Enfantou adulte, chacun se caractérisera par un ensemble de besoins parfaitement uniques. Voici les dix choses que chaque enfant autiste aimerait toutefois que vous sachiez : 1. Autiste, certes, mais je suis essentiellement un enfant avant d’être «autiste». Mon autisme n’est que l’une des composantes de ma personnalité. Sansvouloir me jeter des fleurs, j’avoue qu’étant très organisée travaillant à mon compte depuis plus de 9 ans, et ayant réussi à faire aboutir des projets professionnels titanesques, la préparation de notre mariage ne me fait pas peur (rendez-vous d’ici quelques mois pour que je vous dise si c’est toujours le cas !). Interruptionpréfectorale L'emprise fût relâchée, laissant derrière elle des perles écarlates sur le bras endolori du jeune serpent. La concierge avait tourné l Pournotre sœur Sarah. Un jour je t’ai vue. Puis un autre jour je t’ai parlé. Et a force je me disais. C’est une fille extraordinaire que j’ai rencontré. Une fille bourré de qualité. Une fille toujours la quand on en a besoin. C’est pour sa qu’un jour je t’ai dis. A partir d’aujourd’hui tu es ma soeur. Jesavais ce que ces textes me faisaient ressentir, et je me disais que je pouvais faire la même chose avec un livre. Le punk m’a aussi appris qu’on peut faire quelque chose qu’on ne sait Etvoilà, il fallait bien que ça arrive^^ (je parle pour ceux qui patissent de mon coup de coeur soudain pour cette actrice formidable) Meryl Streep, que dire Florence Foresti Il n'a jamais été question que le forum ferme ses vous seront fournies dans la journée sur ce qu'il s'est vraiment passé avec l'ancienne équipe. oazuw5. Vos amis vous considèrent peut-être comme le bout en train de la bande, votre mère rit à toutes vos blagues, et toutes vos copines vous assurent que vous êtes trop marrante quoi ». Pourtant à l’écrit, c’est ballot, vous êtes triste comme un film norvégien. Être drôle à l’écrit, ça n’est pas forcément inné, mais c’est important. L’humour permet d’engager vos lecteurs et les pousse à vous associer à une image de détente, de joie et de bonheur. Cui cui Alors, comment déclencher parmi vos lecteurs, ces hohoho, ces mouararahaha et ces pfff mais qu’il est con lui alors », qui vous amèneront leur sympathie et leur argent attachement ? Je vais vous expliquer ça en détail, dans cet article de 6000 mots que vous mettrez 34 minutes à lire. Faisant ainsi cramer votre gratin dauphinois. Oui allez mettre une minuterie. La première règle, et celle-ci vaudra à l’écrit comme à l’oral, vous permettra d’agiter les neurones cognitifs de vos lecteurs, conduisant à une irrépressible secousse du système respiratoire, du larynx et des muscles faciaux. Merkipédia Bref, de les faire se poiler. Mais tout d’abord, laissez-moi vous demander la chose suivante Prenez 3 exemples de moments où vous avez rigolé comme un jeune baleineau et comparez-les. Par exemple, pour moi c’est Un délire d’Arnaud Tsamere dans cette vidéo ce mec est complètement taré. Un pote qui a imaginé une collection de magazine collectionne les poils et reconstitue la moustache d’Hitler » Mon copain qui me dit après l’achat d’un vieux tableau dont je désire récupérer le cadre dans une brocante Je me demande ce qui a le plus de style dans le tableau que tu as acheté, la grande trace de brûlé au milieu, ou le prix de 1€ encore collé sur le côté ? » Quel est leur point commun ? Je vais vous le dire le suspens est là, le point commun de tout ce qui nous fait rire, c’est La surprise ! Mais je vous entend déjà vous inquiéter Faudra-il donc que je me fasse greffer un groin, ou que je m’exhibe nue sous la tour Eiffel pour surprendre mes lecteurs ? » Ne commettez aucun outrage. Je vais vous expliquer, en plusieurs exemples comment surprendre et faire gigoter les zygomatiques de vos visiteurs. Comment faire rire vos lecteurs en les surprenant Tout con venant ayant été éduqué convenablement, la vie en devient souvent convenue, vous en conviendrez. Twittez cette phrase à la con. Excellente nouvelle Il existe de multiples manières d’entraver les convenances. Et si je ne vais pas pouvoir les lister exhaustivement, j’ai quand même fait l’effort alors que j’ai bu pas mal de cognac hier soir de vous citer plusieurs manières de déconcerter les esprits rangés. En étant vrai Il y a de multiples façons d’être vrai à l’écrit Dire tout haut ce que tout le monde pense tout bas Les cuvettes de WC sont une oeuvre du diable quelle que soit la manière dont on s’assoit, ça fait un bruit d’enfer. » Oser révéler des tares J’ai le sens de l’orientation d’une boussole cassée. Si l’on me fait tourner 3 fois sur moi-même, je ne sais plus d’où je viens. » Ou des anecdotes peu avantageuses. Par exemple, en soirée, j’ai rencontré une fille qui s’appelait Bambi. Je lui dis pour blaguer C’était pas trop dur quand les chasseurs ont tué ta mère ? » Sa mère était vraiment morte. Dénoncer des traditions, qu’au fond beaucoup de gens rejettent Klaxonner aux mariages devrait être puni de pendaison. » Essayez de vous avouer à vous-même vos pires défauts, moquez-vous de vous-même en forçant le trait et vous verrez que le simple fait de le dire est amusant pour le lecteur. En effet, les gens sont habitués à se mettre en valeur, à ne montrer d’eux-même que ce qu’ils pensent être séduisant, agréable, ou pire normal. De ce fait, la surprise provoquée par la révélation d’une chose qu’ils pensaient indicible, les détend subitement. Ils se sentent comme libérés d’un poids, en étant soudain autorisés à dire eux-mêmes ces choses-là, et cela est très relaxant et amusant pour l’esprit. Mais dire ces choses en les révélant simplement, sans y mettre une certaine forme, pourrait au contraire de faire rire, ennuyer ou même provoquer de la gêne. Si j’avais dit J’ai un mauvais sens de l’orientation », vous auriez pensé Et ça me fait une très belle jambe ». Je vous suggère donc d’appliquer la technique suivante En éxagérant La démesure est surprenante. En rapport à l’éducation rangée, vous vous rappelez ? Non mais lisez l’article dans l’ordre quoi. Donc n’ayez pas peur d’exagérer, d’aller très loin, vraiment. Si vous craignez trop la critique de type Oh ben là quand même Monique dis-donc », arrêtez tout de suite vos projets humoristiques et reprenez le macramé. Jérémy Ferrari est un excellent exemple d’exagération hilarante. Lorsque j’ai été voir son dernier spectacle Vend 2 pièces à Beyrouth », il entame par un sketche sur les attentats du Bataclan. Voir ça à Paris, alors que les évènements datent d’il y a à peine quelques mois, pourrait laisser supposer le bide total, mais il y va tellement franco et en disant de telles insanités, qu’on est tous morts de rire. Si jamais on se fait attaquer, vous allez me faire le plaisir d’être un peu plus organisés qu’au Bataclan ! Parce que c’était n’importe quoi ! Et vas-y que je te marche dessus pour trouver plus vite la sortie et vas-y que je me cache sous les corps pour faire croire que je suis mort…bref le gros bordel ! » Mais si vous êtes mal à l’aise avec les sujets trop tabous, ou qui pourraient faire grosse polémique, vous n’avez pas besoin d’aller aussi loin que lui, mais habituez-vous tout de même à penser Comment puis-je encore amplifier cette vanne ? » Prenons un exemple au hasard En ce moment, j’essaie de faire pousser du gazon dans mon jardinet creusois et contre toute attente, en Creuse, il ne pleut pas depuis des mois. J’en suis donc à prier le ciel pour qu’il pleuve, moi qui ai habituellement horreur de la pluie. Maintenant, je vais placer des exagérations dans cette anecdote En ce moment, j’essaie à faire pousser du gazon dans mon jardinet creusois de 50m2, en vue de créer un terrain de golf à 1 trou. Mais figurez-vous qu’en Creuse, y a pas que les habitants qui se sont barrés, y a les nuages aussi ! Du coup, je me retrouve à faire la danse de la pluie dans mon jardin, sous le regard complètement ahuri d’Armelle, ma seule voisine. Parfois elle me crie Mgnéééé hégnéééé », mais je crois qu’elle a des soucis, un truc du genre son père qui serait aussi son frère, je sais plus trop. Capiche ? Essayez de le faire avec n’importe quelle histoire qui vous est arrivé, ou des projets que vous avez, et amusez-vous à tout amplifier. Mais en lisant ce dernier exemple, vous vous êtes peut-être dit Ouais, non mais là, elle ne fait pas QUE exagérer, elle n’explique pas le reste ». Que nenni mamie ! Je vais vous révéler un autre secret ! En variant Comme Sylvie Variant ? » Oh allez, il est marrant ce jeu de mot. Varier donne du rythme, de la couleur et peut même à force de pratique faire se bidonner vos lecteurs les plus acariâtres. Plusieurs choses peuvent être changées Les niveaux de langage Par exemple Le langage familier et châtié La jeune fille me paraissait si gracieuse tu vois, que je fus enflammé grave d’un transport amoureux. Professionnel et intime Je vous prie d’agréer, madame, monsieur, l’assurance de mes gros bisous distingués. » Phrases construites et onomatopées Je dormais à point fermé, quand soudain le gniiiiiiiii symptomatique d’une nuit d’emmerdes s’immisça dans mon conduit auditif. » Le jargon banlieue et le vieil argot Lisez et regardez les vidéos du blog génial des Boloss des belles lettres. Laisse tomber ma gueule, au 18ème siècle, c’est schlingos atomique sur toute la mifa. Les zouzes, elles fouettent, les babtous, ils fouettent, même Brad Pitt, il fouette. » Présentation du Parfum de Süskind. La bonne et la mauvaise grammaire Le saviez-tu ? Contrairement de la légende, Jean Rochefort n’est pas mort de moisissure. » Le gros et le détail Certains donnent trop d’infos, d’autres généralisent au point d’en devenir flou. Dosez, et donnez de la couleur et de l’humour à vos phrases en donnant parfois le plus petit détail, ou en demeurant au contraire très vague, pour créer des effets. Transformons de nouveau une anecdote un peu ennuyeuse Hier, je suis allée à une fête de village. J’y ai vu un spectacle de motos. Et en détaillant Il doit exister deux endroits au monde où l’on peut voir un spectacle comme celui auquel j’ai assisté hier dans le fin fond du Texas, et…à la Fête de la Montagne à La Nouaille, 248 habitants. Là, des motards tatoués et barbus pétaradaient à la verticale dans un tonneau en bois de 10m de diamètre et 6m de haut, nous asphyxiant de fumée de moteur et nous faisant frémir à chaque tour sans les mains ou les yeux bandés ! En fait, la Nouaille, c’est un peu le Texas de la Creuse. Ou au contraire, une histoire trop détaillée Le 18 juin 1934, Henri Montalet, un gentilhomme de trente ans, vêtu d’un complet marron et chapeau haut de forme, se promène d’un pas nonchalant le long des quais de Seine, sa canne à pommeau doré à la main. Il laisse flâner son regard sur l’autre rive. Un couple d’amoureux est installé sur un banc de pierre, s’embrassant. Puis, l’homme semble murmurer quelque chose à l’oreille de sa bien-aimée, et elle éclate alors d’un rire que reconnaît immédiatement Henri. C’est celui de Jeanne, sa femme. Furieux, il va pour traverser le Pont des Arts et se faire remarquer auprès du couple, peut-être même prendra-t-il au col ce malotru qui ose susurrer des mots doux à son épouse, et le poussera-t-il à plusieurs reprises en lui faisant savoir qui il est, lui Henri Montalet, notaire du 15ème arrondissement, reconnu de ses pairs et possédant un appartement et un domaine à Aix-en-Provence. Mais il se ravise en imaginant l’homme se rire de lui et le traiter de cocu devant les passants, peut-être même quelques clients à lui, qui pourraient jaser, et alors lui causer beaucoup de tort dans son métier. Quant à l’honneur ! Il se ravise alors, et continue son chemin il va réfléchir à un plan. En modifiant Henri Montalet se promène sur les quais de Seine, quand il aperçoit sur l’autre rive, Jeanne, sa femme, qui rit aux éclats tandis qu’un homme chuchote à son oreille. Henri est furieux. Lui, un notaire du 15ème arrondissement, possédant un appartement et un domaine à Aix-en-Provence, estimé de ses pairs cocu ! Si ça se savait…Il n’ose alors traverser et faire un esclandre devant des passants qui pourraient le reconnaître, et continue son chemin il va réfléchir à un plan. En associant La viande de licorne, une excellente source de paillettes. De la magie dans chaque bouchée ! Faire des associations d’idées est un excellent moyen de surprendre, par l’étendue des combinaisons possibles. Mais que faut-il associer ? Les images Imager votre propos vous permettra de placer quelques traits d’humour. Par exemple, imaginons que vous vouliez parler de personnes idiotes, vous pourriez transposer à l’image de naufragés sur une île déserte Ces types ne savent tellement rien faire, que même si ils se retrouvaient sur une île déserte, ils ne sauraient même pas comment se manger les uns les autres. » Ou encore, plus basique Ce mec est tellement con, que si tu lui déplaces son assiette de 10 cm, il meurt de faim. » Essayez de faire le travail vous-même en imaginant d’autres situations où l’on peut être débile. Ça peut être des scènes de la vie quotidienne se laver, manger, dormir…, des scènes extraordinaires sauter en parachute, nager avec les dauphins, voyager dans l’espace ou encore tirées de films, d’émissions ou d’œuvres connues… Faire des métaphores Encore une fois, il vous faudra utiliser des images fortes pour décrire des situations ou des idées. Vous souhaitez par exemple, raconter un cauchemar que vous avez fait. Mais introduire par Cette nuit j’ai fait un cauchemar », est un peu lourd. Si vous remplacez par une métaphore ou une allégorie, vous donnerez de la force et de la drôlerie à votre propos. et Dieu sait si nous avons besoin de rire en ce bas monde, ma chère Claudine Alors, cherchez des univers qui pourraient se plaquer sur votre histoire 5h du matin, crochet du droit dans mon coeur et uppercut dans mon cerveau je déclare le cauchemar victorieux par ! » J’aime pas trop les grizzlis qui me poursuivent dans la forêt en hurlant des chansons d’Annie Cordie, surtout quand il est 5h du matin et que je dors profondément. » En concluant Finissez vos phrases de manière surprenante et saisissez votre lectorat endormi. De manière générale, si vous souhaitez dire quelque chose de totalement décalé ou absurde, utilisez le dernier mot ou la toute fin de phrase. Ainsi la surprise est plus forte. Vous pouvez finir par une absurdité Homme, 45 ans, sportif, cadre, aimant la nature, les balades sur la plage et le ski alpin, cherche son chat en peluche perdu à la Baule le 17 mars. Un rappel Ma femme me reproche de favoriser deux de mes gosses plus qu’un autre. Je voudrais juste savoir si elle parle de Enzo, de Julie ou du roux…Freakyfrip Un détournement de sens Sagittaire, c’est le moment de repenser votre budget et songer rapidement à un placement financier chez votre meilleur ami Bertrand. Environ 10 000 € stp, merci. Être drôle en tordant le cou à la réalité La réalité, c’est pas très gai. Roger Tanpis Parce que la vie est morose pour la plupart de vos lecteurs, que ça fait belle lurette que les nouveautés » de ce monde ne les amusent plus, qu’ils ont répété entre 7000 et 25000 fois leurs gestes quotidiens, qu’Arthur est toujours programmé à la télé, et que le dimanche, c’est rôti, changez-leur la vie, ne serait-ce qu’une heure, en leur donnant un nouvel aperçu des choses trop vues et entendues. En détournant Entraînez-vous avec un article au hasard wikipédia Je suis tombée sur Théodore Désorgues. Je lis que Théodore Désorgues est un poète révolutionnaire qui a échappé à la guillotine, et se retrouve enfermé avec le marquis de Sade. Je pourrais donc détourner cet article comme ceci Théodore Désorgues, poète révolutionnaire, qui s’appelait en réalité De Sorgues, échappa à la guillotine en modifiant son nom, ainsi que sa manière de se présenter systématiquement en société Bonjour, je me présente, Théodore Désorgues avec un é, pas De Sorgues, hein, haha, je suis poète révolutionnaire, vive Robespierre, à bas la reine, allons enfants de la patrie ! » Par la suite, il se fit dénoncer par son ancien domestique qui l’avait reconnu. Il finit ses jours en prison, dans la même cellule que le marquis de Sade, qui lui demanda souvent de ramasser sa savonnette. Il regretta amèrement la guillotine. Des excellents exemples de détournements La désencyclopédie Le Gorafi Nordpresse En jouant avec les mots Les jeux de mots sont plus facilement accessibles aux personne à la pensée auditive. Si vous entendez les mots, plutôt que de les voir ce n’est pas mon cas, je fais donc très rarement des jeux de mots, vous aurez une certaine facilité à manipuler les syllabes. Les jeux de mots peuvent se faire en associant des idées. Par exemple Quand on fait du blé, nos rêves céréalisent. Fussoir Ici, la personne a sûrement entendu que se réal… » ressemblait à céréale ». Il lui suffit alors de chercher quel genre de rêve peut céréaliser ». Il aurait pu dire aussi Je mange des frosties, mon rêve céréalise enfin. » Ou encore, un autre jeu de mot céréalier Les faucheurs d’OGM, ce sont des céréales killer ». Les jeux de mots peuvent aussi mélanger les syllabes et créer les fameuses contrepétries. L’une d’entre elle, célèbre La philanthropie de l’ouvrier charpentier Je vous laisse chercher la solution ! Vous êtes nul en jeu de mots ? Pas grave, faites des jeux de mots pourris et assumez-les. Moi ce sont ceux que je préfère finalement J’ai essayé la veste de Gad, et elle m’allait. » D’autres exemples ici. Vous pouvez aussi détourner de expressions et proverbes, comme le faisait génialement Pierre Desproges. Voici une liste de proverbes inventés, détournés souvent de proverbes originaux. Le système reste le même que celui des jeux de mots, comme par exemple Noel aux tisanes, Pâques aux rabannes ». Comment être drôle en assumant Che chuis chuper grôle et che vous jemmergue. Mantra à répéter chaque matin en se lavant les dents. Assumer totalement sa connerie est payant en matière d’humour. Et si vous manquez de confiance en vous ? Pas de soucis, je vais vous indiquer en quelques techniques comment faire croire à l’écrit que vous êtes hyper cool dans la vie. Ne marche que si vous ne rencontrez jamais les gens en vrai. Dialoguez avec vous-même Vous vous essayez à dire une vanne, mais vous ressentez de la honte à la lire, tellement elle est pourrie ? Imaginez la réaction de votre lectorat et prévenez-la en l’ayant vous-même. Par exemple J’ai fait une blague à un parisien, mais il a pas ri. Vous pensez sûrement Voilà un jeu de mot qui mérite une sanction exemplaire. » Et je serais d’accord avec vous. C’est l’histoire d’un boeuf qui court et qui se viande. Quoi ? Ma grand-mère qui a alzheimer rigole à chaque fois ! Ou pire, vous insistez, supposant que votre interlocuteur ne rit pas parce qu’il n’a pas compris. Une vache néo-zélandaise, c’est une vache-kiwi ! T’as compris ? C’est en rapport avec la vache qui rit. Mais si, vache-kiwi, vache-qui-rit, qu’est-ce qu’on se marre, tu fais quoi ce soir ? Bah reviens ! Je le fais souvent avec mes parenthèses, qui sont souvent une réaction à mes propres écrits. Oui, comme ça. Ne vous prenez pas au sérieux Je regardais hier une vidéo de Amixem en passant ce mec est l’exemple parfait du type qui ne se prend pas au sérieux, intitulée Essayez de ne pas être mal à l’aise, dans laquelle il présente des situations malaisantes ». Oui vous savez, quand vous plissez les yeux en faisant oh mon dieu non pas ça. » C’est trtrtrtrès gênant les gens qui se prennent au sérieux. Parce que nos blagues sont très rarement bonnes, c’est surtout l’attitude que l’on a en les sortant qui fera rire. Donc, riez de vous-même et considérez d’emblée que Vos blagues sont nulles Votre attitude face à vos blagues déterminera votre niveau de drôlerie Faites-vous rire vous-même Si vous êtes un triste sire en société, mais que dans votre tête, c’est la foule en délire, alors rien n’est perdu. Si en lisant votre prose, vous vous ennuyez au lieu de vous taper les cuisses, révisez l’article ci-dessus jusqu’à ce que vous pouffiez, du verbe pouffer, je pouffe, tu pouffes, que tu pouffiasses. Et cela marche aussi en société. Si faire le mime de l’escalier vous fait rire vous-même je suppose donc que vous êtes un plutonien fraîchement débarqué sur Terre, alors vous serez drôle. Si par contre, le leitmotiv de votre vanne est Je suis certain que cette blague fera rire, car elle fait partie des meilleures blagues 2016 », alors respirez un grand coup, faites votre sac à dos, et partez. Partez loin. D’autres techniques en vrac Dites quelque chose de vrai, mais vulgaire, méchant, dérangeant, gênant, et barrez-le, pour mettre la chose convenable » à la suite J’adore les femmes qui ont de la poitrine conversation. » Gérer le rythme. Vous pouvez devenir drôle en revenant à la ligne, ou en modifiant une virgule. Lisez votre texte à voix haute pour l’entendre et adaptez. Pour ceux d’entre vous qui ne parvenez pas à déterminer si vous êtes drôle à l’écrit, faites lire l’article à un proche, en lui disant que c’est de quelqu’un d’autre. Observez sa mine s’il ou elle fronce les sourcils, désappointé perdu. Recommencez. Mêlez des mots moches à de belles phrases. Sur l’onde calme et noire où dorment les étoiles, la blanche Ophélia flotte comme un grand rhododendron. » Observez une règle de 3 pour vos conclusions Cherche femme belle, riche, et aveugle. Humanisez les objets J’aimais tellement ma pizza, que j’étais prête de croire que ma pizza m’aimait en retour. » Mange, prie, aime Jouez un rôle, comme la blogueuse culinaire de Mangiare, ridere, qui engueule ses lecteurs telle une mamma italienne acariâtre, dans sa merveilleuse recette de pâtes à la carbonara. Votre gratin dauphinois est à présent brûlé, félicitations. Vos commentaires sont les bienvenus, et ne sont pas obligés d’être drôles. Sophie Gauthier vous apprend à écrire et à vivre de vos écrits. Articles, livres, romans, pages de vente découvrez comment rédiger et devenir un pro de la plume ! Cet article vous propose 100 citations d’Albert Camus 1913 – 1960 livrées, pour la plupart, in extenso. En effet, nombre de sites internet ne proposent que des versions tronquées ou faussées de certaines phrases tirées de son oeuvre, ce qui les rend souvent presque incompréhensibles. Albert Camus, écrivain, philosophe, journaliste, est l’auteur d’une oeuvre centrée sur l’absurde, c’est-à-dire la condition de l’homme moderne qui vit dans un monde dénué de sens, et sur la réponse à cette condition, la révolte. L’oeuvre de Camus ne s’y limite cependant pas. D’autres thèmes marquent son oeuvre, à l’image de l’Algérie, dont il est originaire. Voir ici 74 citations de ClemenceauSommaireCitations de Camus tirées de L’envers et l’endroit 1937Citations d’Albert Camus tirées de Noces 1939Citations d’Albert Camus tirées du Mythe de Sisyphe 1942Citations d’Albert Camus tirées de L’étranger 1942Citations d’Albert Camus tirées de Caligula 1944Citations d’Albert Camus tirées de Lettres à un ami allemand 1945Citations d’Albert Camus tirées de La Peste 1947Citations d’Albert Camus tirées de L’État de siège 1948Citations d’Albert Camus tirées de Les Justes 1949Citations d’Albert Camus tirées de L’Homme révolté 1951Citations d’Albert Camus tirées de L’Été 1954Citations d’Albert Camus tirées d’Actuelles et de Combat 1950 – 1958Tirées de La chute 1956Tirées de Réflexions sur la guillotineTirées du discours de réception du prix Nobel de littérature 1957Tirées des Carnets posthumesAutres citationsCitations de Camus tirées de L’envers et l’endroit 1937L’envers et l’endroit est une oeuvre de jeunesse de Camus composée de cinq Ce que j’ai dit ne reste pas moins vrai. Je rencontre parfois des gens qui vivent au milieu de fortunes que je ne peux même pas imaginer. Il me faut cependant un effort pour comprendre qu’on puisse envier ces fortunes. Pendant huit jours, il y a longtemps, j’ai vécu comblé des biens de ce monde nous dormions sans toit, sur une plage, je me nourrissais de fruits et je passais la moitié de mes journées dans une eau déserte. J’ai appris à cette époque une vérité qui m’a toujours poussé à recevoir les signes du confort, ou de l’installation, avec ironie, impatience, et quelques fois avec fureur. Bien que je vive maintenant sans le souci du lendemain, donc en privilégié, je ne sais pas de 1958, Je n’envie rien, ce qui est mon droit, mais je ne pense pas toujours aux envies des autres et cela m’ôte de l’imagination, c’est- à-dire de la bonté. Il est vrai que je me suis fait une maxime pour mon usage personnel Il faut mettre ses principes dans les grandes choses, aux petites la miséricorde suffit. » Hélas ! on se fait des maximes pour combler les trous de sa propre nature. Chez moi, la miséricorde dont je parle s’appelle plutôt indifférence. Ses effets, on s’en doute, sont moins de 1958, S’il est vrai que les seuls paradis sont ceux qu’on a perdus, je sais comment nommer ce quelque chose de tendre et d’inhumain qui m’habite aujourd’hui. Un émigrant revient dans sa patrie. Et moi, je me souviens. Ironie, raidissement, tout se tait et me voici rapatrié. Je ne veux pas remâcher du bonheur. C’est bien plus simple et c’est bien plus facile. Car de ces heures que, du fond de l’oubli, je ramène vers moi, s’est conservé surtout le souvenir intact d’une pure émotion, d’un instant suspendu dans l’éternité. Cela seul est vrai en moi et je le sais toujours trop tard. Nous aimons le fléchissement d’un geste, l’opportunité d’un arbre dans le paysage. Et pour recréer tout cet amour, nous n’avons qu’un détail, mais qui suffit une odeur de chambre trop longtemps fermée, le son singulier d’un pas sur la route. Ainsi de moi. Et si j’aimais alors en me donnant, enfin j’étais moi-même puisqu’il n’y a que l’amour qui nous rende à J’admire qu’on puisse trouver au bord de la Méditerranée des certitudes et des règles de vie, qu’on y satisfasse sa raison et qu’on y justifie un optimisme et un sens social. Car enfin, ce qui me frappait alors ce n’était pas un monde fait à la mesure de l’homme – mais qui se refermait sur l’homme. Non, si le langage de ces pays s’accordait à ce qui résonnait profondément en moi, ce n’est pas parce qu’il répondait à mes questions, mais parce qu’il les rendait inutiles. Ce n’était pas des actions de grâces qui pouvaient me monter aux lèvres, mais ce Nada qui n’a pu naître que devant des paysages écrasés de soleil. Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de ajoute dans la préface de 1958 5. Il n’y a pas d’amour de vivre sans désespoir de vivre », ai-je écrit, non sans emphase, dans ces pages. Je ne savais pas à l’époque à quel point je disais vrai ; je n’avais pas encore traversé les temps du vrai d’Albert Camus tirées de Noces 1939Stèle en mémoire des Noces à Tipaza d’Albert Camus Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusNoces est un recueil d’essais dans lesquels Albert Camus revient sur sa jeunesse Il n’y a pas de honte à être heureux. Mais aujourd’hui l’imbécile est roi, et j’appelle imbécile celui qui a peur de J’entends bien qu’un tel peuple ne peut être accepté de tous. Ici, l’intelligence n’a pas de place comme en Italie. Cette race est indifférente à l’esprit. Elle a le culte et l’admiration du corps. Elle en tire sa force, son cynisme naïf, et une vanité puérile qui lui vaut d’être sévèrement jugée. On lui reproche communément sa mentalité », c’est- à-dire une façon de voir et de vivre. Et il est vrai qu’une certaine intensité de vie ne va pas sans injustice. Voici pourtant un peuple sans passé, sans tradition et cependant non sans poésie – mais d’une poésie dont je sais bien la qualité dure, charnelle, loin de la tendresse, celle même de leur ciel, la seule à la vérité qui m’émeuve et me rassemble. Le contraire d’un peuple civilisé, c’est un peuple créateur. Ces barbares qui se prélassent sur des plages, j’ai l’espoir insensé qu’à leur insu peut-être, ils sont en train de modeler le visage d’une culture où la grandeur de l’homme trouvera enfin son vrai visage. Ce peuple tout entier jeté dans son présent vit sans mythes, sans consolation. Il a mis tous ses biens sur cette terre et reste dès lors sans défense contre la mort. Les dons de la beauté physique lui ont été De la boîte de Pandore où grouillaient les maux de l’humanité, les Grecs firent sortir l’espoir après tous les autres, comme le plus terrible de tous. Je ne connais pas de symbole plus émouvant. Car l’espoir, au contraire de ce qu’on croit, équivaut à la résignation. Et vivre, c’est ne pas se Je me trompe peut-être. Car enfin je fus heureux à Florence et tant d’autres avant moi. Mais qu’est-ce que le bonheur sinon le simple accord entre un être et l’existence qu’il mène ? Et quel accord plus légitime peut unir l’homme à la vie sinon la double conscience de son désir de durée et son destin de mort ? d’Albert Camus tirées du Mythe de Sisyphe 1942Sisyphe, par Franz von Stuck, 1920 Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusLe Mythe de Sisyphe fait partie du cycle de l’absurde, avec L’étranger 1942, Caligula 1944 et Le malentendu 1944. C’est le plus célèbres des essais philosophiques d’Albert Camus, dans lequel il introduit sa philosophie de l’ sur l’absurde10. Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la de l’essai, On n’a jamais traité du suicide que comme d’un phénomène social. Au contraire, il est question ici, pour commencer, du rapport entre la pensée individuelle et le suicide. Un geste comme celui-ci se prépare dans le silence du cœur au même titre qu’une grande œuvre. L’homme lui-même l’ignore. Un soir, il tire ou il plonge. D’un gérant d’immeubles qui s’était tué, on me disait un jour qu’il avait perdu sa fille depuis cinq ans, qu’il avait beaucoup changé depuis et que cette histoire l’avait miné ». On ne peut souhaiter de mot plus exact. Commencer à penser, c’est commencer d’être miné. La société n’a pas grand-chose à voir dans ces débuts. Le ver se trouve au cœur de l’homme. C’est là qu’il faut le chercher. Ce jeu mortel qui mène de la lucidité en face de l’existence à l’évasion hors de la lumière, il faut le suivre et le tuer, dans un sens, et comme au mélodrame, c’est avouer. C’est avouer qu’on est dépassé par la vie ou qu’on ne la comprend Je disais que le monde est absurde et j’allais trop vite. Ce monde en lui-même n’est pas raisonnable, c’est tout ce qu’on en peut dire. Mais ce qui est absurde, c’est la confrontation de cet irrationnel et de ce désir éperdu de clarté dont l’appel résonne au plus profond de l’ Sur un tout autre plan, celui de la méthode, par leurs outrances mêmes, Husserl et les phénoménologues restituent le monde dans sa diversité et nient le pouvoir transcendant de la raison. L’univers spirituel s’enrichit avec eux de façon incalculable. Le pétale de rose, la borne kilométrique ou la main humaine ont autant d’importance que l’amour, le désir, ou les lois de la gravitation. Penser, ce n’est plus unifier, rendre familière l’apparence sous le visage d’un grand principe. Penser, c’est réapprendre à voir, à être attentif, c’est diriger sa conscience. C’est faire de chaque idée et de chaque image, à la façon de Proust, un lieu privilégié. Paradoxalement, tout est privilégié. Ce qui justifie la pensée, c’est son extrême le plan de l’intelligence, je puis donc dire que l’absurde n’est pas dans l’homme si une pareille métaphore pouvait avoir un sens, ni dans le monde, mais dans leur présence commune. Il est pour le moment le seul lien qui les unisse. Si j’en veux rester aux évidences, je sais ce que veut l’homme, je sais ce que lui offre le monde et maintenant je puis dire que je sais encore ce qui les unit. Je n’ai pas besoin de creuser plus avant. Une seule certitude suffit à celui qui cherche. Il s’agit seulement d’en tirer toutes les Pour Chestov, la raison est vaine, mais il y a quelque chose au-delà de la raison. Pour un esprit absurde, la raison est vaine et il n’y a rien au-delà de la C’est qu’en vérité le chemin importe peu, la volonté d’arriver suffit à L’absurde, c’est la raison lucide qui constate ses Je comprends alors pourquoi les doctrines qui m’expliquent tout m’affaiblissent en même temps. Elles me déchargent du poids de ma propre vie et il faut bien pourtant que je le porte seul. À ce tournant, je ne puis concevoir qu’une métaphysique sceptique aille s’allier à une morale du S’il suffisait d’aimer, les choses seraient trop simples. Plus on aime et plus l’absurde se consolide. Ce n’est point par manque d’amour que Don Juan va de femme en femme. Il est ridicule de le représenter comme un illuminé en quête de l’amour total. Mais c’est bien parce qu’il les aime avec un égal emportement et chaque fois avec tout lui-même, qu’il lui faut répéter ce don et cet approfondissement. De là que chacune espère lui apporter ce que personne ne lui a jamais donné. Chaque fois, elles se trompent profondément et réussissent seulement à lui faire sentir le besoin de cette répétition. Enfin, s’écrie l’une d’elles, je t’ai donné l’amour. » S’étonnera-t-on que Don Juan en rie Enfin ? non, dit-il, mais une fois de plus. » Pourquoi faudrait-il aimer rarement pour aimer beaucoup ? Don Juan est-il triste ? Cela n’est pas vraisemblable. À peine ferais-je appel à la chronique. Ce rire, l’insolence victorieuse, ce bondissement et le goût du théâtre, cela est clair et joyeux. Tout être sain tend à se multiplier. Ainsi de Don Juan. Mais de plus, les tristes ont deux raisons de l’être, ils ignorent ou ils espèrent. Don Juan sait et n’espère pas. Il fait penser à ces artistes qui connaissent leurs limites, ne les excèdent jamais, et dans cet intervalle précaire où leur esprit s’installe, ont toute la merveilleuse aisance des maîtres. Et c’est bien là le génie l’intelligence qui connaît ses Ne pas croire au sens profond des choses, c’est le propre de l’homme L’homme absurde est celui qui ne se sépare pas du temps. Don Juan ne pense pas à collectionner » les femmes. Il en épuise le nombre et avec elles ses chances de vie. Collectionner, c’est être capable de vivre de son passé. Mais lui refuse le regret, cette autre forme de l’espoir. Il ne sait pas regarder les Il y a ceux qui sont faits pour vivre et ceux qui sont faits pour aimer. Don Juan du moins le dirait volontiers. Mais ce serait par un raccourci comme il peut en choisir. Car l’amour dont on parle ici est paré des illusions de l’éternel. Tous les spécialistes de la passion nous l’apprennent, il n’y a d’amour éternel que contrarié. Il n’est guère de passion sans lutte. Un pareil amour ne trouve de fin que dans l’ultime contradiction qui est la Il s’agit pour lui de voir clair. Nous n’appelons amour ce qui nous lie à certains êtres que par référence à une façon de voir collective et dont les livres et les légendes sont responsables. Mais de l’amour, je ne connais que ce mélange de désir, de tendresse et d’intelligence qui me lie à tel être. Ce composé n’est pas le même pour tel autre. Je n’ai pas le droit de recouvrir toutes ces expériences du même nom. Cela dispense de les mener des mêmes gestes. L’homme absurde multiplie encore ici ce qu’il ne peut unifier. Ainsi découvre-t-il une nouvelle façon d’être qui le libère au moins autant qu’elle libère ceux qui l’approchent. Il n’y a d’amour généreux que celui qui se sait en même temps passager et Dans l’univers que Don Juan entrevoit, le ridicule aussi est compris. Il trouverait normal d’être châtié. C’est la règle du jeu. Et c’est justement sa générosité que d’avoir accepté toute la règle du jeu. Mais il sait qu’il a raison et qu’il ne peut s’agir de châtiment. Un destin n’est pas une Quelques archéologues peut-être chercheront des témoignages » de notre époque. Cette idée a toujours été enseignante. Bien méditée, elle réduit nos agitations à la noblesse profonde qu’on trouve dans l’indifférence. Elle dirige surtout nos préoccupations vers le plus sûr, c’est-à-dire vers l’immédiat. De toutes les gloires, la moins trompeuse est celle qui se Un homme est plus un homme par les choses qu’il tait que par celles qu’il Dans cet univers, l’œuvre est alors la chance unique de maintenir sa conscience et d’en fixer les aventures. Créer, c’est vivre deux fois. La recherche tâtonnante et anxieuse d’un Proust, sa méticuleuse collection de fleurs, de tapisseries et d’angoisses ne signifient rien d’autre. En même temps, elle n’a pas plus de portée que la création continue et inappréciable à quoi se livrent tous les jours de leur vie, le comédien, le conquérant et tous les hommes absurdes. Tous s’essaient à mimer, à répéter et à recréer la réalité qui est la leur. Nous finissons toujours par avoir le visage de nos vérités. L’existence tout entière, pour un homme détourné de l’éternel, n’est qu’un mime démesuré sous le masque de l’absurde. La création, c’est le grand Pour l’homme absurde, il ne s’agit plus d’expliquer et de résoudre, mais d’éprouver et de L’artiste au même titre que le penseur s’engage et se devient dans son L’œuvre d’art naît du renoncement de l’intelligence à raisonner le concret. Elle marque le triomphe du charnel. C’est la pensée lucide qui la provoque, mais dans cet acte même elle se Si le monde était clair, l’art ne serait Dieu existe, tout dépend de lui et nous ne pouvons rien contre sa volonté. S’il n’existe pas, tout dépend de nous. Pour Kirilov comme pour Nietzsche, tuer Dieu, c’est devenir dieu soi-même, c’est réaliser dès cette terre la vie éternelle dont parle l’ Créer, c’est ainsi donner une forme à son Si ce mythe est tragique, c’est que son héros est conscient. Où serait en effet sa peine, si à chaque pas l’espoir de réussir le soutenait ? L’ouvrier d’aujourd’hui travaille, tous les jours de sa vie, aux mêmes tâches et ce destin n’est pas moins absurde. Mais il n’est tragique qu’aux rares moments où il devient conscient. Sisyphe, prolétaire des dieux, impuissant et révolté, connaît toute l’étendue de sa misérable condition c’est à elle qu’il pense pendant sa descente. La clairvoyance qui devait faire son tourment consomme du même coup sa victoire. Il n’est pas de destin qui ne se surmonte par le Je laisse Sisyphe au bas de, la montagne ! On retrouve toujours son fardeau. Mais Sisyphe enseigne la fidélité supérieure qui nie les dieux et soulève les rochers. Lui aussi juge que tout est bien. Cet univers désormais sans maître ne lui paraît ni stérile ni futile. Chacun des grains de cette pierre, chaque éclat minéral de cette montagne pleine de nuit, à lui seul, forme un monde. La lutte elle-même vers les sommets suffit à remplir un cœur d’homme. Il faut imaginer Sisyphe d’Albert Camus tirées de L’étranger 1942Le plus célèbre roman d’Albert Camus, dont l’incipit est resté célèbre. Il fait partie du cycle de l’absurde, avec le Mythe de Sisyphe 1942, Caligula 1944 et Le malentendu 1944.38. Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J’ai reçu un télégramme de l’asile Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C’était peut-être Je n’ai jamais aimé être surpris. Quand il m’arrive quelque chose, je préfère être d’Albert Camus tirées de Caligula 1944La pièce de théâtre Caligula fait partie du cycle de l’absurde avec le Mythe de Sisyphe 1942, L’étranger 1942 et Le malentendu 1944.40. Scipion Je l’aime. Il était bon pour moi. Il m’encourageait et je sais par cœur certaines de ses paroles. Il me disait que la vie n’est pas facile, mais qu’il y avait la religion. L’art, l’amour qu’on nous porte. Il répétait souvent que faire souffrir était la seule façon de se tromper. Il voulait être un homme Hélicon À vrai dire, ils ne l’ont jamais eue, sinon pour frapper ou commander. Il faudra patienter, voilà tout. Il faut un jour pour faire un sénateur et dix ans pour faire un travailleur.Caligula Mais j’ai bien peur qu’il en faille vingt pour faire un travailleur d’un Caligula Il n’y a que la haine pour rendre les gens Caligula C’est cela que je comprends aujourd’hui encore, en te regardant. Aimer un être, c’est accepter de vieillir avec lui. Je ne suis pas capable de cet amour. Drusilla vieille, c’était bien pis que Drusilla morte. On croit qu’un homme souffre parce que l’être qu’il aime meurt en un jour. Mais sa vraie souffrance est moins futile c’est de s’apercevoir que le chagrin non plus ne dure pas. Même la douleur est privée de d’Albert Camus tirées de Lettres à un ami allemand 1945Lettres à un ami allemand est un recueil d’articles qui avaient été publiés clandestinement sous l’Occupation. Pour en savoir Je n’ai jamais cru au pouvoir de la vérité par elle-même. Mais c’est déjà beaucoup de savoir qu’à énergie égale, la vérité l’emporte sur le mensonge. C’est à ce difficile équilibre que nous sommes lettre, Qu’est-ce que l’homme ? Mais là, je vous arrête, car nous le savons. Il est cette force qui finit toujours par balancer les tyrans et les lettre, J’ai choisi la justice au contraire, pour rester fidèle à la terre. Je continue à croire que ce monde n’a pas de sens supérieur. Mais je sais que quelque chose en lui a du sens et c’est l’homme, parce qu’il est le seul être à exiger d’en avoirQuatrième lettre, Dès l’instant où il est seul, pur, sûr de lui, impitoyable dans ses conséquences, le désespoir a une puissance sans merci. C’est celle qui nous a écrasés pendant que nous hésitions et que nous avions encore un regard sur des images heureuses. Nous pensions que le bonheur est la plus grande des conquêtes, celle qu’on fait contre le destin qui nous est d’Albert Camus tirées de La Peste 1947La peste en Égypte, William Turner, 1800 Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusLa Peste inaugure le cycle de la révolte dans lequel suivront L’État de siège 1948, Les Justes 1949 et l’Homme révolté 1951. C’est un roman à plusieurs portées, qui évoque entre autres la résistance européenne contre l’Allemagne Et sans doute une guerre est certainement trop bête, mais cela ne l’empêche pas de durer. La bêtise insiste toujours, on s’en apercevrait si l’on ne pensait pas toujours à Mais il vient toujours une heure dans l’histoire où celui qui ose dire que deux et deux font quatre est puni de mort. L’instituteur le sait bien. Et la question n’est pas de savoir quelle est la récompense ou la punition qui attend ce raisonnement. La question est de savoir si deux et deux, oui ou non, font quatre. Pour ceux de nos concitoyens qui risquaient alors leur vie, ils avaient à décider si, oui ou non, ils étaient dans la peste et si, oui ou non, il fallait lutter contre Beaucoup de nouveaux moralistes dans notre ville allaient alors, disant que rien ne servait à rien et qu’il fallait se mettre à genoux. Et Tarrou, et Rieux, et leurs amis pouvaient répondre ceci ou cela, mais la conclusion était toujours ce qu’ils savaient il fallait lutter de telle ou telle façon et ne pas se mettre à genoux. Toute la question était d’empêcher le plus d’hommes possible de mourir et de connaître la séparation définitive. Il n’y avait pour cela qu’un seul moyen qui était de combattre la peste. Cette vérité n’était pas admirable, elle n’était que Tarrou Justement. Peut-on être un saint sans Dieu, c’est le seul problème concret que je connaisse aujourd’ Le docteur Rieux décida alors de rédiger le récit qui s’achève ici, pour ne pas être de ceux qui se taisent, pour témoigner en faveur de ces pestiférés, pour laisser du moins un souvenir de l’injustice et de la violence qui leur avaient été faites, et pour dire simplement ce qu’on apprend au milieu des fléaux, qu’il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à Écoutant, en effet, les cris d’allégresse qui montaient de la ville, Rieux se souvenait que cette allégresse était toujours menacée. Car il savait ce que cette foule en joie ignorait, et qu’on peut lire dans les livres, que le bacille de la peste ne meurt ni ne disparaît jamais, qu’il peut rester pendant des dizaines d’années endormi dans les meubles et le linge, qu’il attend patiemment dans les chambres, les caves, les malles, les mouchoirs et les paperasses, et que, peut-être, le jour viendrait où, pour le malheur et l’enseignement des hommes, la peste réveillerait ses rats et les enverrait mourir dans une cité d’Albert Camus tirées de L’État de siège 1948Pièce de théâtre, deuxième oeuvre du cycle de la révolte, avec la Peste 1947, les Justes 1949 et l’Homme révolté 1951.54. Nada, perché sur une borne et ricanant Et voilà ! Moi, Nada, lumière de cette ville par l’instruction et les connaissances, ivrogne par dédain de toutes choses et par dégoût des honneurs, raillé des hommes parce que j’ai gardé la liberté du mépris, je tiens à vous donner, après ce feu d’artifice, un avertissement gratuit. Je vous informe donc que nous y sommes et que, de plus en plus, nous allons y bien que nous y étions déjà. Mais il fallait un ivrogne pour s’en rendre compte. Où sommes-nous donc ? C’est à vous, hommes de raison, de le deviner. Moi, mon opinion est faite depuis toujours et je suis ferme sur mes principes la vie vaut la mort ; l’homme est du bois dont on fait les bûchers. Croyez-moi vous allez avoir des ennuis. Cette comète-là est mauvais signe. Elle vous alerte ! d’Albert Camus tirées de Les Justes 1949Manifestation du 17 octobre 1905, Ilia Répine, 1907 Wikimédia Commons 100 citations d’Albert CamusPièce de théâtre, troisième oeuvre du cycle de la révolte, avec La Peste 1947, L’État de siège 1948 et l’Homme révolté 1951.55. Stepan La liberté est un bagne aussi longtemps qu’un seul homme est asservi sur la terre. J’étais libre et je ne cessais de penser à la Russie et à ses Stepan L’honneur est un luxe réserve à ceux qui ont des calèches. Kaliayev Non. Il est la dernière richesse du Dora Il y a trop de sang, trop de dure violence. Ceux qui aiment vraiment la justice n’ont pas droit à l’amour. Ils sont dressés comme je suis, la tête levée, les yeux fixes. Que viendrait faire l’amour dans ces cœurs fiers ? L’amour courbe doucement les têtes, Yanek. Nous, nous avons la nuque Skouratov On commence par vouloir la justice et on finit par organiser une Kaliayev J’ai lancé la bombe sur votre tyrannie, non sur un homme. Skouratov Sans doute. Mais c’est l’homme qui l’a d’Albert Camus tirées de L’Homme révolté 1951Cet essai est la quatrième oeuvre du cycle de la révolte, avec La Peste 1947, L’État de siège 1948 et Les Justes 1949.60. Tout le malheur des hommes vient de l’espérance qui les arrache au silence de la citadelle, qui les jette sur les remparts dans l’attente du De ce point de vue, le Nouveau Testament peut être considéré comme une tentative de répondre, par avance, à tous les Caïn du monde, en adoucissant la figure de Dieu, et en suscitant un intercesseur entre lui et l’homme. Le Christ est venu résoudre deux problèmes principaux, le mal et la mort, qui sont précisément les problèmes des révoltés. Sa solution a consisté d’abord à les prendre en charge. Le dieu homme souffre aussi, avec patience. Le mal ni la mort ne lui sont plus absolument imputables, puisqu’il est déchiré et meurt. La nuit du Golgotha n’a autant d’importance dans l’histoire des hommes que parce que dans ces ténèbres la divinité, abandonnant ostensiblement ses privilèges traditionnels, a vécu jusqu’au bout, désespoir inclus, l’angoisse de la mort. On s’explique ainsi le Lama sabactani et le doute affreux du Christ à l’agonie. L’agonie serait légère si elle était sou- tenue par l’espoir éternel. Pour que le dieu soit un homme, il faut qu’il À propos de Sade On exalte en lui le philosophe aux fers, et le premier théoricien de la révolte absolue. Il pouvait l’être en effet. Au fond des prisons, le rêve est sans limites, la réalité ne freine rien. L’intelligence dans les chaînes perd en lucidité ce qu’elle gagne en fureur. Sade n’a connu qu’une logique, celle des sentiments. Il n’a pas fondé une philosophie, mais poursuivi le rêve monstrueux d’un Ce n’est pas la souffrance de l’enfant qui est révoltante en elle-même, mais le fait que cette souffrance ne soit pas justifiée. Après tout, la douleur, l’exil, la claustration, sont quelquefois acceptés quand la médecine ou le bon sens nous en persuadent. Aux yeux du révolté, ce qui manque à la douleur du monde, comme aux instants de son bonheur, c’est un principe d’explication. L’insurrection contre le mal demeure, avant tout, une revendication d’unité. Au monde des condamnés à mort, à la mortelle opacité de la condition, le révolté oppose inlassablement son exigence de vie et de transparence définitives. Il est à la recherche, sans le savoir, d’une morale ou d’un sacré. La révolte est une ascèse, quoique aveugle. Si le révolté blasphème alors, c’est dans l’espoir du nouveau dieu. Il s’ébranle sous le choc du premier et du plus profond des mouvements religieux, mais il s’agit d’un mouvement religieux déçu. Ce n’est pas la révolte en elle-même qui est noble, mais ce qu’elle exige, même si ce qu’elle obtient est encore À propos de la révolution hitlerienne Parlant d’une telle révolution, Rauschning dit qu’elle n’est plus libération, justice et essor de l’esprit elle est la mort de la liberté, la domination de la violence et l’esclavage de l’esprit ». Le fascisme, c’est le mépris, en effet. Inversement, toute forme de mépris, si elle intervient en politique, prépare ou instaure le Tout homme est un criminel qui s’ignore. Le criminel objectif est celui qui, justement, croyait être innocent. Son action, il la jugeait subjectivement inoffensive, ou même favorable à l’avenir de la Le goût de la possession n’est qu’une autre forme du désir de durer ; c’est lui qui fait le délire impuissant de l’amour. Aucun être, même le plus aimé, et qui nous le rende le mieux, n’est jamais en notre possession. Sur la terre cruelle où les amants meurent parfois séparés, naissent toujours divisés, la possession totale d’un être, la communion absolue dans le temps entier de la vie est une impossible Les héros ont notre langage, nos faiblesses, nos forces. Leur univers n’est ni plus beau ni plus édifiant que le nôtre. Mais eux, du moins, courent jusqu’au bout de leur destin et il n’est même jamais de si bouleversants héros que ceux qui vont jusqu’à l’extrémité de leur passion, Kirilov et Stavroguine, Mme Graslin, Julien Sorel ou le prince de Clèves. C’est ici que nous perdons leur mesure, car ils finissent alors ce que nous n’achevons La logique du révolté est de vouloir servir la justice pour ne pas ajouter à l’injustice de la condition, de s’efforcer au langage clair pour ne pas épaissir le mensonge universel et de parier, face à la douleur des hommes, pour le On comprend alors que la révolte ne peut se passer d’un étrange amour. Ceux qui ne trouvent de repos ni en Dieu ni en l’histoire se condamnent à vivre pour ceux qui, comme eux, ne peuvent pas vivre pour les humiliés. Le mouvement le plus pur de la révolte se couronne alors du cri déchirant de Karamazov s’ils ne sont pas tous sauvés, à quoi bon le salut d’un seul ! Ainsi, des condamnés catholiques, dans les cachots d’Espagne, refusent aujourd’hui la communion parce que les prêtres du régime l’ont rendue obligatoire dans certaines prisons. Ceux-là aussi, seuls témoins de l’innocence crucifiée, refusent le salut, s’il doit être payé de l’injustice et de l’oppression. Cette folle générosité est celle de la révolte, qui donne sans tarder sa force d’amour et refuse sans délai l’injustice. Son honneur est de ne rien calculer, de tout distribuer à la vie présente et à ses frères vivants. C’est ainsi qu’elle prodigue aux hommes à venir. La vraie générosité envers l’avenir consiste à tout donner au d’Albert Camus tirées de L’Été 1954100 citations d’Albert CamusDans cet essai, Albert Camus évoque Oran et l’Algérie dont il est originaire. Cet extrait sur Tipasa renvoie à une première évocation dans Noces. 70. À midi sur les pentes à demi sableuses et couvertes d’héliotropes comme d’une écume qu’auraient laissée en se retirant les vagues furieuses des derniers jours, je regardais la mer qui, à cette heure, se soulevait à peine d’un mouvement épuisé et je rassasiais les deux soifs qu’on ne peut tromper longtemps sans que l’être se dessèche, je veux dire aimer et admirer. Car il y a seulement de la malchance à n’être pas aimé ; il y a du malheur à ne point aimer. Nous tous, aujourd’hui, mourons de ce malheur. C’est que le sang, les haines décharnent le cœur lui-même ; la longue revendication de la justice épuise l’amour qui pourtant lui a donné naissance. Dans la clameur où nous vivons, l’amour est impossible et la justice ne suffit pas. C’est pourquoi l’Europe hait le jour et ne sait qu’opposer l’injustice à elle-même. Mais pour empêcher que la justice se racornisse, beau fruit orange qui ne contient qu’une pulpe amère et sèche, je redécouvrais à Tipasa qu’il fallait garder intactes en soi une fraîcheur, une source de joie, aimer le jour qui échappe à l’injustice, et retourner au combat avec cette lumière conquise. Je retrouvais ici l’ancienne beauté, un ciel jeune, et je mesurais ma chance, comprenant enfin que dans les pires années de notre folie le souvenir de ce ciel ne m’avait jamais quitté. C’était lui qui pour finir m’avait empêché de désespérer. J’avais toujours su que les ruines de Tipasa étaient plus jeunes que nos chantiers ou nos décombres. Le monde y recommençait tous les jours dans une lumière toujours neuve. Ô lumière ! c’est le cri de tous les personnages placés, dans le drame antique, devant leur destin. Ce recours dernier était aussi le nôtre et je le savais maintenant. Au milieu de l’hiver, j’apprenais enfin qu’il y avait en moi un été d’Albert Camus tirées d’Actuelles et de Combat 1950 – 1958Actuelles est recueil de chroniques écrites par Albert Camus. Elles se présentent en trois volumes Actuelles I Chroniques 1944-1948 1950Actuelles II Chroniques 1948-1953 1953Actuelles III Chroniques 1939-1958 1958 sous titrées Chroniques algériennes71. Rien n’est donné aux hommes et le peu qu’ils peuvent conquérir se paye de morts injustes. Mais la grandeur de l’homme n’est pas là. Elle est dans sa décision d’être plus fort que sa nuit de la vérité, combat, 25 août 194472. Il est un autre apport du journaliste au public. Il réside dans le commentaire politique et moral de l’actualité. En face des forces désordonnées de l’histoire, dont les informations sont le reflet, il peut être bon de noter, au jour le jour, la réflexion d’un esprit ou les observations communes de plusieurs esprits. Mais cela ne peut se faire sans scrupule, sans distance et sans une certaine idée de la relativité. Certes, le goût de la vérité n’empêche pas la prise de journalisme critique, Combat, 8 septembre 194473. La civilisation mécanique vient de parvenir à son dernier degré de sauvagerie. Il va falloir choisir, dans un avenir plus ou moins proche, entre le suicide collectif ou l’utilisation intelligente des conquêtes Hiroshima, Combat, 8 août 194574. Le christianisme dans son essence et c’est sa paradoxale grandeur est une doctrine de l’injustice. Il est fondé sur le sacrifice de l’innocent et l’acceptation de ce sacrifice. La justice au contraire, et Paris vient de le prouver dans ses nuits illuminées des flammes de l’insurrection, ne va pas sans la 8 septembre 1944 Actuelles I, De tout cela, nous pouvons tirer qu’il n’y a pas d’ordre sans équilibre et sans accord. Pour l’ordre social, ce sera un équilibre entre le gouvernement et ses gouvernés. Et cet accord doit se faire au nom d’un principe supérieur. Ce principe, pour nous, est la justice. Il n’y a pas d’ordre sans justice et l’ordre idéal des peuples réside dans leur 12 octobre 1944, Actuelles I, D’une juste et saine méfiance à l’égard des prostitutions que cette société bourgeoise infligeait à la liberté, on en est venu à se défier de la liberté même. Au mieux, on l’a renvoyée à la fin des temps, en priant que d’ici là on veuille bien ne plus en parler. On a déclaré qu’il fallait d’abord la justice, et que pour la liberté, on verrait après, comme si des esclaves pouvaient jamais espérer obtenir pain et la liberté, Actuelle II, de La chute 1956Dans ce roman, Albert Camus aborde le thème de l’inaction et de ses L’homme est ainsi, cher monsieur, il a deux faces il ne peut pas aimer sans s’ J’arrivais à mes fins, à peu près quand je voulais. On me trouvait du charme, imaginez cela ! Le charme une manière de s’entendre répondre oui » sans avoir posé aucune question N’attendez pas le jugement dernier. Il a lieu tous les Le plus haut des tourments humains est d’être jugé sans L’essentiel est que tout devienne simple, comme pour l’enfant, que chaque acte soit commandé, que le bien et le mal soient désignés de façon arbitraire, donc évidente. Et moi, je suis d’accord, tout sicilien et javanais que je sois, avec ça pas chrétien pour un sou, bien que j’aie de l’amitié pour le premier d’entre eux. Mais sur les ponts de Paris, j’ai appris moi aussi que j’avais peur de la liberté. Vive donc le maître, quel qu’il soit, pour remplacer la loi du ciel. Notre père qui êtes provisoirement ici… Nos guides, nos chefs délicieusement sévères, ô conducteurs cruels et bien-aimés… » Enfin, vous voyez, l’essentiel est de n’être plus libre et d’obéir, dans le repentir, à plus coquin que soi. Quand nous serons tous coupables, ce sera la de Réflexions sur la guillotine82. Beaucoup de législations considèrent comme plus grave le crime prémédité que le crime de pure violence. Mais qu’est-ce donc que l’exécution capitale, sinon le plus prémédité des meurtres, auquel aucun forfait de criminel, si calculé soit-il, ne peut être comparé ? Pour qu’il y ait équivalence, il faudrait que la peine de mort châtiât un criminel qui aurait averti sa victime de l’époque où il lui donnerait une mort horrible et qui, à partir de cet instant, l’aurait séquestrée à merci pendant des mois. Un tel monstre ne se rencontre pas dans le du discours de réception du prix Nobel de littérature 1957Albert Camus reçoit le prix Nobel de littérature en 1957. 83. L’art n’est pas à mes yeux une réjouissance solitaire. Il est un moyen d’émouvoir le plus grand nombre d’hommes en leur offrant une image privilégiée des souffrances et des joies communes.[…]84. Et celui qui, souvent, a choisi son destin d’artiste parce qu’il se sentait différent apprend bien vite qu’il ne nourrira son art, et sa différence, qu’en avouant sa ressemblance avec tous. L’artiste se forge dans cet aller retour perpétuel de lui aux autres, à mi-chemin de la beauté dont il ne peut se passer et de la communauté à laquelle il ne peut s’arracher. C’est pourquoi les vrais artistes ne méprisent rien ; ils s’obligent à comprendre au lieu de juger.[…]85. Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde se des Carnets posthumesLes Carnets se rapprochent d’un journal intime, dans lequel Camus prenait des notes pour son travail. Ils se présentent en trois volumes Carnets I mai 1935-février 1942 1962 ;Carnets II janvier 1942-mars 1951 1964 ;Carnets III mars 1951-décembre 1959 1989.Carnets I86. La tentation la plus dangereuse ne ressembler à 1937, Le besoin d’avoir raison, marque d’esprit 1937, Aller jusqu’au bout, ce n’est pas seulement résister mais aussi se laisser 1937, Les nuages grossissent au-dessus du cloître et la nuit peu à peu assombrit les dalles où s’inscrit la morale dont on dote ceux qui sont morts. Si j’avais à écrire ici un livre de morale, il aurait cent pages et 99 seraient blanches. Sur la dernière, j’écrirais Je ne connais qu’un seul devoir et c’est celui d’aimer. »Août 1937, à la basilique de la Santissima Annuziata à Florence, Solitude, luxe des septembre 1937, Il n’y a qu’un cas où le désespoir soit pur. C’est celui du condamné à mort qu’on nous permette une petite évocation. On pourrait demander à un désespéré d’amour s’il veut être guillotiné le lendemain, et il refuserait. À cause de l’horreur du supplice ? Oui. Mais l’horreur naît ici de la certitude – plutôt de l’élément mathématique qui compose cette certitude. L’Absurde est ici parfaitement clair. C’est le contraire d’un irrationnel. Il a tous les signes de l’évidence. Ce qui est irrationnel, ce qui le serait, c’est l’espoir passager et moribond que cela va cesser et que cette mort pourra être 38, Ce qu’il y a d’exaltant la terrible solitude. Comme remède à la vie en société la grande ville. C’est désormais le seul désert praticable. Le corps ici n’a plus de prestige. Il est couvert, caché sous des peaux informes. Il n’y a que l’âme, l’âme avec tous ses débordements, ses ivrogneries, ses intempérances d’émotion pleurarde et le 1940, II93. Trois ans pour faire un livre, cinq lignes pour le ridiculiser – et les citations Celui qui désespère des événements est un lâche, mais celui qui espère en la condition humaine est un septembre 1943, Oui, j’ai une patrie la langue 1950, Tout accomplissement est une servitude. Il oblige à un accomplissement plus 1951, III97. Mauriac. Preuve admirable de la puissance de sa religion il arrive à la charité sans passer par la générosité. Il a tort de me renvoyer sans cesse à l’angoisse du Christ. Il me semble que j’en ai un plus grand respect que lui, ne m’étant jamais cru autorisé à exposer le supplice de mon sauveur, deux fois la semaine, à la première page d’un journal de banquiers. Il se dit écrivain d’humeur. En effet. Mais il a dans l’humeur une disposition invincible à se servir de la croix comme d’une arme de jet. Ce qui en fait un journaliste du premier ordre, et un écrivain du second. Dostoïevski de la Toute société est basée sur l’aristocratie, car celle-ci, la vraie, est exigence à l’égard de soi-même et sans cette exigence toute société novembre 1954, La démocratie ce n’est pas la loi de la majorité mais la protection de la 1958, Nombreux sont les français et les françaises qui depuis des générations ont vibré à la lecture des Fables de La Fontaine, qu’elles aient été enseignées en classe, apprises par cœur à la maison, ou lues tout haut avec leurs parents ou leurs grands-parents. Qui ne se souvient pas des phrases les plus connues et qui demeurent familières encore aujourd’hui car elles sont entrées dans le langage commun La raison du plus fort est toujours la meilleure », On a souvent besoin d’un plus petit que soi », Rien ne sert de courir il faut partir à point », ou les références à vendre la peau de l’ours », à la montagne qui accouche d’une souris », à qui est pris qui croyait prendre » et à Aides-toi le Ciel t’aidera » ? Qui peut oublier tous ces lapins, tortues, corbeaux, fourmis, renards, lions, agneaux, et autres animaux qui se parlent entre eux avec tant de naturel malgré l’aspect irréel de ces conversations ? Qui peut ignorer les multiples illustrations des Fables par les peintres et artistes entre le 17e et le 21e siècle ? Or, si nous connaissons certaines des fables et que nous pouvons réciter celles-ci par cœur, peu de lecteurs ou lectrices connaissent la vie de l’auteur, ni les profonds messages que les fables transmettent. La Fontaine n’a publié ses premières Fables qu’en 1668 alors qu’il avait déjà 47 ans. Le premier livre était dédié au Dauphin, fils de Louis XIV, qui avait sept ans. Dans cette première Préface La Fontaine annonce déjà le but de ses écrits. Il convient que le jeu et l’amusement font partie des premières années du petit prince mais en même temps lui rappelle qu’il doit donner quelques-unes de ses pensées à des réflexions sérieuses ». La deuxième partie de cette Préface rend hommage à ses prédécesseurs classiques tels Phèdre, Aristote et autres fabulistes animaliers, suivi d’un long essai sur Ésope, son maître dont il fait un éloge vibrant Je chante les héros dont Ésope est le père ». Certaines des œuvres de ce dernier font d’ailleurs leur apparition dans le recueil des Fables suivies d’un texte de notre poète qui reformule légèrement celles de son héros. Les fables étaient à la mode à l’époque pendant laquelle La Fontaine écrivit les siennes et beaucoup s’y essayaient. Cepedant ce qui était surtout apprécié était une littérature légère truffée de référence aux animaux. Malgré son admiration pour Ésope, de qui il disait tenir son inspiration, ainsi que les œuvres d’Horace et de Sénèque, des fabliaux du moyen âge et des fables colportées d’Inde, de Chine et des pays arabes, La Fontaine avait une autre forme en tête. Dans ses nombreuses préfaces il théorisa le style de ses fables celles-ci devaient éviter la longueur et l’obscurité mais il fallait qu’elles aient du piquant, et elles devaient être gaies afin de capter l’attention de ses lecteurs pour mieux leur enseigner une morale universelle. Elles devaient donc allier le charme et le plaisir avec la raison et l’instruction Ces Fables ne semblent pas ce qu’elles semblent être. Le plus simple Animal nous y tient lieu de Maître. Une morale nue apporte de l’ennui ; le conte fait passer le précepte avec lui. En ces sortes de Feintes il faut instruire et plaire ». Le Lion et le Chasseur Laurent Cars 1699-1771 Gravure réalisée par Laurent Cars d’après un dessin de Jean-Baptiste Oudry représentant la fable Le lion et le chasseur de Jean de La Fontaine fable 2 du livre VI Dès cette première Préface, La Fontaine expliqua aussi au Dauphin pourquoi il avait choisi de mettre les animaux sur le devant de la scène de ses fables Les propriétés des animaux et leurs divers caractères y sont exprimés ; par conséquent les nôtres aussi, puisque nous sommes l’abrégé de ce qu’il y a de bon et de mauvais dans les créatures irraisonnables. » Ce serait là son thème principal, réitéré de nombreuses fois Or vous savez Iris de certaine science, Que quand la bête penserait, La bête ne réfléchirait Sur l’objet, ni sur sa pensée. Descartes va plus loin, et soutient nettement Qu’elle ne pense nullement. Vous n’êtes point embarrassée De le croire ni moi.» Discours à Madame de la Sablière L’homme agit et il se comporte, En mille occasions comme les animaux. » Discours à Monsieur le Duc de La Rochefoucauld La Fontaine était un homme complexe et talentueux, malgré la légende qui voudrait qu’il ait été constamment désargenté, un parasite, un libertin toujours à l’affût de mécènes, un homme qui évoluait dans les salons luxueux des aristocrates riches et oisifs qui entouraient Louis XIV à une période où festins et bals costumés étaient à leur apogée, et qui écrivait des fables légères et distrayantes. Il est vrai qu’avide de liberté le poète avait abandonné la sinécure dont il avait hérité en tant que Maître des Eaux et des Forêts dans sa Champagne natale, car ce travail l’ennuyait. Il est vrai aussi qu’en ce faisant il abandonnait sa femme et son fils qu’il délaissa pour partir à Paris. Mais c’était un homme qui était toujours resté attaché aux souvenirs de son enfance dans la campagne où il était né, où il avait été élevé, et dans laquelle il avait pu observer la nature et les animaux qui l’entouraient. C’était aussi un homme qui, par l’intermédiaire de ses fables animalières, critiqua inlassablement le pouvoir arbitraire et injuste de la royauté et railla la frivolité et l’hypocrisie des courtisans qui l’entouraient. Il ne se laissa jamais contrôler par l’absolutisme royal et ne cessa d’émettre des jugements sévères sur les abus du roi et de ses ministres. La Fontaine, né en 1621 à Château-Thierry, avait brûlé, comme beaucoup de jeunes poètes, de rejoindre Paris et d’y mener la vie dont il rêvait entre les dîners littéraires bien arrosés, les nuits entières passées à partager leurs écrits et la compagnie de jolies parisiennes ; il y arriva donc à la fin des années 1750. C’est à Paris qu’il fit la connaissance de Molière, Racine et Corneille. Il était entouré d’un cercle de poètes qui avaient créé un havre pour la poésie et la littérature en général et espéraient qu’ils pourraient convaincre le nouveau roi de l’importance des Lettres pour le royaume. C’était un poète prolifique il écrivit 240 fables, 64 contes, des romans en prose, deux livrets d’opéra, deux tragédies, deux comédies, un ballet, des épîtres, des sonnets, des madrigaux, des récits de voyage, et des lettres, et qui fut membres de l’Académie. C’était aussi un homme qui mettait l’amitié au-dessus de toute valeur Chacun se dit ami ; mais fol qui s’y repose rien n’est plus commun que ce nom ; rien n’est plus rare que la chose. » Parole de Socrate. Un ami véritable est une douce chose. Il cherche vos besoins au fond de votre cœur; Il vous épargne la pudeur De les lui découvrir vous-même. Un songe, un rien, tout lui fait peur Quand il s’agit de ce qu’il aime. » Les Deux Amis Noël Lemire 1724-1801 Gravure réalisée par Noël Le Mire d’après un dessin de Jean-Baptiste Oudry représentant la fable Les deux amis de Jean de La Fontaine fable 11 du livre VIII Cependant un épisode marqua la vie de La Fontaine d’une façon indélébile. Lélégant et astucieux intendant des finances, Fouquet, qui avait pris La Fontaine sous son aile était devenu Ministre des Finances. Fouquet attisa la jalousie du jeune Louis XIV, et surtout de Colbert qui allait agencer sa chute. Louis XIV pris la décision d’arrêter Fouquet et, après un procès pendant lequel ce dernier se défendit avec éloquence, et bien que de nombreuses voix s’élevèrent pour plaider sa cause, se prononça pour son enfermement dans une prison où il devait croupir pendant le reste de ses jours. La Fontaine eut beau écrire au roi un ardent plaidoyer pour faire libérer Fouquet – ce qui présentait un risque pour son auteur – cela n’eut aucune influence. Cette injustice, cette déloyauté et cette basse jalousie furent non seulement un moment de profonde tristesse pour le poète mais furent un tournant majeur dans sa vie, et c’est à ce moment que commencèrent à s’agiter dans son esprit les animaux qui seraient ses porte-paroles pour décrire l’immoralité et l’injustice qu’il avait constatées. C est ce bestiaire qui lui apporterait enfin la gloire. La Fontaine mourut en 1695 laissant des fables qui pendant 350 ans lui survécurent, qui sont inscrites dans le cœur de tous les jeunes de France, et qui furent les plus lues, pastichées et illustrées que les écrits de n’importe quel écrivain français. La Fontaine était un commentateur de son temps, doué d’un sens rare de l’observation, et un insoumis à sa manière. Il choisit donc de faire jouer et parler les animaux qui étaient les plus emblématiques des défauts qu’il constatait autour de lui l’arrogance, le pouvoir, la flagornerie, le mensonge, l’arbitraire, le mépris de la faiblesse. La familiarité de la campagne de son enfance, son observation des animaux pendant ses jeunes années, et plus tard son expérience des hommes et femmes cultivés, lettrés et chaleureux dont les salons lui étaient toujours ouverts comme ceux de Madame de Sévigné, Madame de Lafayette, et Madame de Montespan, ainsi que ses observations sur la cour, les ministres et les courtisans s’allièrent pour aboutir à une critique redoutable mais masquée par des tableaux distrayants et apparemment inoffensifs. Ses écrits purent paraître simplistes à certains mais ils dévoilaient son jugement impitoyable sur le pouvoir absolu du monarque, la lâcheté des courtisans obséquieux, son dégoût pour les mensonges, la flatterie et l’attitude hypocrite de membres la cour Amusez les rois par des songes, Flattez-les d’agréables mensonges, Quelque indignation dont leur cœur soit remplie, Ils goberont l’appât, vous serez leur ami. » Les Obsèques de la Lionne Illustration de Jean-Baptiste Oudry Dans l’allégorie animalière des Fables, les animaux qui y sont présents sont symboliques, physiquement et par leurs paroles. Ils ont tous un rôle bien précis car chacun représente un stéréotype le lion est puissant, cruel et orgueilleux, la fourmi travailleuse, le renard est rusé, l’agneau doux, le loup sanguinaire, le lapin peureux, mais ce nest qu’en analysant de près leurs paroles, leurs attitudes et leurs actions qu’on se rend compte que le lion représente la puissance royale tyrannique, ou que l’agneau représente la faiblesse des pauvres devant cette tyrannie. Certains des animaux comme le renard évoquent les courtisans qui gravitent autour de l’absolutisme royal et dont la plus grande peur est d’être bannis de la cour, d’autres démontrent les qualités, les sacrifices et la sagesse des plus faibles et des plus humbles. Par leurs paroles ces animaux illustrent les comportements souvent risibles et nuisibles de leurs contemporains. Une des Fables les plus éloquentes à ce sujet est intitulée La Cour du Lion, car dès le début il avait choisi le lion, cruel roi des animaux, pour représenter le monarque. Dans cette fable le lion décide de tenir une cour plénière et d’y inviter tous les principaux de son état. Le Louvre étant un endroit fétide dont l’odeur est abominable, l’ours, plutôt balourd se bouche le nez et ainsi se fait renvoyer de l’événement. Le singe, imitateur sans pareil, flatte le roi en approuvant sa colère et sa sévérité, envers l’ours, ce qui déplait au roi qui lui réserve le même sort. Arrive le renard, rusé et malin, comme nous l’avons vu dans Le Renard et le Corbeau et nombreuses autres fables, qui pour arriver à ses fins et échapper à l’opprobre, refuse de décrire l’odeur infâme en expliquant qu’il a un rhume et qu’il est donc sans odorat. Il évitera la punition. Ce dernier incarne ceux qui entourent le roi et ne font que le flatter sans pour autant faire preuve du stratagème ingénieux adopté par le renard. La Fontaine conclue cette fable de la façon suivante Ne soyez à la Cour, si vous voulez y plaire, Ni fade adulateur, ni parleur trop sincère ; Et tachez quelquefois de répondre en Normand [1]. » [1] Expression qui veut dire répondre évasivement. Illustration de Jean-Baptiste Oudry Les Animaux malades de la Peste, une des Fables les plus connues de La Fontaine, creuse le même thème. Quand les Animaux subissent l’attaque brutale de la Peste qui les tue les uns après les autres, le Roi-Lion leur explique que la maladie provient de leur culpabilité et que chacun doit avouer ce qu’il a fait de plus mal afin de faire reculer la douloureuse épidémie. Il ajoute que lui-même est coupable d’avoir dévoré des moutons et même des bergers et annonce qu’il compte se dévouer pour obtenir la fin de la peste. Cependant il exige que chacun s’accuse également de ses propres fautes. Or ni le renard rusé, ni le tigre ou l’ours hypocrites et lâches, avoue la moindre faute, et ils sont donc absous. Seul l’âne admet qu’un jour il a brouté dans un pré, ce qui permet aux autres d’identifier le coupable idéal. L’âne est condamné à mort. Toujours avide d’illustrer l’arbitraire et l’injustice de tels procès, et visant les ministres et conseillers du roi, La Fontaine offre la morale suivante Selon que vous serez puissants ou misérable, Les jugements de Cour vous rendront blanc ou noir. » Le souverain ne sembla pas se rendre compte de ces accusations et railleries répétées, peut-être parce qu’il n’attachait aucune importance aux fables et ne les lisait donc pas. Les recueils de fables suivants se firent plus ironiques et plus railleurs avec de plus longs discours à ses amis pour rendre plus explicites ses écrits et ses principes. Dans ses vers, La Fontaine s’est servie de tous les genres littéraires l’allégorie, la parabole, la métaphore, l’analogie, le symbole et l’emblème, en attribuant aux animaux qui dialoguent les travers des êtres humains. Son défi, qu’il a relevé avec maestria, était de réconcilier l’utile et l’agréable, de plaire à la fois aux jeunes et aux moins jeunes, d’instruire et de distraire, de réunir le badinage et la sagesse morale, l’agréable et l’utile, en somme d’amuser et d’éduquer en même temps. C’était le difficile équilibre auquel il aspirait et qu’il a si bien atteint. Celui qui avait écrit qu’il faisait chanter les animaux » pour mieux les comparer aux hommes et aux femmes écrivit à plusieurs niveaux aux enfants aussi bien qu’aux adultes sur lesquels il espérait avoir une portée morale. En nous léguant ce défilé d’animaux mémorables, il a superbement réussi son pari à la fois de distraire et d’instruire ses contemporains ainsi que tous ceux et celles qui de génération en génération allaient se réjouir de ces lectures et se remémorer ces leçons. Isabelle de Courtivron, le 19 mars 2018 Bibliographie critique Patrick Dandrey, La Fabrique des Fables essai sur la poétique de La Fontaine, Klincksieck, 1992 Marc Fumaroli, Le Poète et le roi, éditions de Fallois 1997 Eric Orsenna, La Fontaine, Une école buissonnière, Stock, 2017 La Fontaine, Fables, texte intégral, Gallimard 1991 C’est sûrement l’un des monologues comiques les plus connus du répertoire classique ! Molière nous montre ici les dommages psychologiques subis par les amasseurs de trésor… HARPAGON, il crie au voleur dès le jardin, et vient sans chapeau. – Au voleur ! au voleur ! à l’assassin ! au meurtrier ! Justice, juste Ciel ! je suis perdu, je suis assassiné, on m’a coupé la gorge, on m’a dérobé mon argent. Qui peut-ce être ? Qu’est-il devenu ? Où est-il ? Où se cache-t-il ? Que ferai-je pour le trouver ? Où courir ? Où ne pas courir ? N’est-il point là ? N’est-il point ici ? Qui est-ce ? Arrête. Rends-moi mon argent, coquin. Il se prend lui-même le bras. Ah ! c’est moi. Mon esprit est troublé, et j’ignore où je suis, qui je suis, et ce que je fais. Hélas ! mon pauvre argent, mon pauvre argent, mon cher ami ! on m’a privé de toi ; et puisque tu m’es enlevé, j’ai perdu mon support, ma consolation, ma joie ; tout est fini pour moi, et je n’ai plus que faire au monde sans toi, il m’est impossible de vivre. C’en est fait, je n’en puis plus ; je me meurs, je suis mort, je suis enterré. N’y a-t-il personne qui veuille me ressusciter, en me rendant mon cher argent, ou en m’apprenant qui l’a pris ? Euh ? que dites-vous ? Ce n’est personne. Il faut, qui que ce soit qui ait fait le coup, qu’avec beaucoup de soin on ait épié l’heure ; et l’on a choisi justement le temps que je parlais à mon traître de fils. Sortons. Je veux aller quérir la justice, et faire donner la question à toute la maison à servantes, à valets, à fils, à fille, et à moi aussi. Que de gens assemblés ! Je ne jette mes regards sur personne qui ne me donne des soupçons, et tout me semble mon voleur. Eh ! de quoi est-ce qu’on parle là ? De celui qui m’a dérobé ? Quel bruit fait-on là-haut ? Est-ce mon voleur qui y est ? De grâce, si l’on sait des nouvelles de mon voleur, je supplie que l’on m’en dise. N’est-il point caché là parmi vous ? Ils me regardent tous, et se mettent à rire. Vous verrez qu’ils ont part sans doute au vol que l’on m’a fait. Allons vite, des commissaires, des archers, des prévôts, des juges, des gênes, des potences et des bourreaux. Je veux faire pendre tout le monde ; et si je ne retrouve mon argent, je me pendrai moi-même après. L’Avare, Molière, Acte IV, scène 7. N’oubliez pas qu’il est impossible de travailler une scène sans connaître l’œuvre intégrale. 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