelques temps. Ils vous les rendront au centuple ! Le temps passé à se blottir dans la bouteille permettra à vos précieux liquides de se patiner, d’arrondir leurs tannins et de développer des arômes complexes et élégants. On trouvera donc, entre autre, les grands Bordeaux, les grands Bourgognes, les Châteauneuf-du-Pape, les Sauternes, etc. Vous n’êtes jamais à l’abri d’un accident de parcours si vous fondez votre opinion sur la durée de garde d’un vin uniquement sur son prix et le prestige de son appellation. Ainsi, nous vous encourageons toujours à vous renseigner auprès de votre vigneron, votre caviste ou à défaut, sur Internet. Mieux ! Achetez au moins deux bouteilles d’un même vin et ouvrez-en une en rentrant. Si le vin vous semble fermé, encore très puissant et peu aromatique, c’est qu’il nécessite encore quelques années à la Cave. Alors prenez votre mal en patience et vous serez surpris de la façon dont il vous remerciera le moment venu !
Quelle est la contenance d’un cubi de vin ? A volume égal – souvent environ trois litres de vin – il est plus léger que l’équivalent en bouteilles traditionnelles. Cette praticité séduit les consommateurs de vin en cabine. Une fois que vous avez commencé, le sac dans la boîte refroidit pendant six semaines ou plus. Quelle quantité de vin pour 40 personnes ? Bonjour, il vous faut 1/2 bouteille de vin rouge par personne pour un repas, soit 20 bouteilles pour 40 personnes. Pour le vin blanc, comme il s’agit d’un apéritif, il y a environ 1 bouteille pour 3 personnes, soit environ 15 bouteilles pour 40 personnes. Comment réutiliser un cubi ? Sortez le sac plastique du BIB™ vide. Insérez un tournevis entre le robinet noir et la prise de poche pour retirer le robinet. Remettez le sac dans la boîte en carton en plaçant le manchon dans le trou de la boîte. Soufflez dans votre poche pour redonner du volume. Comment conserver du vin en vrac ? LE VIN ARRIVE EN DEVELOPPEMENT – Si on le transporte en cubitiners, il faut le mettre en bouteille très rapidement. – S’il a voyagé en fût, il doit être laissé au repos pendant quatorze jours avant d’être mis en bouteilles. Los Molinos AOC Valdepenas de Carrefour …. En blanc Vin blanc de tous les jours sans indication géographique de Colruyt. Blygedacht Blanc Afrique du Sud de Colruyt. Domaine Vinsmoselle Rivaner AOC Luxembourg de Delhaize. Comment s’écrit cubitainer ? Cubitainer Récipient cubique, généralement en plastique, utilisé pour le stockage et …
La conservation du vin vous permet d’en profiter entre 3 et 5 jours une fois ouvert. Ainsi, au bout de 3 à 5 jours, le vin est périmé. Rassurez vous, il est encore possible de l’utiliser, sans danger, pour de nombreux usages. Sauce ou vinaigre vous pourrez utiliser ce vin dans de nombreux plats. Est-ce que le vin périme ? Le vin peut se périmer. Après 3 à 5 jours d’ouverture, le vin est périmé et vous ne pourrez plus le boire. Le vin périmé n’est pas dangereux vous serez peut être un peu malade mais aucun risque mortel. Le plus grand danger du vin périmé est dans le goût. Essayez d’en gouter un et vous serez vite vacciné. Ainsi, le vin blanc se périme, tout comme le vin rouge. Ne tardez donc pas à finir une bouteille ouverte. Toutefois, pas de panique. Si votre vin se périme, il existe toujours des solutions pour l’utiliser. Vin périmé que faire ? Que faire avec le vin périmé ? Voilà une bonne question. En premier lieu, si le vin est périmé depuis peu de temps, vous pouvez l’utiliser en sauce. À titre personnel, nous utilisons souvent le vin blanc un peu périmé pour faire un risotto. Pour le vin rouge périmé, vous pouvez vous tourner vers des tagliatelles. Nous avons testé cette recette il y a peu et, croyez nous, c’était un délice. Elle nous a bien réconcilier avec la bouteille de vin qui trainait depuis plusieurs jours dans la cuisine. Par ailleurs, vous pouvez utiliser votre vin périmé pour faire du vinaigre. Pour cela, il faut d’abord créer une mère » c’est une pellicule qui se forme à la surface du vin et qui permet de le transformer en vinaigre. Ainsi, laissez une bouteille de vin périmé ouverte quelques semaines. Une fois que celle-ci est formée, versez le tout dans un vinaigrier. Ajoutez-y vos fonds de bouteille lorsque vous ne les finissez pas. Attendez ensuite 4 à 6 semaines et vous obtenez du vinaigre. En conséquence, ne vous inquiétez pas si votre vin se périme. Vous trouverez toujours une manière de l’utiliser pour d’autres usages. Peut-être allez vous même faire le meilleur vinaigre au monde ou les meilleurs tagliatelles au vin rouge ? Que ce soit votre vin rouge ou votre vin blanc qui se périme, vous avez une solution ! Bien conserver le vin pour éviter qu’il se périme Il existe de nombreuses astuces pour bien conserver le vin. En premier lieu, pensez à stocker votre vin dans une cave à la bonne température. En faisant ainsi, vous pourrez conserver le vin sans le périmer pendant de nombreuses années. Une fois ouvert, les choses deviennent plus difficile. Pour conserver une bouteille de vin ouverte, vous devez la placer loin de la lumière et dans un endroit plutot frais. Par ailleurs, une fois votre bouteille ouverte, vous pouvez utiliser une pompe à vide. En utilisant cette dernière, vous pourrez enlever l’air qui se trouve dans votre bouteille de vin et éviterez ainsi son oxydation. Vous pourrez alors conserver la bouteille de vin plus longtemps sans qu’elle se périme. Le vin périmé n’a désormais plus aucun secret pour vous. Toutefois, nous pouvons vous apporter beaucoup plus. Bonne nouvelle, vous pouvez rejoindre gratuitement le club et apprendre le vin. Rejoindre le Club de Vin sur Vin Read more articles
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